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12/12/2008

Le Tao Te King de Lao Tseu


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Aujourd'hui, j'ai ouvert le Tao te King de Lao Tseu, un philosophe chinois du VI° siècle avant J.C. Et le hasard m'a offert le texte 11 qui est :

Trente rayons convergents, réunis au moyeu forment une roue ; mais c'est son vide central qui permet l'utilisation du char. Les vases sont faits d'argile, mais c'est grâce à leur vide que l'on peut s'en servir. Une maison est percée de portes et de fenètres, et c'est leur vide qui la rend habitable.

Ainsi, l'être produit l'utile ; mais c'est le non-être qui le rend efficace.

Je dois dire que mon imagination s'agite fortement à l'idée de l'inépuisable de ce vide qui peut se remplir de tous les possibles. En ce lieu qui n'est pas un lieu, la puissance créatrice ne connaît pas de limites. J'imagine un vide intérieur sans désirs, sans savoir, sans codes, mais pour moi ce n'est qu'un phantasme, une attirance mystique pour la lumière pure. En effet, je suis soumise à la loi de la chair et des permétuels remous du mental et je me demande, amis, si je n'en suis pas heureuse ! J'attendrai une autre vie pour goûter aux délices du non-être...

Ariaga

 

10/12/2008

Rêve d'écriture

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C'est un rêve qui m'a donné l'impulsion nécessaire à la reprise de l'écriture de ce blog. Je raconte rarement mes rêves, très nombreux, car je pense qu'ils sont du domaine privé de la contemplation et de la méditation mais, pour une fois, je ferai une exception. De plus, ce rêve intégrait un élément d'une photo (ci dessus) que j'avais prise il y a déjà quelque temps ... Voici le rêve, un peu abrégé.

Je descends au bord de la mer, à marée basse. Il y a des roches découvertes et beaucoup d'algues très sombres. Je suis seule et la nuit commence à tomber. Il y a comme un sentiment d'angoisse et d'urgence. Je marche et j'entends un craquement sur le sable. Je me baisse et je vois les débris d'une théière dont le couvercle est intact. Je le ramasse et je m'assieds sur un rocher pour l'examiner. Il est tout encrassé, recouvert d'une couche noirâtre. A ce moment là, à ma grande frayeur, des mains se posent sur mes épaules, derrière moi. Elles pèsent lourdement et une voix forte me dit : "tu dois l'écrire". Je sens qu'il y a un enjeu vital à obéir et je cherche quelque chose de pointu pour graver, je ne sais quoi, sur le couvercle de la théière. C'est alors que je vois une grande plume blanche voler vers moi comme un oiseau. Je la prends dans ma main gauche, ce qui est curieux car je suis droitière, et, comme j'ignore ce que je dois écrire je gratte avec la plume le couvercle encrassé. Je gratte, je gratte, le temps me paraît long mais comme la voix se tait je continue et alors des lettres apparaissent. Ce sont des vers, que j'ai oubliés, mais je me souviens que, quand un mot manque, je complète moi-même. Petit à petit la pression sur mes épaules diminue, cesse complétement,  et j'ai beaucoup de plaisir à effectuer ce travail. Quand j'ai terminé je grave avec la plume un commentaire sur le côté gauche que j'ai bien lissé et nettoyé.  Je me réveille très satisfaite avec l'impression d'avoir effectué un travail essentiel et réussi ce que la voix m'avait demandé.

Ariaga

 

08/12/2008

Vie du blog, vie d'Ariaga

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Chers lecteurs,

Le Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle était devenu un "opus", une oeuvre, comme disaient les anciens alchimistes philosophes de la nature, très pesante ces derniers temps. Je dois dire que je ne pensais pas, à l'origine, quand ce titre pompeux m'est venu en rêve, que Ariaga, c'est à dire moi, serai seule à assumer la tâche. Au fil des jours c'est devenu une sorte d'obligation qui s'ajoutait à celles, nombreuses, de la vie réelle. Sans m'en rendre compte, je m'étais créé beaucoup de contraintes. Vous voyez, sur la photo, cette silhouette enfouie dans les feuilles et bien c'est moi, prète à être mangée par la végétation de mes trop hautes ambitions... :

-  Écrire des articles sur des sujets propres à inciter à la réflexion, mais aussi faciles à lire.

- Répondre à tous les commentaires et aux mails,au risque de dire des ânneries.

- Aller, dans la mesure du possible,  chez mes liens et y déposer quelques mots, souvent sans intêret.

- M'effacer derrière "Ariaga".

