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21/12/2007

Incarnation divine

     "Avec l' Incarnation, l'image divine se transforme tout entière, car alors Dieu devient manifeste ; il apparaît sous les traits de l'homme, qui est conscient et donc contraint de poser des jugements de valeur. Il faut qu'il dise qu'une chose est bonne et une autre mauvaise. La tradition enseigne que le diable ne devint véritablement réel que lorsque apparut le Christ. "...
"En devenant homme, Dieu devint ainsi un être défini, qui est ceci et n'est pas cela. C'est pourquoi le Christ doit dès le commencement se séparer de son ombre et nommer celle-ci diable. "
 
             C. G. Jung
     Correspondance, III, p.199

 
 
   
 

19/12/2007

Métamorphose

 

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Il y a des moments,

moments de Nuit Obscure, 

macération putride, nigredo alchimique,

quand l'âme rampe aveugle

aux portes du blasphème.

 

Il y a des moments,

où dans la porcherie que devient une vie,

tel Job sur le fumier demandant à son Dieu

le pourquoi du comment

on assiste impuissant à la distillation

de ce corps tant aimé, de cette main si blanche,

où s'inscrivent chaque jour les taches de la mort.

 

Il y a des moments,

où l'attelage s'emballe avide de lumière

où l'on voudrait monter par de si hautes marches

que l'on perdrait enfin la mémoire de la terre.

 

Amis,

ce ne sont que moments,

brindilles et feuilles mortes de l'arbre de la Vie,

lente métamorphose.

 

La larve n'est pas belle, mais elle porte en elle

le somptueux papillon.  

 

       Ariaga
 

17/12/2007

Les pires catastrophes sont psychiques

   J'avais en projet pendant ma " pause " de relire la correspondance de Jung. C'était ambitieux et, pour l'instant j'ai décidé de me contenter des trois derniers volumes. C'est une mine inépuisable que ce soit sur le plan de la psychologie, de la philosophie et aussi de la sociologie. Je vous en proposerai un morceau de temps en temps et j'espère que cela vous fera mieux connaître cet homme qui se livrait moins dans ses oeuvres où il est parfois un peu " lourd ". Cela s'explique par son besoin de communiquer ses connaissances de la manière la plus " empirique" (c'est lui qui le dit) possible. 
  L'extrait de lettre que je vous propose de partager aujourd'hui est adressé (tome 3, p.187) à un écrivain américain qui lui avait proposé de créer un prix pour des activités non récompensées par le Nobel. Jung, alors âgé de 78 ans, propose de s'intéresser au bien être moral et spirituel de l'homme. 
 
 ...  "La paix de l'âme, l'équilibre intérieur de l'homme, voire sa santé dépendent pour une large part de facteurs moraux et spirituels qui ne peuvent être remplacés par des facteurs physiques. Si la santé mentale et le bonheur des individus dépendaient d'une alimentation correcte et d'autres conditions de vie extérieures, alors tous les gens vivant dans l'aisance devraient être heureux et bien portants, et tous les pauvres seraient déséquilibrés, physiquement malades et malheureux. Or ce n'est pas le cas. 
   Les grands dangers qui menacent la vie de millions d'hommes ne sont pas de nature physique, ils ne sont autres que la folie et les méthodes diaboliques qui provoquent des épidémies psychiques chez des masses sans défense sur ce plan-là. La pire des maladies ou la plus grande des catastrophes naturelles (tremblement de terre, raz de marée, épidémies) sont sans commune mesure avec le danger que l'homme peut  être aujourd'hui pour l'homme."... 
    
   C'est ce que pense Jung, j'aurais tendance à nuancer mais il me semble que c'est un bon sujet de réflexion, dans l'air du temps...
       Ariaga.
 
 

02/12/2007

La marée montante du désordre

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   Je ne parle aujourd'hui, chers lecteurs, ni de philosophie, ni de société, ni de la nature mais de ce qui se passe chez moi et en moi, ici et maintenant. Je vais dire STOP pour un petit moment ( rassurez vous ce genre de crise ne m'accable jamais très longtemps, mais elles sont violentes ).

    Certains d'entre vous connaissent l'histoire du faiseur de pluie, appelé pendant une grande sécheresse. Il s'était enfermé plusieurs jours en silence et quand il sortit la pluie se mit à tomber.  On lui demanda comment il avait fait et il répondit que cette sécheresse était un désordre. Il s'était contenté de méditer assez longtemps pour mettre de l'ordre en lui même pour que l'ordre revienne autour de lui.

