16/10/2007
Supplice et alchimie
Les alchimistes " chrétiens " ont utilisé une symbolique du supplice assez ambiguë, certainement due à l'absence de frontière nette, pour eux, entre matière et psyché. Il pouvait s'agir du supplices de métaux à améliorer, de tourments infligés à une substance qu'ils appelaient la " matière mystérieuse " ou de supplices que subissaient les opérateurs eux-mêmes ; tortures des corps, tortures de l'âme pas de frontière. Démembrements, écorchements, supplices du feu, des peines infernales sont infligées.
Jung décrit cette symbolique du " sacrifice" dans Psychologie et Alchimie et surtout dans Les Racines de la conscience où il retranscrit et commente les horribles rêves et visions alchimiques de Zozime de Panopolis, un alchimiste et gnostique renommé du III° S. Âmes sensibles s'abstenir. Je vous en donne un extrait (p.136) :
"Car quelqu'un est venu de bon matin en toute hâte et il m'a démembré en suivant la composition de l'harmonie. Et il a arraché la peau de ma tête à l'aide du glaive qu'il tenait avec force, et il a joint ensemble mes os et ma chair et les a brûlés au feu suivant l'art, jusqu'à ce que j'ai appris comment mon corps se transformait et comment je devenais esprit. Et c'est là mon supplice intolérable."(c'est le supplicié qui raconte) "Et comme il m'expliquait encore ces choses et que je le contraignais à parler, ses yeux devinrent comme du sang. Et il vomit toutes ses chairs. Et je le vis changé en un homunculus contrefait, en son inverse. Et il se déchira lui même avec ses propres dents, et il s'affaissa en lui même."
Tant que l'on a pas atteint le stade de la " fixation " les thèmes de la torture et de la mort, suivis par celui de la renaissance, sont omniprésents dans toute la littérature alchimique " chrétienne ". Il est dit " mortifie la mère en lui coupant les mains et les pieds " ou "prends un homme, tonds-le et porte le sur la pierre...jusqu'à ce que son corps meure" ou encore de prendre un coq, de le plumer vivant et ensuite de placer sa tête dans le vase de verre.
Tous ces supplices de l'alchimie du Moyen Âge se voulaient des symboles de la passion du Christ. Le Christ s'était offert en sacrifice dans de grandes souffrance et le même acte devait être reproduit en vue de la transmutation de la matière et de l'esprit.
Au moment de la conjonction des contraires , masculins et féminins, on assiste souvent au meurtre du Roi, lequel va être tué de multiples façons, y compris être dévoré par un loup. Et cette conjonction peut conduire à une dissolution complète des éléments l'un dans l'autre que je comparerais volontiers à une fusion des atomes. Je terminerai donc par l'histoire de Beya et de Fabricus (in PEA,p.432, traduit du latin par Jung). Il étaient frère et soeur ce qui, pour la symbolique alchimique, représente une conjonction très favorable :
"Alors Beya monte sur Gabricus et elle l'enferme dans son sein, au point que l'on ne peut absolument rien voir de lui. Et elle embrassa Gabricus avec un si grand amour qu'elle l'absorba complètement dans sa propre nature et qu'elle le divisa en parties indivisibles. Aussi Merculinus dit-il : C'est par eux mêmes qu'ils sont dissous, par eux mêmes qu'ils sont placés ensemble, en sorte qu'ayant été deux, ils deviennent pour ainsi dire physiquement un."
Faites de beaux rêves...
Ariaga
17:10 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : écriture, alchimie, spiritualité, philosophie, Jung, photo, psychologie
22/09/2007
Alchimie du quotidien
Il y a des moments,
où tu voudrais t'asseoir sur le bord du chemin
ne plus forcer les pistes ne plus passer les ponts.
Il y a des moments,
où le rire de ton ombre se plante comme un croc
dans l'argile poreuse de ta grande exigence.
Il y a des moments,
où la peur s'insinue dans les lames entrouvertes
des persiennes qui ferment l'accès à ton amour.