Pour tout vous avouer, j'ai très peu réfléchi pendant cette coupure, la plus longue depuis les débuts du blog. J'ai juste écouté un murmure qui a enflé jusqu'à devenir une voix puissante qui a dit que la vie virtuelle sur les blogs n'est pas devoir mais plaisir, pas enseignement mais laisser advenir, pas complications mais simplicité, beauté du silence quand il est nécessaire. Et aussi, et surtout , qu'il ne faut pas que je me laisse tenter par l'idée, inspirée par un vilain démon, que je serais investie d'une sorte de mission d'élévation du niveau de spiritualité de mes lecteurs !

Simplicité, j'ai supprimé les classifications compliquées de mes liens.

Pour ce qui est du plaisir, ou plutôt de la jubilation (je préfère), je vais sautiller comme les enfants sur le chemin de ma propre alchimie spirituelle sans avoir la vaniteuse prétention de vouloir faire évoluer autrui.

Je vais souvent, ou moins souvent, en toute liberté, réagir à une phrase trouvée dans un livre sorti au hasard de ma bibliothèque (un peu ancienne, mais qu'importe !). Illustrer quelques mots poétiques qui me trottent dans la tête sans rechercher l'excellence de la forme. Revenir sur des idées qui me tiennent à coeur mais que j'ai développées sur ce blog d'une manière trop conventionnelle. Me permettre, aussi,  si j'en ai envie, de faire une note "difficile" ne pas me frustrer du plaisir de l'écrire , même si elle a un côté ésotérique pour beaucoup. L'essentiel est que j'ai de la joie en écrivant car, je suis certaine de cela, je suis une gourmande de l'écriture et cela m'impose parfois des diètes.

Je vous embrasse tous et à très bientôt.

Ariaga

 

 

 

 

 

04/12/2008

Emergence

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J'émerge doucement des profondeurs abyssales...

Encore un peu de temps et la petite écume se transformera en une vague puissante.

L'oiseau de la pensée m'a apporté un rêve d'écriture.

Ariaga

18/11/2008

Faire l'autruche !

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Depuis quelques temps, submergée par des problèmes concernant ceux qui me sont les plus chers, je tente de surnager. Mais je me sens comme une traînée d'eau qui va inéluctablement s'enfoncer dans le sable, et il ne restera plus que quelques noirs paquets d'algues. Je n'ai plus le loisir de répondre correctement aux commentaires, plus d'inspiration pour les notes ou, si cette inspiration vient, ni le goût, ni la force de lui donner une forme satisfaisante. J'ai toujours eu la folle idée que je pouvais porter mon petit monde sur mes épaules mais c'était pure vanité...Alors, pour un moment, je vais faire l'autruche et enfoncer ma tête dans le sable. Je ne ferme pas le blog, j'y tiens trop, mais je le mets entre parenthèses pour un certain temps. Il est possible que j'y apporte quelques modifications (les liens) et, à mon rythme, j'irai vous rendre quelques visites. Vos comentaires me feront toujours plaisir et je lirai les mails et leur répondrai dans la mesure du possible. Pour patienter vous avez sur ce blog près de 400 notes et 5200 commentaires dont certains sont très copieux !

Je reviens dès que possible mais je pense que vous serez tous d'accord avec moi pour penser qu'un blog doit être une source de plaisir et non une contraine supplémentaire.

Je vous embrasse tous lecteurs connus et inconnus.

Ariaga

10/11/2008

Cortège de bateaux

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Rêve, vision, imaginations...

Sur la route est passé, un étrange cortège.

En tête se tenait le Vieil Homme de la Mer, une belle sirène, minuscule, perchée sur son épaule.

Il battait tambour soliste, suivi d'un grand orchestre de sifflements de vents et de vagues brisantes.

Derrière, en grand désordre, suivait une cohorte de bateaux délabrés usés par l'abandon et le manque de respect.

Il y avait les gros mourant dans des champs d'herbes où ils rêvaient des grandes vagues salées et des poissons brillants dans leur ventre affamé.

Il y avait de tous petits canots, croupissant sans espoir d'une rame d'enfant, dans la vase durcie en un lieu oublié par la marée.

Il y avait ceux, à moitié colorés, restés de longues années dans un garage sombre avec pour compagnie un vieux pot de peinture rouillé.

J'ai même reconnu, au passage, cette barque presque neuve, retournée au milieu des gravats d'une maison en construction.

En fin de cortège se traînaient les bois pourrissants semblables à des squelettes d'animaux dont il ne reste plus que les côtes.

Oui, j'ai vu passer un étrange cortège.

Révoltés par l'indifférence des hommes, ils allaient vers la mer.