   Ma vie quotidienne est très lourde et le blog a ajouté à ce poids. Mais c'est un plaisir, presque une nécessité. Je pense que si un déséquillibre s'est produit c'est parce que je n'ai pas su m'obliger à observer des pauses pour "remettre de l'ordre". Le désordre s'est installé dans la maison et plus cela s'entasse, moins j'ai le courage et le temps d'endiguer cette insidieuse marée noire qui commence à m'engluer. Et le plaisir diminue, il ne reste plus que la nécessité.  

   Je vais donc cesser d'écrire pendant un moment, pour suivre l'exemple du faiseur de pluie, et retrouver la joie d'être sur ce blog avec vous tous. Telle que je me connais, et comme je n'aime pas les festivités "obligatoires", quand va venir le temps des courses et autres réjouissances qui précédent Noël, vous allez me voir revenir en courant. En attendant, voici mon programme , dans le désordre !!!

Ranger, dehors et dedans.

Relire les cinq volumes de la correspondance de Jung.

Ne RIEN faire.

Aller lire tranquillement les blogs des autres.

Opérer des allégements sur le blog et surtout y inclure un blog photo.  Vous allez dire elle se rajoute du travail, non cela c'est le plaisir.

   Et puis je compte sur vous tous pour faire vivre le laboratoire. Il y a des tas de textes à commenter (265 notes).  J'irai consulter la liste des commentaires dans mon admin, pour être certaine de tous les lire, en particulier s'il s'agit de textes anciens. Je lirai aussi les mails. 

   Je vous embrasse tous et à bientôt.

       Ariaga.   

 

 

 

28/11/2007

La relation à Dieu, une idée ?

   Le cheminement vers le " processus d'individuation ", dont je vous ai parlé récemment, ne peut s'effectuer chez celui qui n'est pas " relié " à un autre côté qui est toujours un Toi. Que serait un individu seul, qui ne pourrait être comparé à rien ? Rien. Et ceci s'applique aussi à une autre sorte de relation, la relation avec le divin. Le ressenti  d'une présence divine était enraciné en l'homme des origines, créature fascinée par le sentiment d'une nature toute puissante. Cette nature était gouvernée par une puissance encore plus grande, souvent terrible, qui l'enserrait, le surveillait, décidait de son sort ; ceci d'une manière quasi physique. On disait :  j'ai senti sur moi la main de Dieu. 
   Alors, aujourd'hui, j'ai simplement envie de dire mon lmpression que, dans notre société occidentale contemporaine, l'homme  a perdu , le plus souvent, l' expérience, la relation à l'autre qui faisait trembler, ce que R. Otto appelle le contact numineux avec la divinité. " Dieu ", celui qui faisait trembler d'amour ou de peur, a disparu dans les couches profondes de l'inconscient collectif pour devenir une " idée " du moi conscient. Il n'y a plus de Toi, il n'y a qu'un Moi qui tourne en rond dans sa propre réflexion.
       Ariaga
 

25/11/2007

Retour sur un fantasme d'amour cosmique


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Il est revenu ce fantasme, issu d'un rêve, il y a plus d'un an. J'en avais fait une poésie que je redonne aujourd'hui dans une présentation différente.

 

Quand nos cendres se promèneront dans l'univers,

et que nos corps ne seront plus rien,

hors de ce sac de peau où nous gardons nos os,

oubliée l'apparence et le tien et le mien, les rides du chagrin,

perdues les références ,

quand les mémoires n'auront plus faim.

 

Explosés de soleils, nous nous retrouverons

et nous nous mêlerons, parcelles d'infini, dans un immense lit.

       Nous serons la musique

       symphonie fantastique

       nos esprits confondus

       se retrouveront nus

       monade désirante 

       copulation ultime.

En un cri silencieux nous baiserons les ondes

et l'Amour jaillira jusqu'au delà des mondes !

