14/10/2013
Les musiciens de la Nature
C'était avant le temps,
quand la scène était déserte.
Le cosmique, qui était et n'était pas, retenait son souffle et soudain, dans une grande expiration, il a posé ses partitions sur le pupitre et habité les chaises du quatuor.
Terre, eau, air feu.
Les musiciens de la nature ont d'abord joué dans la pénombre,
joué les notes de la copulation des ténèbres et de la lumière,
joué les notes de la lutte sauvage des éléments,
Joué à mourir et à renaître.
Puis,
s'est allumé le soleil intérieur et l'amour, porté par le son de la note unique, est arrivé sur la pointe des archets pour célébrer les noces mystiques du Roi et de la Reine.
Ariaga
18:13 Publié dans Alchimie, amour, Nature, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (48) | Tags : écriture, poésie, alchimie, musique, quatuor, nature, concert, culture, jung
09/10/2013
La peur cercle vicieux
Photo Pérou ÉPHÊME
La peur concerne tous les êtres humains, dont j'espère faire partie , quoique ...parfois ... Je pense quelle est un des principaux obstacles à une alchimie spirituelle faite de transmutation du négatif au positif. Voici quelques idées, en vrac, juste destinées à alimenter la réflexion des lecteurs.
- La peur est comme un serpent qui se mord la queue . Un cercle vicieux, qui part de nous et revient à nous. Une espèce néfaste d'Ouroboros alchimique.
- La plus grande peur est la peur de la peur ; la peur de ce qui pourrait arriver et qui correspondrait à aucun des scénarios élaborés par notre mental : Peur de perdre, peur de ne pas pouvoir acquérir, peur de recevoir.
-Peur fondamentale de ce qui n'est pas déjà connu, de ce qui n'est pas RE-présenté et ne peut nous projeter dans un futur rassurant construit partir d'éléments déjà présents à la surface de notre conscience. Dans ce futur de bisounours il ne se passerait rien que nous n'ayons expérimenté et surmonté.
Que faire ?
Contre la peur animale, viscérale, nécessaire à notre survie, nous ne pouvons rien. Juste la reconnaître pour ce qu'elle est : salutaire. Le bond que je fais pour échapper à un danger peut me sauver la vie.
Contre la peur psychologique, qui est un grand handicap sur le chemin de l'évolution spirituelle, et nous fait nous recroqueviller dans notre petit moi, je crois qu'il est important, pour commencer, de ne pas la considérer comme un étranger ennemi. Il faut la regarder bien en face, au moment présent, l'observer aller et venir, puis repartir sans imaginer tout ce qui pourrait bien arriver. Le réel suffit !
Vous me direz, c'est facile à écrire mais bien plus difficile à réaliser et vous aurez bien raison. Je l'expérimente tous les jours, mais on peut toujours essayer ...
Ariaga
12:58 Publié dans Alchimie, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (74) | Tags : écriture, alchimie, philosophie, spiritualité, société, pérou, masques, serpent, jung
05/10/2013
Le rire de la Mère Nature
09:40 Publié dans Alchimie, amour, Nature, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (54) | Tags : écriture, philosophie, spiritualité, nature, aphorismes, photo, la rochelle, panthéisme
07/09/2013
Indiscrétion du regard
09:36 Publié dans Alchimie, Philosophie, poésie | Lien permanent | Commentaires (38) | Tags : écriture, alchimie, poésie, photo, spiritualité, amour, art
04/09/2013
Marie-Louise von Franz et le conte
Pendant tout ce mois d'Aout, où nous avons voyagé avec la Gaillarde Conteuse dans le monde du conte, j'ai pensé à la manière dont Marie-Louise von Franz nous introduit dans ce domaine merveilleux qui est en chacun de nous. Cette disciple privilégiée et héritière de la pensée et de l'oeuvre de C.G.Jung nous montre, grâce à son immense culture et sa pénétration du langage symbolique, combien ces histoires qui jouent à faire émerger de puissants archétypes sont finalement révélatrices d'un cheminement vers une harmonie des contraires. Le Soi ? Peut-être ...