Ariaga

06/11/2008

L'autre vie du rêve


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Quand nous franchissons le pont de la nuit, nous partons pour un voyage dans un monde parallèle où nous menons une double vie , hors du temps et de l'espace. Ce monde qui peut paraître étranger, incompréhensible, est pourtant lnotre, une propriété de grande valeur qui est un bien unique, impossible à reproduire. Et le plus pauvre d'entre nous a accès à ce lieu unique, à ce voyage dans une autre vie qui est la vie du rêve. Non seulement il a la possibilité de faire le voyage mais il le doit car celui qui ne franchit pas le pont meurt.

Dans cet autre lieu, qui apparaît comme la réalité, nous sommes acteurs ou spectateurs dans des scénarios et des réalisations grandioses ou minuscules, criant de vérité ou invraisemblables jusqu'au grotesque. Nous pouvons marcher, voler, nager, voler, dialoguer, aimer, éprouver de la jouissance, de la terreur, effectuer des actes impossible dans la vie éveillée. Les sentiments sont parfois si forts que nous nous éveillons en larmes.

Et, nuit après nuit, pendant, en moyenne cinq ans de notre vie, même si nous avons très peu ou pas de souvenirs, nous vivons notre deuxième vie.

Ariaga

02/11/2008

Visite des morts chez C.G.Jung

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(Inspiré par le chapitre Confrontation avec l'inconscient de Ma vie de C.G.Jung)

C'était l'époque ou Jung se consacrait à ses imaginations. Ses ennemis disaient et disent encore qu'il était devenu fou. Pourtant c'est consciemment qu'il avait accepté une confrontation avec les abysses d'un Inconscient qui représentait un danger mortel pour son psychisme. Ayant rompu avec Freud depuis quelques années, il était seul, sans aucune protection contre la psychose si ce n'est sa famille et sa vie "réelle" à laquelle il s'accrochait solidement. Et pourtant...

Un jour de 1916, que, pour la beauté du récit, j'imagine être le jour des morts, même si je crois me souvenir qu'il s'agissait de l'été, Jung a ressenti, encore plus que d'habitude,  une pulsion de l'intérieur qui est devenue tellement forte qu'elle a agi sur son entourage extérieur.

Il commence par se sentir fébrile. L'atmosphère devient lourde et comme remplie d'êtres fantomatiques. Des phénomènes curieux se multiplient, en particulier autour des enfants. Formes blanches qui traversent les chambres, couvertures arrachées par des mains invisibles, cauchemars.  Le lendemain, un Samedi, le fils dessine les images d'étranges rêves, par exemple un pêcheur sur la tête duquel il y a une cheminée d'où sortent des flammes. Une nuit passe encore et le Dimanche matin, alors que l'atmosphère est à couper au couteau, la sonnette de la porte d'entrée se met soudain à sonner à toute volée. Tous courent à la porte. Le battant de la cloche remue mais il n'y a personne ! On se croirait dans un conte breton. Jung est tendu à l'extrême, il faut que quelque chose se passe sinon il va craquer. Et puis la maison semble être remplie d'une foule d'esprits. Il y en a partout et Jung s'écrie : "Au nom du ciel qu'est-ce que cela ?".  Alors il y a comme un réponse en choeur : "Nous nous en revenons de Jérusalem, où nous n'avons pas trouvé ce que nous cherchions". Ce seront les premières lignes des Sept Sermons aux Morts.

Jung se met immédiatement à écrire et les mots lui sont comme dictés. Il écrit, en trois soirées, un texte d'une quinzaine de pages poétique, lyrique, métaphysique, visionnaire, d'une grande beauté qui contient en germe tout ce qu'il avait à communiquer au monde sur l'inconscient. Ce texte je l'ai lu des dizaines de fois, c'est celui que j'emporterais sur une île déserte car il peut occuper pendant des années. Je vous parlerais volontiers des Sept Sermons aux Morts mais je crains d'être écrasée par l'ampleur de la tâche. Christine Maillard a suivi cet itinéraire du plérome à l'Etoile  dans un ouvrage qui s'intitule Les Sept Sermons aux Morts de Carl Gustav Jung aux Presses universitaires de Nancy.

Ariaga

 

 

 

29/10/2008

Conversation avec les mouettes

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J'ai passé mes quelques jours de repos dans le silence. J'ai quand même eu certains échanges, avec des mouettes, et comme vous pouvez le voir sur la photo, elles m'ont répondu...Je ne vous dirai pas ce qu'elles m'ont confié, c'est un grand secret de la Nature.

Cette semaine j'accompagne un être qui m'est très cher pendant des journées d'hospitalisation de jour dans un service qui reçoit des handicapés lourds. Je suis assez bouleversée par ce que je vois. Il est possible, si j'en ai le courage, que je vous fasse part d'"impressions" sur ce que j'ai observé ou ressenti, y compris mes erreurs de jugement. Je ne sais encore. A bientôt.