       Ariaga

20/11/2007

Alchimie et voie vers l'individuation

 

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   La Nature à laquelle se référent si souvent les traités hermétiques chers à Jung interroge le philosophe qui, soucieux de précision, va demander : de quelle Nature parlez vous, quel est votre concept de la Nature ? C'est une interrogation justifiée mais qui n'avait pas de raison d'être pour les alchimistes. Comme l'écrit Françoise BONARDEL, dans un texte que je vous ai peut-être déja cité, mais on ne cite jamais trop les bons auteurs (Psychologie par le feu,p.39) :

"Au philosophe constatant fort légitimement que les alchimistes ne se soucièrent pas véritablement d'argumenter, il faudrait rappeler que l'existence même de la Nature n'avait à leurs yeux nullement besoin d'être démontrée, mais semblait plutôt appeler une certaine monstration de ses opérations secrètes et beautés, dont l'Oeuvre philosophal tenta justement d'orchestrer l'étrange théâtralité." 

   Pour les philosophes de la Nature du Moyen Âge, la réalité était  "une". Ils se représentaient une sorte d'absolu divin dont les manifestations descendaient, progressivement, jusqu'à la matière. Le microcosme et le macrocosme comportaient les mêmes éléments, à la fois matériels et spirituels, le tout étant une question de dosage. Mais la " densité " du matériau était telle que la tâche de l'alchimiste très chrétien consistait , par d'incessantes purifications et distillations, à libérer l'âme divine, prisonnière des éléments matériels. Le but ultime, sans cesse visible à l'horizon et jamais atteint, n'était pas l'élimination de la matière, mais le retour à un mélange parfait. En langage psychologique, Jung appelle cette démarche le "processus d'individuation ".  

   Le processus d'individuation fait d'un individu donné "l'être que, une fois pour toutes, et en lui même il doit être", en lui permettant d'atteindre son unicité par un mouvement de "centroversion" vers un lieu où se concentrent, en un mélange comparable au mélange parfait des alchimistes, la totalité des contenus du conscient et de l'inconscient.  Jung donne cette définition de la voie de l'individuation (Dialectique du moi et de l'inconscient, p. 115)

"La voie de l'individuation signifie : tendre à devenir un être réellement individuel, dans la mesure ou nous entendons par individualité la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable. Il s'agit de la réalisation de son Soi, dans ce qu'il a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot d'"individuation" par"réalisation de soi même", "réalisation de son Soi".

   Si on suit Jung, atteindre l'individuation serait donc rentrer en possession de sa propre totalité unifiée, là où se résorbe l'antagonisme entre le conscient et l'inconscient.  Notons que Jung parle d'une "voie, de "tendre vers". C'est le cheminement qui est important, le but, la totalité, étant au delà de toute possibilité de représentation. En effet, sa re-présentation à la conscience ferait aussitôt éclater la totalité en dualité. Il s'agit là d'une voie difficile, tout aussi problématique que la dernière phase du Grand Oeuvre des alchimistes

   Je ne  pense pas que ce texte suscitera autant de "passion" que mon modeste poème sur la société de consommation mais, pour moi, le cheminement vers la Totalité est le but d'une vie. J'ai lu dans un commentaire sur un blog ami que j'avais un problème d'ego, alors je me fais plaisir en abordant, égoïstement,  les sujets qui  ME passionnent.

       Ariaga.
 

  
 

17/11/2007

Possession

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Voici venir le temps de l'homme nouveau.

La bouche béante de désirs, et prisonnier d'un corps qui a perdu son âme, asphyxié sous les emballages d'une nouvelle religion, il psalmodie avec les autres adeptes le "Je possède donc je suis ".  

   Avoir plus, avoir encore.

   Vivre en tout plaqué or.

   Respecter les gardes obèses des hordes affamées.

   Sucer le sang de la terre et arracher sa beauté.

   Tu achèteras le monde à crédit.

   Les sentiments sont sans valeur,l'amour est bien meilleur en promotion,

   un clic et voilà l'affaire. 

   Voici venu le temps de la possession.

 

        Et moi je me demande

        si un puissant démon

        ne s'est pas emparé

        du monde.  

        Ariaga
 

 

".

15/11/2007

Nature et Psyché

  

   La nature et la psyché ne sont pas des opposés. L'" âme ", quel que soit le sens que l'on donne à ce mot, n'est pas prisonnière d'un corps qui lui serait absolument étranger. Au contraire, matière et psyché sont les instruments d'un même orchestre ; instruments différents qui jouent ensemble la même symphonie, selon des règles communes. Chaque membre de l'orchestre a sa tonalité. Le musicien joue " sa  " note dès le moment de son premier souffle, qui est aussi son premier chant, avec une vibration qui n'appartient qu'à lui.