Ceux qui ont lu entre les lignes du dernier texte de Patricia Gaillard, dite la Gaillarde conteuse, ont bien compris qu'en nous enchantant elle nous conduisait vers un jardin merveilleux, celui que les alchimistes appellent le "jardin des sages" et que dans ce jardin intérieur on pouvait faire la découverte de ce roi qui est une manifestation du Soi. J'espère que ceux qui me lisent ne confondront pas l'archétype et sa re-présentation.
Je n'arriverai jamais à m'exprimer aussi bien que Marie-Louise von Franz au sujet de contes c'est pourquoi je vous propose une citation qui conclut son ouvrage : L'interprétation des contes de fées (Albin Michel):
"Le nouveau principe de conscience est donc une totalité, il se place bien au-delà de la scission entre les opposés féminin et masculin, bien et mal. Les contes - et les rêves - montrent que le progrès serait de tendre vers une réalisation de cet équilibre. On peut dire, en s'appuyant sur l'exemple de ces contes, que le centre le plus intérieur, le noyau divin de la psyché humaine, est la seule chose qui puisse transcender le problème du bien et du mal et qu'il est le seul facteur absolu capable de nous conduire au-delà de la situation de chaos à laquelle nous sommes confrontés. Seul l'être conscient et individué peut résister aux épidémies psychiques qui contribuent dans une proportion incalculable à augmenter le mal et la souffrance du monde.
... en réalité, les contes de fées ne sont qu'en apparence des histoires naïves et innocentes. Ils sont si riches de sens qu'on ne peut les expliquer superficiellement et que, pour les comprendre réellement, il faut que nous acceptions de plonger, avec eux, en eau profonde. "
C'est cette plongée que nous avons tentée pendant le mois d'Aout avec la Gaillarde Conteuse.
Ariaga
08:53 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, rêve | Lien permanent | Commentaires (50) | Tags : écriture, conte, littérature, jung, marie-louise von franz, fantastique, philosophie
28/08/2013
Le Roi des Contes
Photo illustration Ariaga (clic pour agrandir)
Mes amis, vite, revenez à moi. Notre tapis est orange et brillant comme jamais.
C’est que cette dernière envolée sera celle de l’adieu, après nous ne reverrons plus notre chère monture.
Il faudra revenir à nos pieds, nos vélos, nos motos, nos voitures...
Ce matin nous partons pour ce château final, le roi nous y attend. Munissez vous bien vite de vos objets magiques, brossez vos chevelures, briquez votre minois, habillez-vous d’or et de soies, je vais vous présenter à un grand personnage, qui connaît de vos âmes le plus petit recoin, car c’est chez lui qu’arrivent vos rêves, vos désirs, vos fantasmes et vos projections. En grand ordonnateur, il tisse tout cela pour en faire des contes, propres à vous nourrir, à vous guider, à raconter au monde vos schémas intérieurs qu’il disperse sur terre comme des graines de blé.
Regardez ce château, chacun de vous le voit selon ses rêves et ses désirs, et regardez ce roi. Bien sûr il n’est pas grand, ni vêtu de velours et d’hermine, bien sûr la couronne de sa tête n’est pas faite d’or fin. Mais qu’attendiez vous donc, filles et fils de la terre ?
C’est un être sans âge, dont on ne peut même dire s’il est fille ou garçon, il est menu et pâle dans son vêtement de neige et de vent, sa couronne est une ronde de vers luisants et son sceptre une branchette d’aubépine. Mais allez le voir, surtout n’hésitez pas, car à le rencontrer on puise sacrément à la source de nos mythologies humaines et à celles de nos cœurs. De l’esprit aisément il sait défaire les nœuds et nous renvoie sur la terre un peu plus neufs à chaque fois.
Et pendant que vous irez à lui, je m’en irai. Il y a dans cette terre sacrée un trou dans le sol, caché à peine par quelque lierre fou. C’est par là que je pars, vous en ferez autant quand vous aurez fini. C’est un petit boyau en spirale, qui en quelques secondes vous ramènera ici, dans notre monde.
