Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/03/2009

Les visions de l'alchimiste

DSC00570_3_2.jpg

La porte est close.

Les genoux sont usés par la prière.

Le vieil alchimiste au visage ravagé par les vapeurs mercurielles, à l'esprit ébloui par la Lumière de la Nature, quitte son oratoire et regarde le vase sur l'athanor.

Longtemps il contemple le vaisseau de verre.

Son imagination méditative est une étoile qui brille très loin dans le labyrinthe souterrain des hallucinations.

Il fixe l'eau de vie métallique qui se tord et se morcelle et à la fin il voit.

Mondes aquatiques où s'ouvrent des gouffres d'où émergent des formes reptiliennes qui se mordent la queue, mandragores trop humaines en couples enlacés, dragons portant entre leurs ailes l'Homoncule Fils des Philosophes,  et combien d'autre êtres issus du ciel ou de l'enfer.

C'en est trop et le vieil alchimiste, oubliant qu'il est très chrétien, se prosterne devant le vase devenu utérus.

Ariaga

 

07/01/2009

Le vase de l'alchimiste

 

 

DSC02684_3.jpg

Je vous parle souvent du vase sur l'athanor, surtout quand mon ami intérieur le vieil alchimiste murmure à l'oreille de mon coeur. Aujourd'hui,  je suis allée chercher, dans Psychologie et alchimie de C.G.JUNG ((p.309), un texte qui montre que, pour les pratiquants de la Science Hermétique, ce vase n'est pas un simple instrument de leurs opérations.

"Pour les alchimistes, le vase est quelque chose de véritablement merveilleux : un vas mirabile (vase merveilleux). Marie la Prophétesse dit que tout le secret réside dans la connaissance de ce qui a trait au vase. On souligne sans cesse que : "Unum est vas" (le vase est un). Il doit être coplètement rond en imitation du cosmos sphérique, de façon que l'influence des étoiles puisse contribuer au succès de l'opération. Il est une sorte de matrice ou d'utérus d'où doit naître le filius philosophorum (fils des philosophes). C'est pourquoi il est recommandé que le vase ne soit pas seulement rond, mais qu'il ait la forme de l'oeuf. On est porté tout naturellement à considérer ce vase comme étant une sorte de cornue ou flacon ; mais on se rend bientôt compte que cette explication est insuffisante car le vase représente plus une idée mystique, un véritable symbole, comme toutes les notions importantes en alchimie."

Si quelque puriste s'égarait sur ce blog je signale que les caractères gras ne font pas partie du texte original.

J'aime cette comparaison du vase des alchimistes avec un utérus où mûrit un enfant. Cela me conforte dans l'idée que l'oeuvre que nous tentons de faire de notre vie est comparable à une grossesse, à l'oeuvre de la nature.

Il y aurait deux sortes de vases. Le vase en verre dont l'idée me plaît assez car je pense qu'elle permettait à l'alchimiste de voir, par transparence, des transformations de couleur, des formes étranges qui ne sont pas sans rappeler l'univers des rêves. Ce vase était réservé à l'usage des substances nobles. Un autre vase, fait d'argile, était nommé " le vase de la nature". Cette voie du Grand Oeuvre était accessible à tous et ne demandait que des matériaux peu couteux. Je pense, finalement, que j'aurais choisi celui là...

Ariaga

20/12/2008

La nature matrice de l'or

P9171296_2.jpg

Aujourd'hui, sorti de la bibliothèqe et feuilleté Forgerons et alchimistes de Mircea Eliade.

Si on en croit les anciennes traditions la terre est une matrice où les minerais sont en gestation. L'aboutissement, l'enfant, c'est l'or. Le processus de croissance, de mûrissement, est d'une infinie lenteur mais, à terme, tous les minerais se transforment en or pur.

Cette croyance, qui a perduré pendant des siècles, a certainement influencé les alchimistes, en particulier ceux qui pratiquaient l'Alchimie Spirituelle. L'alchimiste, animé par une grande foi (et aussi, je crois une bonne dose d'orgueil), espère, dans son vase sur l'athanor, accélérer le travail de la Nature. Sur le plan spirituel, dans le "vase" de son âme, il veut oeuvrer à sa transformation intérieure en transmutant ses défauts en leurs qualités opposées. La nature tend à la perfection de l'or, l'alchimiste à devenir le réceptacle de l'Or spirituel.