           Ariaga

  

 

 

 

08/11/2007

Un pont entre l'esprit et la matière

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   J'éprouve, comme C.G.JUNG,  une certaine méfiance envers les philosophes et leurs théories mais aussi un vif intérêt pour les physiciens qui réfléchissent à des problèmes que l'on pourrait qualifier de métaphysiques, pour ne pas employer le mot mystique parfois un peu galvaudé. F. David PEAT, un physicien anglais, spécialiste de la mécanique quantique, admirateur des théories de Jung sur la synchronicité, et collaborateur de David BOHM, a écrit un livre que j'ai lu et relu il y a quelques années et dont je voudrais vous citer quelques passages. L'ouvrage s'intitule : Synchronicité. Le pont entre l'esprit et la matière.

    David Peat se fait l'écho de la recherche par certains physiciens d'un principe unifiant.  Il nous fait voyager avec W. Pauli, I. Prigogine, D.Bohm, J. Wheeler, R.Sheldrake et naturellement Jung. Je ne peux, pour vous donner une idée de cet ouvrage passionnant et d'une lecture relativement facile que vous proposer quelques extraits. Les caractères gras sont un ajout de ma part et je crains que, hors de leur contexte, les mots perdent de leur sens mais tant pis, j'ai trop envie de partager cela avec vous.

     "L'image suggérée par les mathématiques non linéaires est une image où l'univers apparaît comme une totalité une et indivise, et où ses structures existent en fonction d'un arrière plan plus large. Manifestement, cette image n'est pas loin de celle qui s'applique à la synchronicité. Par ailleurs, cette approche peut éventuellement intégrer l'esprit, puisque la conscience elle aussi peut être considérée comme provenant d'un plan plus profond, commun à la fois à l'esprit et à la matière. En ce sens, donc, on peut voir les modèles déployés de l'esprit et de la matière, qui sont observés lors d'un événement de synchronicité, comme émergeant d'un principe unique." 

Comme il a été question de synchronicité (dont je vous ai déjà parlé) je vous propose ce qu'en écrit D.Peat :

   "C.G.Jung a défini la synchronicité comme " la coïncidence dans le temps de deux ou plusieurs événements sans relation causale et ayant le même contenu significatif". Ce qu'il insinue est clair : certains événements dans l'univers se rassemblent dans des structures de signification, sans avoir recours au phénomène normal de cause-à-effet de la causalité. ces phénomènes synchronistiques doivent donc transcender les lois normales de la science, car ils sont l'expression de mouvements bien plus profonds, qui prennent naissance dans les fondements de l'univers et incluent d'une façon inséparable, à la fois la matière et la signification. " 

J'ajoute à cette définition un passage qui me plaît car j'aime ceux qui pensent que les idées peuvent être plurielles, éventuellement contradictoires,  et remises en question pour donner vie à d'autre idées :

   "Toutes ces idées sont plus ou moins spéculatives et pourraient  être développées dans de nombreuses directions. En résumé, on peut les voir comme une illustration décrivant comment l'esprit et la matière s'interpénètrent l'un l'autre à tous les niveaux de la nature. Elles montrent qu'il est possible d'imaginer un univers où le physique et le psychologique ne seraient plus séparés, et où la synchronicité serait complémentaire de la causalité ".

Dans la dernière partie du livre D.Peat évoque l'idée d'une source créatrice de la totalité qu'il appelle " l'origine sans nom " et dont on ne pourrait enfermer l'essence en pensée ou en mots :

   "Si cette source est vraiment l'origine créatrice de tout le réel, alors comment est-il possible d'en parler ou bien même d'y penser ? Etant complètement inconditionnée et éternellement créatrice, elle devrait en effet se trouver en dehors de notre champ d'expérience. Pourtant les anciens affirmaient que " l'homme est la mesure de toute chose ". Et l'on interprétait cela, dans les traditions mystiques, en disant que " l'homme " est le microcosme dans lequel se reflète tout l'univers. De façon analogue, l'idée d'un ordre impliqué-involué suppose que le tout de la réalité est plié en chaque individu. Ainsi, le microcosme pourrait se présenter comme une succession de correspondances de tout l'univers, qui incluerait et irait encore plus loin que la conscience et la matière. Involué en chacun de nous se trouverait un principe implicite, qui serait entretenu par le flot éternel qui monte de la source sans nom de la créativité.  