Une dernière chose, chers compagnons de ce voyage d’août qui m’a fort amusée, n’oubliez pas que ce trou de voyage est praticable dans les deux sens et à tout moment. Il ne tiendra qu’à vous de revenir. Sans moi. Comme des grands.
Merci d’avoir accepté de me suivre dans ce délire de conteuse, moins délire qu’on ne croit...
Maintenant je pars, car, je vous l’ai dit, un palais m’attend, là-bas, au-dessus de la mer, sous un oranger-ami qui m’a longtemps manqué...
Je vous embrasse à la volée !
La gaillarde conteuse
Patricia Gaillard
07:39 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, CONTRIBUTIONS, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, rêve, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (51) | Tags : écriture, conte, philosophie, voyage, roi, littérature, patricia gaillard, jung
23/08/2013
Tisser le conte
Motif tissu du lac Titicaca, Pérou (agrandir)
Quelle force dans vos impressions durant cette traversée de la région des objets magiques et des animaux qui parlent !
Cependant il va nous falloir encore repartir, car août tricote vers septembre le tapis de ses jours.
Je ne vais pas tarder à faire ma valise, un palais m’attend, dont je ne vous dirai rien, car ce voyage-là sera mien.
Voyez, notre tapis volant qui se déroule, un peu plissé de sommeil, bercé par vos mots.
Il a rêvé de fils, de nœuds, de filage, de tissage, de lin, de laine, de coton et autres chanvres rudes.
Il a rêvé des parques, des araignées aux œuvres fines bijoutées de rosée.
Il a rêvé des vieilles brodeuses, des veilles tisserandes et des conteuses-fileuses.
Savez-vous qu’au temps des fileuses on appelait les contes “la philosophie du rouet” ?
Savez-vous que les travaux de femmes sont la métaphore de la création de la pierre philosophale ?
Avant de monter sur notre tapis, je voudrais vous parer. Si.
Il y a dans ce coffre de bois bleu des vêtements et accessoires importants offerts par la région des objets magiques que nous quittons :
Soie brodée d’or de Prince oriental, tenue de Reine, hardes de Sorcière, une longue barbe bleue, un chaperon bien rouge,
une robe de soleil, une autre de lune, un fuseau-somnifère qui fait dormir cent ans, des bottes de sept lieues,
un sac de cailloux blancs, une chevillette qui choit, la boîte de Pandore, un baiser de prince, un autre de grenouille,
l’édredon de dame Holle, une baguette magique, une flûte enchantée et une lampe qui renferme un génie.
Choisissez vôtre objet, celui qui vous est proche, celui dont vous rêvez. Car là où nous allons, on vous attend impatiemment et surtout on a besoin de savoir vos fantasmes, et votre choix vous trahira, car vos fantasmes sont l’essence de ce monde éternel où nous sommes encore pour quelques jours.
C’est un Roi, sachez-le, qui nous attend, pas le premier venu, car c’est le Roi des contes !
Notre dernière envolée va durer quatre jours. Vous aurez le loisir de choisir, d’adopter la chose, de la connaître, et surtout de vous faire connaître d’elle.
Vous arriverez mûrs au château, autre château celui-ci, château d’or des merveilles !
Veinards que vous êtes. Embarquons !
(à suivre) La Gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
20:36 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, CONTRIBUTIONS, Philosophie, poésie, rêve, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (70) | Tags : écriture, philosophie, conte, fantastique, voyage, vacances, patricia gaillard, tissus, château
20/08/2013
Le monde magique des animaux et des objets
Illustration, collection personnelle de Patricia Gaillard (agrandir)
N’allez-vous pas conserver, de cette nuit au château des mystères, une impression forte ? Chacun à sa manière a abordé cette étrange demeure, moins étrange cependant que ce que nos esprits en ont fait ! Les choses deviennent souvent ce que nous voyons en elles, jusqu’à parfois, devenir magiques...