Il y a des moments,
où tremble au fond de toi une bête prudente
qui craint la transhumance frôleuse des abîmes.
Il y a des moments,
où la flamme qui brûle, sous la grande marmite
de l'alchimie des jours, n'est pas loin de s'éteindre.
Ne soyez pas inquiets mes frères et mes soeurs, ce ne sont que des phases de l'Esprit qui distille, en son creuset cosmique, l'essence de la Vie, l'essence de notre vie.
Ariaga.
16:20 Publié dans Alchimie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, photo, spiritualité, amour, nature, poésie, poèmes
06/09/2007
Le serpent qui se mord la queue
17:00 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : écriture, Jung, psychologie, alchimie, nature, philosophie, spiritualité
27/08/2007
Le chat de l'alchimiste
Le chat de l'alchimiste ne connaît rien à l'or, philosophique ou non.
Le chat de l'alchimiste, repu et satisfait, tout contre la chaleur douce de l'athanor, médite longuement sur l'immobilité mais ses yeux entrouverts surveillent la cornue. Depuis bien des années, il attend que se casse, le verre qui retient, dans les reflets changeants de son rêve éveillé, des oiseaux fabuleux qui ne meurent jamais et des serpents qui tournent en se mordant la queue.
Le chat de l'alchimiste essaie d'approcher l'impossible infini du ronron silencieux.
Ariaga
23/08/2007
Le voyage du " vaisseau "
Le vase aux noms innombrables, celui-là que l'on appelle aussi cornue ou vaisseau, matrice ou oeuf philosophique, moi, Ariaga, je l'appellerai aujourd'hui vaisseau, désir de voyage.
Porteur de poussières le vaisseau reposait sur un feu presque absent, cendres tièdes, restes d'un été oublieux aux odeurs de désert.
Avide d'âmes amies il est allé vers le banc des voyages imaginaires dont il a respiré les émanations mais la nourriture spirituelle ne lui suffisait pas, il avait faim de l'herbe verte et de l'air marin dont il a rempli ses cales vides.
Avant de reprendre l'Oeuvre, un peu ivre, il s'est endormi sur la terre mère pour se remplir doucement de l'Esprit de la Nature.
Ariaga
19/08/2007
Correspondances
13/08/2007
Le bruit de la Nature
Greffée à son assise, installée sur le vide pour de muettes couvaisons,
elle a tenté d'évacuer les mots périmés qui n'auraient jamais du être prononcés.
Mais le banc était trop joli, trop bleu, trop solitaire, et le silence un faux d'or vulgaire plaqué de vanité, un silence occupé par les sons figés dans le granit des strates de son esprit tentant de s'échapper pour raconter les âges d'une vieille âme.
Elle va devoir remonter, sans se hâter, les escaliers creusés dans la pierre bruissante de vie, éclairée par la torche de la Nature.
Accepter de se voiler d'un masque d'ombre pour se protéger des songes brûlants.
Ne plus avoir l'orgueil du silence qui a la saveur douce amère des reniements et vous transforme en feuille errante.
Sortir de la bulle et s'asseoir sur un modeste banc marron, un banc de village, un banc de tous les jours.
Ariaga.
09:37 Publié dans Alchimie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, poésie, photo, nature, spiritualité, alchimie, photos
22/07/2007
Cuisine alchimique de l'Océan
Pour Aslé
Aslé avait un noeud qui lui serrait le coeur et qui brisait ses mots . J'ai convoqué d'urgence, sur le banc des vacances, là où vivent mes rêves, l'Alchimiste ployant sous le fardeau pesant de ses précieux grimoires. J'ai feuilleté le livre des recettes de noeuds et j'ai trouvé ceci :
Mettre à tremper le noeud dans le jus primordial de l'Océan tiédi sur l'athanor solaire.
Assaisonner d'amours perdus et retrouvés.
Quelques gouttes de larmes seront les bienvenues et les perles du rire le poivre nécessaire.