  Je vais rêver à cette source sans nom, j'espère que vous aussi.

        Ariaga.

  
 

 

29/10/2007

Retour sur l'Alchimie Spirituelle

   Ce texte intitulé "l'Alchimie Spirituelle au quotidien" date de décembre 2006. Aujourd'hui, j'y ajouterais que dans le creuset que représente ce blog s'ajoute à ma propre évolution celle de ceux qui m'ont laissé des commentaires. Ils meurent, renaissent, sont pétris d'ombre ou de lumière. C'est aussi grâce à eux que j'évolue.
 

   "L'alchimiste, théoriquement chrétien, du Moyen-Âge était panthéiste et pensait que l'énergie de Dieu se manifeste du plus minuscule au plus immense et que la Nature est imprégnée de cette énergie divine. Il était aussi convaincu que l'homme participe de cette nature divine et que seul le mélange en lui de qualités opposées l'empêche d'être parfait. C'est pourquoi l'alchimiste "philosophe de la Nature"ne cherchait pas seulement à transformer la matière vulgaire en or, c'est lui même qu'il voulait faire évoluer. Cette recherche a fasciné C.G.Jung car elle illustrait son idée d'un processus d'individuation conduisant un être humain vers sa totalité, son unicité. Mais mon propos, aujourd'hui, n'est pas de vous décrire les règles où les processus, aussi poétiques et culinaires soient-elles, des phases du processus alchimique mais de situer l'alchimie spirituelle au quotidien.

   L'alchimiste, inlassablement, expérimentait sur une matière qu'il espérait voir se transmuter. Il en est de même pour nous. Chaque nuit, en rêves, chaque jour par l'action quotidienne, nous évoluons. Nous nous transformons ou, plutôt, nous nous laissons transformer. C'est là, à mon avis, qu'intervient l'alchimie spirituelle : ne pas subir, mais agir. Être son propre feu. Nous sommes un creuset, corps et esprit, et c'est à nous d'y accomplir le Grand Oeuvre. Il s'agit du travail de chacun mais je crois qu'il y a deux principes de base. 

   D'abord, admettre que nous avons un corps, que c'est un des matériaux de l'Oeuvre  et ne pas chercher à "s'échapper par le haut".  Ensuite, admettre notre "ombre" et les "nuits noires de notre âme". C'est à partir du plomb, et même du fumier, disent les alchimistes que l'on peut, par un lent travail de purification, et avec l'aide de Dieu, retrouver l'or originel.

   Si on sait recueillir ce qu'il y a de plus sombre en soi et le mettre dans le creuset, le travail peut commencer. Quand j'ai "accepté vie quotidienne"ce que certains appellent péché et moi défaut, je ne vais pas avoir de remords mais rechercher l'or de ce défaut, c'est à dire la qualité opposée. Par exemple, si je suis affreusement goinfre, je ne vais pas culpabiliser et avoir des remords. Je vais essayer de transmuter cette goinfrerie en la qualité d'être un "fin gourmet". Si je suis terriblement menteur, je vais transmuter cela en un talent de conteur.

   Tout cela demande beaucoup d'efforts, regardez comme, certains jours, mon creuset sur ce blog est rempli de matière sombre, mais j'essaie et j'essaierai encore. C'est cela, pour moi, l'Alchimie Spirituelle quotidien."

       Ariaga

 

27/10/2007

Les rebelles (bis)

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Cette poésie est de Décembre 2006. J'ai envie aujourd'hui de lui rajouter cette photo qui me fait penser à la maigreur des suppliciés, aux côtes blanchies des cadavres abandonnés dans la nature et mangés par les corbeaux.Beaucoup sont morts parce que on les disaient hérétiques, parce que ils pensaient en dehors des dogmes. C'étaient de grands têtus qui préféraient brûler vifs que de renier leurs idées. J'éprouve pour eux compassion, amour et respect. 