Et c’est précisément pour nous rendre dans la région des objets magiques et des animaux qui parlent, que nous allons refermer derrière nous la lourde porte du château, rejoindre notre tapis qui, déroulé depuis longtemps, a pris à l’aube un bain de rosée revigorante. Voyez comme sa teinte orange en est soudainement réveillée.
Montez sur ce radeau des merveilles, nous allons filer bien vite.
De région, en région, nous circulons dans le royaume de ce roi des contes, chez qui nous finirons par arriver, car je n’oserais pas vous priver de cette rencontre inoubliable. C’est un être qui a réponse à tout, plongé qu’il est par sa nature dans le tissage divers et compliqué de nos projections humaines. Mais nous verrons cela plus tard.
Voyez sous vos pieds ce grand pré verdoyant. Nous allons nous y poser, partez sans hésiter, faites des rencontres, il y a ici de quoi vous étonner grandement. Sachez que des conversations avec les bêtes nous ouvrent aussitôt ce cher cerveau limbique que nous brimons souvent et qui a bien trop peu la parole. Sachez que les objets ici sont magiques, et que les symboles dont ils sont les images opèrent fameusement sur nos esprits resserrés par les conditionnements du monde. Si vous savez pratiquer la simplicité, cette merveille difficile à toucher, vous vous amuserez royalement dans ce coin.
Que l’un ou l’autre d’entre vous se soucie un peu de L’Oublié. Vous voyez bien qu’il ne partage pas nos mœurs modernes. Et justement, il est bien plus proches des bêtes que vous ne le serez ! Sa compagnie vous aidera dans vos rencontres. Observez-le, prenez de la graine et s’il vous pinçotte les fesses comme ça en passant n’en faites pas grand cas, ne soyez pas chochotte, car il est “nature”, c’est une qualité qu’il faut considérer.
Voyez notre tapis qui se retire à l’orée d’un bois, il s’étend, ravi, et va relire avec délectation et une attention qui vous honore, vos proses et vos vers.
Je crois qu’il se pique au jeu et qu’il nous apprécie.
Reconnaissez qu’il est bien attachant et que, comme monture, on ne peut rêver mieux...
Maintenant filez...
(à suivre) La Gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
07:22 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, CONTRIBUTIONS, Nature, poésie, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (62) | Tags : écriture, conte, magie, fantastique, rêve, poésie, patricia gaillard, littérature, animaux
16/08/2013
N'ayez pas peur...
Illustration ÉPHÊME (clic pour agrandir)
Nous mangeons, nous parlons, nous rions, nous buvons, nous supposons, nous versifions magistralement... Mais voyez la nuit qui tombe doucettement. Notre tapis, tout à l’heure étendu devant la cheminée, s’est roulé dans un coin, il me semble qu’il dort... Je crois qu’il veut montrer à Mariedumonde qu’il est capable de décision et qu’en aucun cas la panne ne saurait le surprendre. Je dois vous dire qu’il m’a demandé, avant de s’enrouler, de faire un copier/coller sur une feuille de parchemin, du dernier poème d’Amezeg, en murmurant : “On m’avait dit que certains humains savaient dire les mystères, et je vois là que c’est bien vrai.” J’ai fait ce qu’il a dit, il s’est roulé autour, et se laisse à présent bercer par les mots...
Je dois vous annoncer une nouvelle surprise, un rebondissement de choix : nous allons passer la nuit dans ce château.
Était-ce prévu ? Bien sûr ! Là-haut se trouvent de mystérieuses chambrettes, aux lits tirés de draps de lin grisé, aux tapisseries de murs fleuries de sombres paysages de forêts au cœur desquelles brillent de lourds rubis, ainsi qu’une troupe dispersée de salamandres, loups, aigles, corbeaux, lions, cygnes, chiens, serpents, qui semblent vouloir jaillir de cette lourde étoffe. Des vitraux colorés dessinent aux fenêtres des scènes où des dragons crachent sur de beaux chevaliers des flammes rouge sang. N’y a-t-il pas derrière l’un d’eux, une femme, vêtue d’un fantastique peignoir ? Mais si, Hécate est déjà là...