Lentes macérations.
Suaves dissolutions.
Le noeud sera à point quand il aura atteint, bien au delà des mots, l'absente transparence de l'Essence.
Ariaga.
15:20 Publié dans Alchimie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, alchimie, amour, photos
16/07/2007
Alchimie : transmutation d'un cerveau
" Ceux qui savent " se sont penchés sur les résidus encore fumants de mon cerveau, qui avait emprunté la voie sèche sur l'athanor, et subi de redoutables transmutations. Des recherches approfondies leur ont permis de retrouver, pas très loin d'un trou noir tout prêt à les engloutir, deux neurone résiduels un peu rouillés mais peut-être récupérables.
Les doctes alchimistes ont proposé une longue macération dans le dégrippant. Ils espèrent que je pourrai ainsi récupérer un soupçon d'activité intellectuelle.
Moi, je pense que ce cerveau et le corps qui l'accompagne (si on peut encore appeler cela un corps, voyez la photo précédente) doivent revenir sur le banc des "vacances dans la tête" et s'épanouir à nouveau à la lumière de ses amis fidèles, qui ont veillé pendant que s'opérait la combustion. Même s'il y a des ratés, le moteur va repartir.
Ariaga.
11:15 Publié dans Alchimie, blog et quotidien, photo | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, photo, poésie, blog, alchimie, photos
26/06/2007
Les secrets de la Nature
16:50 Publié dans Alchimie, Nature | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, spiritualité, nature, alchimie, Dieu, citations, musique
25/06/2007
Un Philosophe de la Nature : Micher Maïer
16:49 Publié dans Alchimie, Nature | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, spiritualité, nature, photo, alchimie, livres, philosophie
18/06/2007
Les hallucinations de l'alchimiste
16:47 Publié dans Alchimie, Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : écriture, poésie, alchimie, spiritualité, Paracelse, philosophie
11/06/2007
Faiseurs d'or et philosophes alchimistes
16:45 Publié dans Alchimie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, spiritualité, livre, citation, Jung, Bonardel, alchimie
07/06/2007
PARACELSE, médecin, alchimiste, philosophe
Ma vie est embellie par des personnages, à la fois morts et vivants, morts pour l'état civil mais vivants pour mon imaginaire, personnages avec lesquels j'ai des "conversations" intérieures. Naturellement il y a le cher Carl Gustav et aussi Sigmund (ils ont des dialogues intéressants) mais il en est d'autres. Je vais, de temps en temps, vous les mettre en scène brièvement, comme celà, si vous les rencontrez dans mes textes, les présentations seront faites. Un de mes préférés est PARACELSE, que je n'appelle jamais par ses prénoms, absolument imposibles. D'ailleurs, Paracelse était un pseudonyme.
Paracelse, médecin, philosophe, alchimiste est né à Einsiedeln (Suisse) vers 1493, je dis vers, car le cher homme était très pudique sur son âge. Il est mort à Salzbourg en 1540. Sa véritable mère, selon ses dires, était la Nature, sa mère adoptive l'Eglise dont, malgrè son esprit sceptique, il ne se sépara jamais, pas plus que de l'alchimie, de l'astrologie et de la magie "sciences divines" dont il pensait qu'elles lui avaient été transmises par ce qu'il appelait la "lumière de la Nature" et qu'elles lui étaient utiles pour l'aider à remplir sa mission "divine" de médecin.
On trouve dans l'oeuve de Paracelse une pensée "uniciste"mais dont les fondements sont le paradoxe et l'acceptation des contraires. Il ne cherche pas une vision non contradictoire du monde et néglige la séparation entre le rationnel et l'irrationnel. Il n'avait nulle crainte des Autorités et de la Tradition et ne reconnaissait que l'autonomie et l'expérience de la Nature. En tant que chrétien du Moyen Âge il vivait dans un monde unitaire sans voir de conflit entre les sources de connaissance divine et naturelle puisque, pour lui, tout avait son origine en Dieu. Un Dieu quelque peu personnel et avec lequel il entretenait des relations qui sentaient un peu le soufre. Il écrivait : "J'avoue aussi que j'écris comme un païen tout en étant chrétien".