Ariaga

30/09/2008

La Table d'émeraude d'Hermès


 

P9171278_2_3_2.jpg

Depuis longtemps je vous cite les premières lignes de la Table d'émeraude qui sont pour moi une ligne directrice sur le plan spirituel. Je voudrais aujourd'hui vous proposer le texte entier. Il ne s'agit pas de tout comprendre, c'est un texte alchimique qui demande contemplation et méditation. Je vous donnerai quelques indications sur les origines du texte après la citation.

" 1. Il est vrai, sans tromperie, certain et véridique.

2. Ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut et réciproquement lorsqu'il s'agit d'accomplir les merveilles de l'Un.

3. Et comme toute chose procède de l'Un par la médiation de l'Un, ainsi toute chose procède d'une seule par adaptation.

4. Son père est le soleil, sa mère la lune. C'est le vent qui l'a porté en son sein, la terre qui l'a allaité.

5. Il est le père de toute perfection dans le monde.

6. Sa force est complète lorsqu'il la tourne vers la terre.

7. Vous séparez la terre du feu, le subtil du grossier, cela en douceur et avec une grande intelligence.

8. Il monte de la terre aux cieux et redescend sur terre où il reçoit les pouvoirs des choses supérieures et inférieures. Aussi détiendrez-vous les pouvoirs du monde entier. Ainsi toute obscurité cédera-t-elle devant vous.

9. Il est la force d'âme de toute force d'âme, car il vient à bout de tout ce qui est subtil et pénètre les solides.

10. C'est ainsi que fut crée le monde.

11. Il en découle de merveilleuses adaptations dont il est le truchement.

12. C'est pourquoi on m'appelle Hermès Trismégiste, car je suis la philosophie du monde en trois parties.

13. Ce que j'avais à dire sur l'opération du soleil est terminé. "

Tabula smaragdina

La Tabula smaragdina, s'appelle aussi Table d'émeraude d'Hermès ou Magna Charta de l'alchimie. C'est un des plus anciens documents hermétiques. Parut d'abord au IX° siècle en arabe, peut-être d'une source syrienne du IV° siècle, probablement inspirée d'un original grec. Je vous ai proposé ici la traduction de Richard Crevier du livre de Johannes Fabricus, L'alchimie paru en anglais. Bonne lecture et patience, ce texte peut être médité toute une vie...Ariaga.

11/09/2008

Préalable à l'Alchimie Spirituelle

P5230926_2_2.jpg

Le préalable à l'Alchimie spirituelle est de faire un état des lieux. En effet, si, se considérant comme un vase sur l'Athanor, on entreprend de faire de soi-même le matériau de l'Oeuvre, il faut d'abord prendre conscience de ce que l'on est et ensuite de ce que l'on voudrait devenir. C'est seulement ensuite que peut commencer la lente transformation de ce qui est considéré comme des défauts en leur qualités opposées.

Ariaga

P5230926_3.jpg

 

03/09/2008

Handicapé

DSC03627_2_2_2.jpg

Toi, le handicapé anonyme dont l'ombre rampe vers la porte et les couloirs sans fin de l'hôpital,

le regard cherche la lumière de la fenêtre,

je voudrais découper ton nom aux ciseaux des mots, aux ciseaux des sons, dans la langue des oiseaux des anciens alchimistes.

Handicapé, caché derrière le H, la hache qui a coupé le fil, il y a l'an, ces années que tu comptes et peuples de tes rêves. Hand est la main que je voudrais te tendre pour l'invitation au voyage. Au centre je devine Icare et son vol plein d'espoir. Je vois aussi la cape tissée d'amour pour t'envelopper et le cap qu'il nous faudra tenir pour arriver au but ultime, à la dernière station des vacances imaginaires.

Toi, l'anonyme que l'on promène du lit au fauteuil et du fauteuil au lit, ta chambre est la dernière station de notre train.