Choisissez votre chambre, selon la couleur, le style, l’ambiance. Si vous avez peur, et je comprends cela, des clefs noires et robustes peuvent clore les serrures. Mais dans ce monde “fermé” est une illusion. Vous pouvez aussi, s’il vraiment il le faut, vous y mettre à plusieurs, certaines ont des grands lits, qui ont jusqu’à sept places ! On dit que dans l’un d’eux a dormi le Poucet et ses six frères, on dit que l’ogre fréquente ce lieu chaque nuit, émoustillé encore à l’idée de les prendre. Il porte à sa ceinture trois clefs, une noire, une blanche, une rouge, savez-vous que ce sont les clefs qui ouvrent tout dans l’univers ? Et dans une fine et profonde poche de cuir de cette même ceinture, un long couteau d’argent se tient caché.
À vous de voir...
Promenez-vous, tâtez les matelas, caressez les dentelles, reniflez les atmosphères, arrêtez un peu de penser, simplifiez, simplifiez, cherchez l’inspiration, car c’est bien de cela qu’il s’agit ! Ce lieu est un lieu d’inspiration...
Vous découvrirez sûrement, au cours de la nuit, à qui est cette curieuse demeure et ce que nous faisons ici.
Dieu ? Diable ? De qui avez-vous peur ? Comment les créez-vous tous les deux dans vos esprits penseurs ? Religieux ou païens ? Ils se plient patiemment à vos interprétations, car ils sont là pour cela, comme tous les visages qui peuplent ce royaume. Ta ta ta, comprenne qui pourra.
Je resterai en bas, devant la cheminée, dans ce fauteuil de velours vert. J’aime la nuit et son cortège de silences, de courants d’air tièdes, d’esprits errants...
Vous pourrez toujours me rejoindre, après avoir longé de labyrinthiques couloirs obscurs et frémissants, si vous ne trouvez pas le sommeil.
(à suivre) La gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
18:46 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, Philosophie, poésie, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (72) | Tags : écriture, conte, fantastique, château, littérature, art, patricia gaillard
13/08/2013
Pique-nique au château
Illustration ÉPHÊME (clic pour agrandir)
Chers voyageurs, il nous faut quitter ces lieux. J’espère que chacun gardera en mémoire une de ces passionnantes créatures...
Sautez sur le tapis, nous allons décoller. Vous avez faim ? Je m’en doutais. Mes amies du cercle de fées, qui connaissent de la nature les secrets gustatifs, m’ont confié un panier. Découvrons ensemble son singulier contenu :
Terrine de plantain aux airelles, tapenade de prunelles aux orties, crottes de lièvres en coques de chocolat blanc, compote d’amanite tue-mouche relevée d’une giclée de cette absinthe si bien nommée “fée verte”. Le tout sera arrosé d’un Pisse-dru des forêts et d’un sang de sureau aux reflets d’escarboucle...
Ne faites pas la grimace et ayez en ce jour le palais tolérant ! Considérez la chance que vous avez de savourer ces préparations fines, ce qui n’est pas donné au commun des mortels. Ces dames nous ont gâtés, il faut y faire honneur.
Oh mais, surtout ne touchez à rien, pas encore ! Je referme ce panier, nous n’allons pas manger comme ça, bêtement, en volant. Ces nourritures méritent que nous prenions le temps. Je vous ai donc prévu un bel arrêt pique-nique, dans une demeure cachée, hautement mirifique. Regardez sous vos pieds et voyez ce château. Nous y serons chez nous, j’en ai reçu la clef. Quelques nappes de lin y garnissent d’interminables tables, et des chandeliers aux flammes frémissantes seront notre clarté. Quelques araignées tisserandes décorent les plafonds de leurs toiles de maîtres, et les chauves-souris font, d’un vitrail à l’autre, un ballet gracieux de papillons noirs. Est-il hanté ? Bien sûr ! Pour qui donc me prenez-vous...