Ariaga

20/10/2008

Les clefs du Laboratoire

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Je dois prendre quelques jours de repos, loin du monde des ordinateurs. Dans l'esprit de l'ouverture du Laboratoire du Rêve et de l'alchimie Spirituelle à des auteurs autres que moi j'ai choisi de laisser les clefs du blog à Jean -Louis Bec. Photographe, poète je trouve que son oeuvre a des tonalités très alchimiques. J'espère que ceux qui ne le connaissent pas iront sur son blog  Image-Mots, Mots-Image. J'espère aussi que ce garçon discret répondra à vos commentaires et j'espère enfin que vous continuerez à dialoguer, comme vous savez si bien le faire, sur les textes que je vous ai proposés. Cela fait beaucoup d'espérances ! Je vous embrasse tous et à bientôt. Ariaga.

Nage libre

Sur le bord comme à l'extrémité du monde
Le long des plantes mères aux idéaux vitaux
Se tiennent, yeux cerclés de soleil gonflés encore d'eau neuve,
De profondes pensées aux bulles d'avant-garde,
Un futur en gestation dans les filets des algues,
Des envols aquatiques à la grâce d'oiseau.
La nage minérale, pulsion géologique,
Désir humide et chaud dans les bras
Des reflets, des images serrées,
Chuchote un chant énergétique de bleu et vert mêlés
Un psaume évolutif de la vie toute entière.
Dans les caves creusées au fond par les racines
La nage végétale à la queue de comète,
Ruban où s'écrivent des signes précurseurs
Tisse le désordre enfanteur de la mort ligotée.
La boue cellulosique invente et réinvente
Folie, exhubérance, nage désordonnée,
Rage volontaire de créer, recréer.

Photo et texte Jean-Louis Bec

13/10/2008

Nouvelles du chat Grisou

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Voici un portrait de Grisou, une difficile relation d'amour, dont je vous avais parlé cet été dans deux notes dont je vous donne les liens :Chats de bancs et  La queue du chat.

Je vous avais décrit ce félin si sauvage, rendu un peu fou par une survie difficile dès son plus jeune âge. La nature est notre Mère, comme je l'écris souvent, mais il y a des mères cruelles. Physiquement il a grandi et grossi et une je lui trouve une belle apparence si on pense à l'état dans lequel je l'ai aperçu pour la première fois. Pour le contact, il a fait quelques modestes progrès et vient souvent le soir coller son museau contre la vitre de la cuisine. Il m'observe. La vitre est indispensable car ma présence physique réelle le fait fuir même si il sait très bien que c'est moi qui le nourrit. Il me fait penser aux prisonniers dans la caverne de Platon, il préfère le reflet à la réalité.

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Voici une autre photo de lui, toujours derrière une vitre, en fin de soirée. Il semble méditer entre les chandeliers. Je l'ai trouvé très beau et, même si nous n'avons pas de contact physique, même si je pense ne jamais l'entendre miauler ou ronronner ou répondre au nom que je lui ai donné parce qu'il est tout gris, je l'aime ce chat. Cela fait du bien de donner sans espoir de "retour".

Ariaga

 

08/10/2008

La Lumière de la Nature

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L'idée de "Lumière de la Nature" était déjà en germe chez le scolastique platonicien Guillaume de Conches (1080-1154) qui avait une théorie de l'Âme du Monde assimilable au sens de la nature et qu'il identifiait au Saint Esprit. Cette idée de Lumière de la nature a été énoncée par la plupart des philosophes alchimistes de l'occident et en particulier par Paracelse. Elle a, dans l'oeuvre de ce dernier, un rôle important et un caractère relativement métaphysique. La lumière de la nature, considérée par lui comme un lien entre la matière et l'esprit, est indispensable à quiconque veut étudier le "texte des livres de la nature". Elle va l'instruire, c'est à dire lui montrer comment il faut procéder intuitivement.

La Lumière de la Conscience fait, en quelque sorte pendant à la Lumière de la Nature. Elle est appelée "Raison" par les alchimistes qui pensent que leur union est nécessaire pour accomplir l'Oeuvre. Il existe un ouvrage de Michel Maïer qui s'appelle l'Atalante Fugitive, publié en 1617, où il est écrit au dessus d'une illustration représentant un homme qui marche dans l'obscurité une lanterne à la main alors qu'au premier plan est dessinée une puissante femme  :

"A celui qui est versé dans la Chymie, la Nature, la Raison, l'expérience et la lecture doivent tenir lieu de guide, de baton, de lunettes et de lampe ".