Je viens te chercher, nous venons te chercher car je ne suis pas seule. Tout l'été nous avons voyagé vers toi dans le seul but, par la force de notre rêve, par la force de notre amour, de t'emmener avec nous. Pas dans un pays lointain, pas dans des lieux grandioses, simplement descendre le petit chemin, juste à gauche du banc des premiers jours de l'été, et marcher tous ensemble sur la plage.

Tu penses, tu ne dis pas, les mots aussi sont partis, tu penses, je ne peux pas marcher, mon corps s'est absenté.

Ce n'est pas important. Tu es moi et les autres, tu es moi et je suis celui qui est assis dans le fauteuil devant la fenêtre.

P6271058_2.jpg

Tu es pieds nus et tu marches sur le chemin humide comme un enfant qui naît. Ce chemin qui conduit vers la mer. Sur la plage, le sable fin s'insinue entre tes doigts de pieds. L'odeur marine pénètre chaque pore de ta peau et la vague de la marée montante frissonne le long de tes jambes . Tu cours, tu danses dans la poussière bleue des gouttes d'eau. Tu n'es plus que sensations et le cri de joie qui monte à ta gorge nous le poussons tous ensemble.

Par une après-midi de fin d'été, dans un rayon de lumière, le long train de banc des vacances imaginaires est arrivé à destination.

Ariaga

 

24/06/2008

La cuisine d'Ariaga

    J'ai été "taggée" par mon amie Kaïkan qui m'a posé un certains nombre de questions au sujet de la cuisine et de mes goûts et dégoûts. Elle semblait penser que j'avais l'habitude de cuisiner sur mon athanor et de mijoter des petits plats fleurant bon l'alchimie.

Un aliment que je n'aime pas du tout

DSC03481_2.jpg

 Les semelles caoutchouteuses cuites au jus de chaussettes malodorantes abandonnées au soleil.

Trois aliments favoris :

L'amour, l'amitié, le paradoxe, de préférence réunis dans le Vase. 

Ma boisson favorite :

Un tiers d'eau mercurielle, un tiers de lait de vierge et un tiers de champagne pour partir dans les bulles visiter d'autres mondes. 

Le plat que je rêve de réaliser :

C'est un plat que j'avais rêvé pour Aslé, une recette de noeud. Voici le matériau de l'oeuvre :

P5230918_2.jpg

 Voici la recette :

Mettre à tremper le noeud dans le jus primordial de l'Océan tiédi sur l'athanor solaire. 

     Assaisonner d'amours perdus et retrouvés.

     Quelques gouttes de larmes seront les bienvenues et les perles du rire le poivre nécessaire.

     Lentes macérations.

     Suaves dissolutions.

Le noeud sera à point quand il aura atteint, bien au delà des mots, l'absente transparence de l'Essence.

Et voici la recette présentée sur un lit d'Océan :

DSC01990_2_2_3_2_2.jpg

Mon meilleur souvenir culinaire 

Une goutte de rosée délicatement  léchée sur un pétale de fleur.

P6241029.jpg

 

                           Ariaga du coin de l'athanor

 

 


31/05/2008

Bateau de pêche

 

141309227.jpg

Le long du quai,

le bateau, vierge du sang des têtes coupées, des entrailles arrachées, de la peau scalpée de ses écailles et de la main blessée du pêcheur,

fait escale dans l'eau poubelle du port.

Casiers et filets infusent dans ses yeux leurs couleurs pétantes de feu d'artifice et tout cela est gai.

Mais le vieil alchimiste qui squatte son esprit regarde sous la coque,

dans les intimes suintements où règne l'odeur femelle de la mer.

Il coupe les mots au sécateur et les feuilles de sa joie tombent au sol.

Attaquer, ronger, désagréger, imprégner...

La montée des marches alchimiques du pourrissement efface le désir splendide du bateau fendant la vague qui se dilate pour l'accueillir.

Elle sait depuis longtemps que la pensée nue de la pure beauté lui est étrangère et que la marée descendante va, une fois de plus, la laisser sur la vase, tel le poisson mourant à la bouche éperdue de son désir de mer.