Vacances surnaturelles, je vous avais bien dit. Voyage pas ordinaire.... Esprit es-tu là ?
Nous nous posons, la grande porte est ouverte. Amis, entrons.
(A suivre) La Gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
08:15 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, poésie, rêve, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (75) | Tags : écriture, conte, fantastique, patricia gaillard, voyage, vacances, château, poésie
09/08/2013
Les fées, esprits de la nature
Illustration,collection personnelle Patricia Gaillard
Nous allons continuer. Je vois que le parfum du lieu à présent vous inquiète.
Vous êtes tous là, aucun n'a donc péri dans ce funeste endroit ?
Vous devez avoir faim. Le roi à tout prévu dans ce panier d’osier : bouquets de ciboulette sauvage, ail des ours, beignets de fleurs d'acacia, fraises des bois. N’y cherchez pas de viandes, ni de poissons, ici les bêtes parlent, aident les voyageurs, sont des êtres vivants comme vous et moi, qu’on ne dévore jamais que symboliquement...
Ce repas sera accompagné d'un vin d'aubépine de la cave royale, cuvée 1271, s'il vous plaît. Ne soyez pas surpris, le temps ici n'est rien... Éphême sera content. Cher Éphême, trinque donc avec nous et oublie cette indignation qui te tenait tantôt ! Buvons à l’aventure, compagnons, car la région survolée est la région des fées et comme vous le savez, elles sont de tous les genres.
De celles, radieuses et douces, penchées sur les berceaux à celles, du genre Carabosse, qui tordent les destins, ces belles créatures sont nombreuses et variées et vous pourrez suivre l’une ou l’autre, pour partager un peu leur étrange fonction.
C’est là que vous verrez des fées lavandières, qui entraîneront les hommes, les lâchant au matin, echevelés et hagards, (à vous de voir...) Les fées marraines aussi, en robe de feuilles, de neige, de vent, qui vous combleront de dons. Les fées fileuses, les parques, qui créent, déroulent et coupent le fil de nos vies et qui gravent dans l’airain nos destins humains. Les fées-sorcières, comme cette reine, belle-mère de Blanche-Neige, aux noirs desseins et aux noirs dessous (les voici donc !) qui vous lira un secret kamasutra, capable de séduire même les rois. La preuve. Une pomme... d’amour ?
Et toutes ces dames vertes et blanches, même noires parfois, qui courent dans les légendes. Merveilleuses, redoutables, enjouées, magnifiques, magiciennes, dansantes, légères, elles sont toutes fées, esprits de notre nature, esprits de la nature...
Filez vite, voyageuses, voyageurs, mais revenez-moi quand même, je serais très ennuyée de vous perdre par ici, ça ferait très désordre, on ne démêlerait plus l’ici de l’ailleurs...
Dans les contes on passe, on ne demeure pas !
Et la conteuse est responsable du retour...
(à suivre)
La Gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
13:31 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, CONTRIBUTIONS, Nature, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (75) | Tags : écriture, littérature, fées, alchimie, contes, festin, vacancesimaginaires, patricia gaillard
07/08/2013
Les bêtes de l'ombre
Illustration, collection personnelle Patricia Gaillard (clic pour agrandir)
L’atmosphère est douce, nous fendons l’air avec la délicatesse promise. Voyez, là-bas, cette porte végétale, toute emberlificotée de lierres et de ronces, c’est l’entrée de ce sanctuaire païen où je vous emmène. Et hop, nous y pénétrons et quittons le monde, où pèsent tant de conditionnements.
Détendez-vous, cette forêt ne vous est pas du tout étrangère, elle vous est même très intime, je vous dirai cela plus tard.
Tiens, notre tapis descend, nous voilà à présent à un mètre à peine de hauteur.