 

"Cette nuit la tempête

A craqué la maison

Forteresse assaillie

Par les béliers du vent 

Au petit matin noir tout encombré des rêves de la nuit

Quand on se trouve encore

Sur le fil du rasoir entre la mort et la vie

Un plat silence a figé l'air quelques secondes

Mer étale

Et puis comme un grand souffle

Est monté le clavier d'une foule impatiente

Un vieux moi très ancien

A ouvert grand la porte 

 

A la lumière du porche j'en ai vu quelques uns 

Les autres

Écharpes de brume

Dansaient dans la grisaille de la fin de la nuit

Certains disaient leur nom d'autres l'avaient inscrit au fer rouge sur le front

C'étaient des Basilide Barbélo Valentin 

Carpocrate Epiphane Menandre Saturnin

Des ophites tout nus réchauffés de serpents 

Le tout en grand désordre

Simon avec Hélène forniquait dans un coin

Au tout début du jour j'ai vu des Bogomiles

Puis ceux de Monségur des enfants dans les bras

Et Giordano  Bruno fumant comme un tison

Oui ils étaient tous là douteurs et insoumis

Ceux qui se voulaient plus chrétiens que d'autres

Ceux qui croyaient que le Diable est associé à Dieu

Ceux qui pensaient qu'il n'y a rien entre l'homme et son dieu

Ceux qui croyaient que l'univers est Un

 

Quand le jour s'est levé

Quand le ciel s'est ouaté de nuages 

Ils se sont lentement dissous

Vers les mémoires obscures où brûlent les bûchers

Me laissant des regrets

De ne pouvoir loger

Amour si absolu."

           

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                      Ariaga

20/10/2007

Divination par la terre

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   Quand la mer se retire, le vieux géomancien quelque peu alchimiste, s'en va interroger, son bâton à la main, les esprits de la terre.

   Il respire les sels des flux et des reflux de toutes les marées et le temps disparaît, emportant avec lui les limites étroites de la conscience.

   L'Esprit envahit tout et, du bas vers le haut, puis du haut vers le bas, les vibrations cosmiques activent l'invisible lien d'union entre le ciel et la terre.

   Saisissant son bâton, réflexion abolie, porté par l'impulsion guide de sa main, il creuse dans le sable quatre lignes de traits bases de l'Art Sacré du signe géomantique.

   Heureux comme un enfant, il compte pair impair, masculin féminin, regardant la réponse qui sera effacée par la marée montante.  ... 

       Ariaga

Avec une pensée pour le livre de Jean-Paul Ronecker : Théorie et pratique de la Géomancie (ed Dangles)
 

 

18/10/2007

Livres de méditation

   Sur ma table de nuit bibliothèque il y a des livres qui se dégustent lentement et qui prédisposent à une méditation avant le sommeil. Le Cantique des Cantiques ou la psychologie mystique des amants (toute la sagesse de l'amour dans la lettre hébraïque du cantique) de Pierre TRIGANO et Agnès VINCENT (Réel Éditions, 2007) et, juste en dessous, régulièrement recouvert par un ouvrage plus récent, Les devoirs des coeurs de BAHYA IBN PAQÛDA présenté et traduit par André CHOURAQUI (ed.  Bibliophane Daniel Radford 2002,1°parution en 1950)
   Le magnifique Cantique des Cantiques est, dans ce livre qui doit représenter des années de travail, relu et interprété d'une manière neuve à la lumière de la tradition mystique hébraïque et de la psychologie des profondeurs de C. G. Jung. Le texte hébreux est retraduit mot à mot par Pierre Trigano, après une longue contemplation des lettres qui s'appuie sur les méthodes herméneutiques de la Kabbale tandis que Agnès Vincent chante la voix de La Femme. Les lectures édulcorées et mièvres sont balayées et remplacées par une profonde analyse du drame de l'amour et de la féminité. "Comment pouvons nous nous ouvrir à l'autre et intégrer la féminité de l'ouverture en nous" ? Pourquoi résistons nous à l'amour ? Quelle voie mystique nous montrent les amants du Cantique des Cantiques dont l'élan érotique est divin et saint, car il est Dieu lui même. Voilà bien des sujets de méditation.
   Les devoirs des coeurs que  j'ai commencé, abandonné, recommencé,  des dizaines de fois, sont l'oeuvre d'un philosophe juif d'Espagne du XI° siècle.  Écrit en arabe, la langue usuelle du judaïsme médiéval, puis traduit en hébreu. Ce qui m'a émue relève d'abord de l'humain. Il s'agit de la préface d'André Chouraqui qui explique comment il a traduit cet ouvrage dans un camp de concentration et aussi comment cela lui a permis de survivre. Aidé par sa parfaite connaissance de l'arabe et de l'hébreu celui que l'on connaît aussi comme le traducteur de la Bible nous transmet le souffle poétique et mystique de ce gros ouvrage (667 p.) qui comporte aussi les oeuvres poétiques de l'auteur. Le livre recherche à travers l'amour de Dieu et des hommes la source de toute vie spirituelle authentique et aussi comment transcender les limites humaines pour s'élancer vers le divin. Il me faudra encore longtemps laisser cet ouvrage sur l'athanor pour qu'il distille toute sa substance.
   Et puis rassurez vous, à côté de mon lit, sur les étagères du dessous de la table-de-nuit-bibliothèque il y a des livres de Science fiction, des "polars ", des magasines plus ou moins culturels ...
   Méditez, dormez bien et faites de grands rêves. 
       Ariaga.
 