Paracelse avait tout un système du monde très structuré dont je ne vous parlerai pas aujourd'hui. Il s'agissait juste de faire connaissance.Seulement un exemple : l" Aquaster ", principe à la fois " humide " et " spirituel ", maternernel aussi, est un lieu où est engendré " l'esprit de vie ". Ce n'est pas poétique ? Mais aussi cela va plus loin car Paracelse avait l'intuition que la Nature n'est pas uniquement physico-chimique, mais aussi psychique.
Même s'ils ne le déclarent pas ouvertement, et s'ils se plaignent de ses "obscurités", Paracelse a été l'inspirateur de nombre de ses successeurs qu'ils soient médecins, alchimistes ou philosophes, ou les trois en même temps. (Par exemple l'alchimiste et médecin Gérardus Dorneus) et parmis mes "visiteurs" il occupe une place de choix et, vous aussi, amis lecteurs, je crois que vous allez souvent le rencontrer.
Ariaga.
20:37 Publié dans Alchimie, Nature | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, spiritualité, nature, Paracelse, alchimie, philosophie
21/05/2007
ATHANOR
Athanor! Athanor! ce mot rythme dans mon imaginaire le défilé de la lignée infinie des alchimistes. Je les imagine, jour et nuit, seuls ou avec une compagne, entretenant et régulant le feu sous leurs incessantes décoctions et distillations et priant Dieu pour que l'Oeuvre réussisse.
Athanor, c'est aussi mon bouillonnement intérieur quand je cherche les mots, la poésie, les images, pour vous dire ...
Ariaga sois sérieuse et donne une définition de cet athanor , parfois aussi appelé "vase" ou "fourneau secret". Il y en a une qui me plait assez dans le glossaire de Philosopher par le Feu de Françoise Bonardel (Le seuil, sagesses, p. 452.) :
Athanor : "Ce mot d'athanor est tiré de l'arabe, et signifie une tour dans laquelle on met du charbon pour entretenir un feu continuel dans un fourneau qui y est joint ; il vient aussi du mot grec athanatos, immortel (Salmon) En l'athanor sont donc réunies les caractéristiques d'un four capable de réduire sans violence la "matière" déposée dans l'Oeuf Philosophique, reposant sur un lit de sable ; et celle d'une intemporalité favorable à la survie du "corps " ainsi régénéré."
Il s'agit ici de l'athanor "matériau" mais je pense qu'il se manifeste à différents degrés de puissance comme brûle le feu. L'athanor Nature est le plus fort car il contient toutes les force de cette Nature et cela de degrés en degrés jusqu'au ventre féminin qui est lui aussi athanor.
L'être humain est athanor et E.Perrot le montre dans La Voie de la Transformation quand il écrit :"Notre fournaise transformante c'est la vie toute entière avec ses épreuves" (p. 273) Quand on regarde les illustrations du Mutus liber, Le livre muet, un ouvrage très ancien d'images sans texte qui décrit les différentes étapes de l'Oeuvre alchimique, on voit que lieu de la cuisson est, symboliquement, à la hauteur du coeur de l'homme. Nous sommes tous des athanors, parfois tellement brûlants qu'ils sont prêts à exploser car trop chargés de passions ou d'épreuves. Ce sont ces épreuves, ces grands obstacles qui nous calcinent mais qui, aussi, nous obligent à changer, à faire autrement que nous le projetions. Le moi se consume mais il ne disparait pas, il se transforme dans l'athanor des souffrances.
L'athanor, quand son feu est lent et doux est aussi le fourneau sur lequel se mijote le processus d'individuation, le cheminement vers le Soi. Mais cela est une autre histoire, pour bientôt.
Ariaga
17:00 Publié dans Alchimie, Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : écriture, alchimie, spiritualité, poésie, nature, citations