N’ayez pas peur, car la peur fait surgir des cerbères, hydres et autres dragons menaçants. Pratiquez l’innocence, elle est un rameau d’or, avec lequel rien ne peut ici vous nuire. Mais à voir certaines de vos têtes, et les grosses bêtes noires qui grouillent sous nos pieds, la peur n’est pas absente de ce radeau textile ! Nous avons vous et moi du travail sur la planche pour tâcher d’échapper à ça...
Mais dites donc, que peuvent bien représenter ces bêtes inquiétantes, de l’ombre et de l’obscurité ?
J’aimerais beaucoup connaître votre avis. Sachez que les démasquer, les fera déguerpir...
À vous de jouer...
(à suivre)
La Gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
07:21 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, CONTRIBUTIONS, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (52) | Tags : écriture, littérature, contes, fantastique, symbole jeu, jung, patricia gaillard
05/08/2013
Tapis de voyage
Illustration, collection personnelle de Patricia Gaillard
Je vous sens prêts pour le voyage... Voyez dessous mon bras ce tapis magnifique, rapporté de Syrie où j’ai conté un jour. Le voici déroulé. Reconnaissez que sa teinte jaune-orange est digne des plus purs safrans. Ces inscriptions noires qui courent ici et là, sont des symboles sacrés, ou plutôt de sacrés symboles.
Prenez place, je vous prie, choisissez votre endroit. Ce tapis est bien plus vaste que ce que vous voyez et aussi bien plus sûr que vous n’imaginez. Votre hésitation vient du manque d’habitude et justement ce voyage va vous initier. Pas de ceintures, pas de sièges, la douceur du vol ne nécessite rien de plus qu’une véritable envie de partir. Avant de “décoller” je vais vous remettre à chacun un cadeau de la part de ce beau roi dont je vous parlais tantôt : une petite fiole longue, de verre ciselé, remplie de l’eau de la Fontaine de Jouvence. Attention, une goutte chaque jour suffira amplement pour vous donner une jeunesse disons... idéale, qui sera, en fait, celle que vous désirez. Une goutte, une seule, au-delà serait trop, ne faisons pas de cette aventure une colonie de vacances, ou pire, une nurserie volante !
Ah, voilà que nous partons... Vous voyez, pas même le plus petit tressautement, je vous l’avais promis...
(à suivre)
La Gaillarde Conteuse
Patricia Gaillard
07:16 Publié dans Alchimie, Contes et symboles, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : écriture, conte, alchimie, fantastique, poésie, patricia gaillard
25/07/2013
Nuit maudite à Marqueyssac (2)
ÉPISODE SECOND
Mais la lune me réservait encore moult surprises. L’émotion passée, nous nous rassîmes sur les douces feuilles pour reprendre nos tendres mignardises. Tout à coup, telles des vesses de loup affolées, surgit du sol une ronde de tremblantes têtes chauves roulant des yeux apeurés, les bouches en cul de poule, et piaillant comme une couvée affamée. Curieuse comme une chouette lorgnant à une fenêtre, ma mie en oublia mes pressantes caresses et se coula vers eux. Un peu surpris au début, ces gnomes mâtinés de farfadets conciliabulérent un instant. Charmés par cette belle nymphe satinée, ils nous firent enfin le récit de leur étrange existence. Leur aîné et chef-troll, dénommé Noéliél, prit alors la parole dans un assez bon latin, car il avait été instruit par un curé carolingien un peu sulfureux, amateur d’antres sombres et d’alchimie noire. Cet aîné m’inquiétait un tant soit peu, car il avait l’œil fort vif et était fort empressé autour de ma belle, mais elle ne paraissait pas offusquée par ses caresses… et l’écoutait comme son confesseur.