  
 
 

16/10/2007

Supplice et alchimie

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   Les alchimistes " chrétiens " ont utilisé une symbolique du supplice assez ambiguë, certainement due à l'absence de frontière nette, pour eux, entre matière et psyché. Il pouvait s'agir du supplices de métaux  à améliorer, de tourments infligés à une substance qu'ils appelaient la " matière mystérieuse " ou de supplices que subissaient les opérateurs eux-mêmes ; tortures des corps, tortures de l'âme pas de frontière. Démembrements, écorchements, supplices du feu, des peines infernales sont infligées.

   Jung décrit cette symbolique du " sacrifice" dans Psychologie  et Alchimie et surtout dans Les Racines de la conscience où il retranscrit et commente les horribles rêves et visions alchimiques de Zozime  de Panopolis,  un alchimiste et gnostique renommé du III° S. Âmes sensibles s'abstenir. Je vous en donne un extrait (p.136) :

"Car quelqu'un est venu de bon matin en toute hâte et il m'a démembré en suivant la composition de l'harmonie. Et il a arraché la peau de ma tête à l'aide du glaive qu'il tenait avec force, et il a joint ensemble mes os et ma chair et les a brûlés au feu suivant l'art, jusqu'à ce que j'ai appris comment mon corps se transformait et comment je devenais esprit. Et c'est là mon supplice intolérable."(c'est le supplicié qui raconte) "Et comme il m'expliquait encore ces choses et que je le contraignais à parler, ses yeux devinrent comme du sang. Et il vomit toutes ses chairs. Et je le vis changé en un homunculus contrefait, en son inverse. Et il se déchira lui même avec ses propres dents, et il s'affaissa en lui même."

   Tant que l'on a pas atteint le stade de la " fixation " les thèmes de la torture et de la mort, suivis par celui de la renaissance, sont omniprésents dans toute la littérature alchimique " chrétienne ". Il est dit " mortifie la mère en lui coupant les mains et les pieds " ou "prends un homme, tonds-le et porte le sur la pierre...jusqu'à ce que son corps meure" ou encore de prendre un coq, de le plumer vivant et ensuite de placer sa tête dans le vase de verre.

   Tous ces supplices de l'alchimie du Moyen Âge se voulaient des symboles de la passion du Christ. Le Christ s'était offert en sacrifice dans de grandes souffrance et le même acte devait être reproduit en vue de la transmutation de la matière et de l'esprit. 

   Au moment de la conjonction des contraires , masculins et féminins, on assiste souvent au meurtre du Roi, lequel va être tué de multiples façons, y compris  être dévoré par un loup. Et cette conjonction peut conduire à une dissolution complète des éléments l'un dans l'autre que je comparerais volontiers à une fusion des atomes. Je terminerai donc par l'histoire de Beya et de Fabricus (in PEA,p.432, traduit du latin par Jung).  Il étaient frère et soeur ce qui, pour la symbolique alchimique, représente une conjonction très favorable :

"Alors Beya monte sur Gabricus et elle l'enferme dans son sein, au point que l'on ne peut absolument rien voir de lui. Et elle embrassa Gabricus avec un si grand amour qu'elle l'absorba complètement dans sa propre nature et qu'elle le divisa en parties indivisibles.  Aussi Merculinus dit-il : C'est par eux mêmes qu'ils sont dissous, par eux mêmes qu'ils sont placés ensemble, en sorte qu'ayant été deux, ils deviennent pour ainsi dire physiquement un."

Faites de beaux rêves...

       Ariaga