1106897339.jpg

                               Ariaga     
 

19/04/2008

De l'ordure à l'Or

Paroles murmurées à l'oreille de mon coeur par mon ami intérieur le Vieil Alchimiste

 

309004385.2.jpg
Ne te tourmentes pas sans cesse au sujet de tes défauts. C'est à partir de la matière vile fournie par la nature, de la boue, du fumier, de l'ordure que, par de multiples cuissons et distillations on peut obtenir l'Or Philosophique. Il en est de même au sujet de tes défauts. C'est parce que ils existent en tant que matériaux de ton Oeuvre Vie que tu peux, par un patient travail sur toi-même, les transmuter en leurs qualités opposées.
605744865.jpg
Ariaga 
 
 

04/03/2008

La clé du jardin

 

1507190949.jpg

 

Mon ami intérieur le vieil alchimiste qui murmure parfois à l'oreille de mon coeur m'a dit ce matin :

Il n'y a pas de joie si parfaite qu'elle ne contienne une peine.

Il n'y a pas de peine si noire qu'elle ne s'éclaire d'un rayon de soleil.

Le désert le plus aride contient un jardin. On ne peut y entrer avec une clé ordinaire mais, si on possède cette clé, on y trouve des rosiers à perte de vue, des champs d'une fertilité infinie et une fontaine intarissable d'où jaillit l'eau de la Vie. 

         Ariaga 

 COUPS DE COEUR

Pour ceux qui lisent mes textes jusqu'au bout, je vais dorénavant partager avec mes lecteurs des "coups de coeur" pour un blog ou un texte qui a eu pour moi une résonance  particulière. Ou bien je vous présenterai brièvement un blog que je ne trouve pas assez lu. C'est une idée toute récente et je ne sais où elle me mènera et si je la poursuivrai. Dans mes choix il y aura certainement du hasard et de l'arbitraire (une petite tendance à privilégier mes liens par exemple) mais c'est la vie !

Aujourd'hui j'ai été heureuse pendant ma promenade sur les blogs de rencontrer dun texte avec lequel je me sentais en " correspondance". C'était sur le blog de Guelum, Guelum décode Guelum, (lien), une vraie pépite poético-alchimique intitulée Tango.Vous y trouverez aussi d'autres notes d'une grande originalité, mais celle là, en date du 26 février,  m'a particulièrement touchée. A bientôt pour d'autres blogs.

  
 

23/02/2008

Etienne Perrot, Nature, poésie et alchimie

   Sur le chemin que je parcours en compagnie de Jung, Étienne Perrot est mon compagnon préféré. J'aime que cet homme d'aujourd'hui ait su, parfois douloureusement, suivre le parcours d'un philosophe de la Nature du Moyen Âge. Mélanger une culture chrétienne aux antiques chants païens, être un formidable traducteur de Jung et de Marie Louise von Franz, un interprète de rêves et un écrivain de talent, conserver, même dans le doute, une profonde spiritualité. Si vous voulez en savoir plus sur ses oeuvres et sa personne, je vous recommande un de mes liens Etienne PERROT ... son oeuvre qui propose des textes très intéressants et rares.
   Je vous propose aujourd'hui une poésie alchimique de Perrot extraite de ce que je considère comme son ouvrage le plus "personnel", Coran teint, ed. la Fontaine de Pierre, p. 327. J'ai l'impression en lisant ce poème que le Jung que j'ai toujours considéré comme on poète refoulé s'exprime par les mots de Perrot. Atteindre le fond, se dessécher pour renaître à la fois le même et un autre, telle est la prière de l'alchimiste. 
   Ariaga.
  
                               Chant de matines de l'alchimiste 
 
1cf6eeb954540de6d3c6b274b968f1ac.jpg
 
            Oh! mon esprit ne veut plus être,
            Nature, que ton pur témoin.
            Je ferai taire tout désir
            pour t'écouter dans le silence. 
 
            Ayant ainsi creusé le gouffre
            j'atteindrai le fleuve du fond.
            A son heure il se changera
            en un geyser irrésistible.
 
            Sa substance qui est la tienne,
            remplira toute ma vision,
            me courbant en miroir du monde,
            sphère où les étoiles se jouent.
 
            Le silence qui m'effrayait
            s'est fait choeur des dix mille voix.
            De la gorge où j'ai disparu
            surgit le nouvel univers.
 
            On me l'avait dit : je le vois !
            La mort est mère de la vie,
            pauvreté engendre richesse,
            ignorance est le grand savoir.
           