« Depuis la nuit des temps nous vivons dans les failles, les géodes de calcite et les ruisselets de la falaise. Notre mère, après une longue période à fumer d’acres feuilles, a fini par partir creuser un long tunnel vers ce qu’elle appelait le Toit du Monde, nous recommandant de ne jamais sortir de notre havre secret où nous ne manquions de rien, grignotant par gourmandise quelques dents de cochon de temps à autre. Mais ce petit fripon de Benjamin, notre petit dernier, a retrouvé un jour un stock des feuilles magiques. Après la consommation d’un joint gros comme un pilier d’église, il a alors flotté pendant des années au-dessus de la stalagmite centrale de notre salle-à-manger troglodytique, en plein futur, nous a-t-il dit subséquemment, après être revenu un peu brutalement à notre niveau après une chute de nuage. Tout excité il nous a raconté avoir rencontré une bande de sept nains richissimes, qui creusent en chantant des galeries pleines de diamants, rêvant à leur belle Blanche Neige. Il réussit à nous convaincre de tenter l’aventure, et nous avons excavé pendant des siècles des lieues de galeries… toutes plus mornes les unes que les autres.
Mais tout à l’heure, guidés par un ronflement continu que nous suivions depuis des semaines, nous avons débouché dans une énorme cavité. Elle était presqu’entièrement remplie par la masse molle d’une roche inconnue. Hiéronimus, notre plus vaillant mineur, mais aussi une vraie tête de pioche, intrigué par un énorme sac qu’il a cru rempli de gemmes précieux, a donné en plein mile un vigoureux coup de pic ! Las, une clameur horrible et un énorme vent brûlant nous a projetés tout grillés à des verstes dans la galerie. Le sol tremblait, les stalactites pleuvaient. Une gigantesque doline aux bords carbonisés éventrait le plateau dans un paysage d’Apocalypse. Une fois sûrs de la fuite de l’horrible chose, nous sommes remontés tout meurtris vers cette clairière où nous attendons, chaque pleine lune, la belle princesse qui doit venir nous redonner notre vie réelle…et… Juste ciel, elle est là ! »
Ma mie toute émue, m’oubliant totalement, posa un tendre baiser sur le front terreux de Noémiél. Il disparut dans un tourbillon doré, une vaste caverne luisante s’ouvrit dans la roche, et tel Adam tendant la main à Ève, devenu beau et nu comme une statue de prince antique, il tendit sa main à ma mie. Avec un étrange sourire elle la prit et s’enfonça vers les délicieux plaisirs des séjours souterrains, suivie par ses frères devenus une troupe de satyres, bondissant, jouant du chalumeau et me tirant la langue avec des gestes que la morale chrétienne m’oblige à celer.
Nul ne les a revus en ce monde.
TRISTE MORALE
Je vous écris ces lignes du fond d’un cul de bas de fosse du château de Castelnaud, où je croupis depuis des lustres. Quand, le lendemain soir, hagard, brûlé, déchiré je suis revenu, nu, comme Adam sans Ève, au château de ma mie, tous étaient en grand émoi, en particulier le Grand Inquisiteur, pour mon malheur de passage. J’ai bien raconté mon histoire, mais personne ne m’a cru. L’énorme trou fumant, le raz de marée sur la Dordogne, les bois roussis, tout cela sentait terriblement le commerce avec le Malin. J’ai eu droit à la Question Ordinaire puis Extraordinaire, mais n’ayant rien à dire j’ai souffert atrocement sans pouvoir rien révéler. On m’a accusé d’avoir occis ma mie, pactisé avec le démon… Finalement j‘ai été condamné à l’oubli éternel, et jeté là où je croupis, terrible sentence, car chaque nuit les infâmes frères lubriques de Noémiél sortent du sol et se livrent à des actes abominables, que je ne peux que taire, car tous me croient fol.
Texte et photos ÉPHÊME
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07:22 Publié dans Alchimie, amour, Contes et symboles, Philosophie, rêve, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (46) | Tags : jardins marqueyssac, science fiction, monstres, alchimie, fantastique, écriture, littérature
23/06/2013
Lectures alchimiques
On peut lire des bibliothèques entières d'ouvrages alchimiques, si on ne devient pas un vivant athanor sur lequel mijote le vase de l'expérience personnelle, aucune Oeuvre ne sera accomplie.
Ariaga
19:24 Publié dans Alchimie, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : écriture, philosophie, alchimie, lecture, société