                 Étienne  PERROT, 1973
 

28/01/2008

Crise incendiaire

 

d1d1408e7385af2d60a44b1d4e1a3efd.jpg

     Ce matin la nigredo alchimique m'avait envahie de sa putréfaction. Tout me semblait vain, en particulier ce blog que j'ai eu la tentation de précipiter aux oubliettes ; envie de casser le vase de la distillation où le matériau se dessèche sur un athanor parfois trop brûlant, parfois rempli de cendres froides.

     Quand je lis dans mes mails, écrit par un inconnu, que l'on n'ose laisser de commentaires sur le blog de peur de ne pas être à la "hauteur", je me dis : pauvre idiote d'Ariaga, c'est l'échec complet. Tu voulais écrire pour tous, laisser simplement s'exprimer les amis intérieurs qui t'habitent et te voilà sur des "hauteurs" auxquelles tu as, depuis longtemps déclaré la guerre. Tu vis retirée sur les bords d'une mer bretonne et voilà qu'un (ou une) pervers t'a inscrite (en utilisant ton email) dans l'annuaire des psychanalystes de Paris." . Et me voilà psychanalyste freudien !

     Il y a aussi ce blog que je regarde avec des yeux étrangers. La liste par catégories, tout à fait arbitraire et peu égalitaire. Cette manière d'expliquer, de raconter, Jung, l'alchimie, n'y-a-t-il pas là une pointe de paternalisme (maternalisme ?). Vouloir faire trop simple c'est mépriser, moins accessible, c'est exclure. Certains m'on demandé d'être plus moi-même, vous voyez ce que cela donne, des envies incendiaires.

     Alors, face à la mer, dans un bidon, j'ai brûlé un tas de notes inutiles et prétentieuses amassées depuis des années. Maintenant je suis presque nue. 

     J'ai regardé à nouveau le blog et j'y ai trouvé des commentaires lumineux. C'est bon pour éclairer la noirceur de la nigredo. Et les crises aussi c'est bon, elles engendrent une libido, une force psychique, qui pousse à la transformation, à de nécessaires transmutations.

           Ariaga.

  
 

 

 

07/01/2008

C. G. Jung et le Faust de Goethe

   En ce début d'année je vais commencer un "feuilleton" alchimico-philosophique traitant de la relation de Jung avec la symbolique alchimique. J'aimerais que ceux qui ont un peu de courage aillent lire une introduction à ce sujet que j'avais écrite en Novembre 2006 : C.G.Jung et la chaîne d'or.(Cliquer sur le lien).

   La relation, consciente, de Jung à l'alchimie s'est faite d'une manière tardive. C'est , une fois de plus dans Ma vie, qu'il a décrit son cheminement vers ce qu'il considère comme le "pendant historique" de la psychologie des profondeurs. Je pense cependant que, comme pour sa relation avec Nietzche (un autre feuilleton prévu pour cette année 2008), ce lien avec l'univers des alchimistes existait d'une manière latente, bien avant les années trente, années où il commença un long travail de déchiffrage du sens des textes alchimiques qui le "tint en haleine plus de dix ans".

   La relation, indirecte, de Jung à l'alchimie, commence dès l'âge de seize ans à un moment de crise existentielle et spirituelle, quand sa mère, une personne très particulière, un peu effrayante, lui dit subitement cette simple phrase : "il faut que tu lises le Faust de Goethe". Cette lecture fut pour lui un moment miraculeux, un baume sur ses blessures d'adolescent tourmenté. Il trouvait là un homme qui prenait le diable au sérieux et qui voyait la puissance du mal qui enserrait le monde. Cela le changeait de son milieu de pasteurs où l'on ne parlait que du "bon "dieu. Le Faust faisait aussi allusion au grand mystère des Mères qui tourmentait beaucoup le jeune garçon. Le récit de la grande initiation finale demeura pour lui, à la limite de sa conscience, un événement merveilleux et mystérieux. Cette porte ouverte par Goethe le resta définitivement, contrairement à celle que Jung crut avoir claquée, vigoureusement et pour longtemps, sur l'angoissant Zarathoustra de Nierzsche. 

   Il ne se rendit pas compte, à cette époque, du côté alchimique d'une oeuvre au sujet de laquelle il écit dans une lettre de 1955, vers la fin de sa vie (Correspondance, T.IV, p. 65) :

    " La seconde partie du Faust m'a accompagné tout au long de mon existence, mais il y a seulement vingt ans que j'ai commencé à y voir un peu plus clair, surtout par la lecture des Noces Chymiques, livre que Goethe avait certes lu mais qu'il n'a pas mentionné - détail intéressant - parmi les ouvrages d'alchimie qu'il avait découvert pendant son séjour à Leipzig.  ...  il est vrai que goethe n'a à notre connaissance, utilisé qu'une littérature alchimique relativement tardive, et il m'a fallu étudier les ouvrages de l'Antiquité et du haut Moyen Âge pour me convaincre que le Faust dans ses deux partie, représentait un opus alchymicum dans le meilleur des termes.  "

   Il pense que le Faust est entièrement imprégné du mystère de la conjunctio, c'est à dire de la noce chymique. Ce ne sont d'ailleurs pas, à son avis, les ouvrages lus, oubliés ou non par goethe, qui ont fourni au Faust cet  arrière plan alchimique, mais des émergences du courant souterrain perdurant depuis Hermes Trismegiste, sous la forme de la chaîne d'or. Ces racines profondes lui semblent expliquer l'" effet de numinosité " produit par le Faust.  Le jeune Jung fut certainement sensible à cet effet de numinosité ; un lien intérieur fort, longtemps invisible, s'établit ainsi entre Jung et l'alchimie par l'intermédiaire d'un Goethe sont le Faust a été l'opus magnum, le grand oeuvre. 

(à suivre)

       Ariaga.
 

  
 

20/11/2007

Alchimie et voie vers l'individuation

 

5eb7dbe83235f007c19952639757fde3.jpg

 

   La Nature à laquelle se référent si souvent les traités hermétiques chers à Jung interroge le philosophe qui, soucieux de précision, va demander : de quelle Nature parlez vous, quel est votre concept de la Nature ? C'est une interrogation justifiée mais qui n'avait pas de raison d'être pour les alchimistes. Comme l'écrit Françoise BONARDEL, dans un texte que je vous ai peut-être déja cité, mais on ne cite jamais trop les bons auteurs (Psychologie par le feu,p.39) :

"Au philosophe constatant fort légitimement que les alchimistes ne se soucièrent pas véritablement d'argumenter, il faudrait rappeler que l'existence même de la Nature n'avait à leurs yeux nullement besoin d'être démontrée, mais semblait plutôt appeler une certaine monstration de ses opérations secrètes et beautés, dont l'Oeuvre philosophal tenta justement d'orchestrer l'étrange théâtralité." 

   Pour les philosophes de la Nature du Moyen Âge, la réalité était  "une". Ils se représentaient une sorte d'absolu divin dont les manifestations descendaient, progressivement, jusqu'à la matière. Le microcosme et le macrocosme comportaient les mêmes éléments, à la fois matériels et spirituels, le tout étant une question de dosage. Mais la " densité " du matériau était telle que la tâche de l'alchimiste très chrétien consistait , par d'incessantes purifications et distillations, à libérer l'âme divine, prisonnière des éléments matériels. Le but ultime, sans cesse visible à l'horizon et jamais atteint, n'était pas l'élimination de la matière, mais le retour à un mélange parfait. En langage psychologique, Jung appelle cette démarche le "processus d'individuation ".  

   Le processus d'individuation fait d'un individu donné "l'être que, une fois pour toutes, et en lui même il doit être", en lui permettant d'atteindre son unicité par un mouvement de "centroversion" vers un lieu où se concentrent, en un mélange comparable au mélange parfait des alchimistes, la totalité des contenus du conscient et de l'inconscient.  Jung donne cette définition de la voie de l'individuation (Dialectique du moi et de l'inconscient, p. 115)

"La voie de l'individuation signifie : tendre à devenir un être réellement individuel, dans la mesure ou nous entendons par individualité la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable. Il s'agit de la réalisation de son Soi, dans ce qu'il a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot d'"individuation" par"réalisation de soi même", "réalisation de son Soi".

   Si on suit Jung, atteindre l'individuation serait donc rentrer en possession de sa propre totalité unifiée, là où se résorbe l'antagonisme entre le conscient et l'inconscient.  Notons que Jung parle d'une "voie, de "tendre vers". C'est le cheminement qui est important, le but, la totalité, étant au delà de toute possibilité de représentation. En effet, sa re-présentation à la conscience ferait aussitôt éclater la totalité en dualité. Il s'agit là d'une voie difficile, tout aussi problématique que la dernière phase du Grand Oeuvre des alchimistes

   Je ne  pense pas que ce texte suscitera autant de "passion" que mon modeste poème sur la société de consommation mais, pour moi, le cheminement vers la Totalité est le but d'une vie. J'ai lu dans un commentaire sur un blog ami que j'avais un problème d'ego, alors je me fais plaisir en abordant, égoïstement,  les sujets qui  ME passionnent.

       Ariaga.
 

  
 

29/10/2007

Retour sur l'Alchimie Spirituelle

   Ce texte intitulé "l'Alchimie Spirituelle au quotidien" date de décembre 2006. Aujourd'hui, j'y ajouterais que dans le creuset que représente ce blog s'ajoute à ma propre évolution celle de ceux qui m'ont laissé des commentaires. Ils meurent, renaissent, sont pétris d'ombre ou de lumière. C'est aussi grâce à eux que j'évolue.
 

   "L'alchimiste, théoriquement chrétien, du Moyen-Âge était panthéiste et pensait que l'énergie de Dieu se manifeste du plus minuscule au plus immense et que la Nature est imprégnée de cette énergie divine. Il était aussi convaincu que l'homme participe de cette nature divine et que seul le mélange en lui de qualités opposées l'empêche d'être parfait. C'est pourquoi l'alchimiste "philosophe de la Nature"ne cherchait pas seulement à transformer la matière vulgaire en or, c'est lui même qu'il voulait faire évoluer. Cette recherche a fasciné C.G.Jung car elle illustrait son idée d'un processus d'individuation conduisant un être humain vers sa totalité, son unicité. Mais mon propos, aujourd'hui, n'est pas de vous décrire les règles où les processus, aussi poétiques et culinaires soient-elles, des phases du processus alchimique mais de situer l'alchimie spirituelle au quotidien.

   L'alchimiste, inlassablement, expérimentait sur une matière qu'il espérait voir se transmuter. Il en est de même pour nous. Chaque nuit, en rêves, chaque jour par l'action quotidienne, nous évoluons. Nous nous transformons ou, plutôt, nous nous laissons transformer. C'est là, à mon avis, qu'intervient l'alchimie spirituelle : ne pas subir, mais agir. Être son propre feu. Nous sommes un creuset, corps et esprit, et c'est à nous d'y accomplir le Grand Oeuvre. Il s'agit du travail de chacun mais je crois qu'il y a deux principes de base. 

   D'abord, admettre que nous avons un corps, que c'est un des matériaux de l'Oeuvre  et ne pas chercher à "s'échapper par le haut".  Ensuite, admettre notre "ombre" et les "nuits noires de notre âme". C'est à partir du plomb, et même du fumier, disent les alchimistes que l'on peut, par un lent travail de purification, et avec l'aide de Dieu, retrouver l'or originel.

   Si on sait recueillir ce qu'il y a de plus sombre en soi et le mettre dans le creuset, le travail peut commencer. Quand j'ai "accepté vie quotidienne"ce que certains appellent péché et moi défaut, je ne vais pas avoir de remords mais rechercher l'or de ce défaut, c'est à dire la qualité opposée. Par exemple, si je suis affreusement goinfre, je ne vais pas culpabiliser et avoir des remords. Je vais essayer de transmuter cette goinfrerie en la qualité d'être un "fin gourmet". Si je suis terriblement menteur, je vais transmuter cela en un talent de conteur.

   Tout cela demande beaucoup d'efforts, regardez comme, certains jours, mon creuset sur ce blog est rempli de matière sombre, mais j'essaie et j'essaierai encore. C'est cela, pour moi, l'Alchimie Spirituelle quotidien."

       Ariaga