Ceci n'est pas sans rappeler le rêve de Jung au moment où il s'avance la nuit dans un endroit inconnu et se rend compte que la petite lumière qu'il protège à deux mains, la petite flamme de sa conscience, est son bien le plus précieux (c.f. Ma vie, p. 110). La traduction  par Etienne Perrot de l'épigramme qui est sous l'illustration est tout un programme de vie pour le chercheur de vérité :

Que la nature soit ton guide, que ton art

La suive pas à pas ; tu t'égares loin d'elle.

Que l'esprit soit ta canne ; affermissant tes yeux

L'expérience au loin te donnera de voir.

La lecture, flambeau brillant dans les ténèbres,

T'éclaircira l'amas des mots et des matières.

Il me semble que ces idées anciennes, mais, je crois, toujours d'actualité, sont une bonne démonstration de la nécessité de l'union entre les forces inconscientes de la nature et les forces conscientes de la raison. Depuis le désastreux Descartes nous avons eu tendance à privilégier la raison, la pensée, oubliant notre Mère Nature qui commence à se mettre sérieusement en colère.

Ariaga

02/10/2008

La veuve

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Elle va souvent sur la grève

Elle regarde les flots grisâtres

Et quand la vague se dilate

Elle attend encore et encore

Que la mer délivre le corps

De son amour pas vraiment mort.

Et la vague déferle et avance

Vide

Pour mourir sur le sable

Changée en tache humide.

On lui dit, vous le portez dans votre coeur. Elle dit, mais où est son corps chaud, où est celle qui se tenait nue, les cheveux épars, devant lui tendu par le désir.

Où est le souffle brûlant sur la nuque, où sont les bras où sont les chuchotements, les enveloppements, les emboîtements, ce que nous n'avons pas fait, ce que nous n'avons pas dit.

Dans la profondeurs des étoffes

Où elle enfouit sa solitude

Monte une odeur de bois pourri

Au coeur des intimes ténèbres.

Ariaga

 

03/09/2008

Handicapé

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Toi, le handicapé anonyme dont l'ombre rampe vers la porte et les couloirs sans fin de l'hôpital,

le regard cherche la lumière de la fenêtre,

je voudrais découper ton nom aux ciseaux des mots, aux ciseaux des sons, dans la langue des oiseaux des anciens alchimistes.

Handicapé, caché derrière le H, la hache qui a coupé le fil, il y a l'an, ces années que tu comptes et peuples de tes rêves. Hand est la main que je voudrais te tendre pour l'invitation au voyage. Au centre je devine Icare et son vol plein d'espoir. Je vois aussi la cape tissée d'amour pour t'envelopper et le cap qu'il nous faudra tenir pour arriver au but ultime, à la dernière station des vacances imaginaires.

Toi, l'anonyme que l'on promène du lit au fauteuil et du fauteuil au lit, ta chambre est la dernière station de notre train.

Je viens te chercher, nous venons te chercher car je ne suis pas seule. Tout l'été nous avons voyagé vers toi dans le seul but, par la force de notre rêve, par la force de notre amour, de t'emmener avec nous. Pas dans un pays lointain, pas dans des lieux grandioses, simplement descendre le petit chemin, juste à gauche du banc des premiers jours de l'été, et marcher tous ensemble sur la plage.

Tu penses, tu ne dis pas, les mots aussi sont partis, tu penses, je ne peux pas marcher, mon corps s'est absenté.

Ce n'est pas important. Tu es moi et les autres, tu es moi et je suis celui qui est assis dans le fauteuil devant la fenêtre.

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Tu es pieds nus et tu marches sur le chemin humide comme un enfant qui naît. Ce chemin qui conduit vers la mer. Sur la plage, le sable fin s'insinue entre tes doigts de pieds. L'odeur marine pénètre chaque pore de ta peau et la vague de la marée montante frissonne le long de tes jambes . Tu cours, tu danses dans la poussière bleue des gouttes d'eau. Tu n'es plus que sensations et le cri de joie qui monte à ta gorge nous le poussons tous ensemble.

Par une après-midi de fin d'été, dans un rayon de lumière, le long train de banc des vacances imaginaires est arrivé à destination.

Ariaga

 

17/08/2008

Construction du village de l'Amour

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Comme un cordage enroulé,

une chaîne d'amitié, nous a servi à tirer, vers des lieux qu'ils ignoraient,

des hommes emprisonnés.

Ce boulet aux pieds, ce poids sur le coeur, tout ce qui les empêchait de voyager librement, est devenu ballon s'échappant aux vents de l'imaginaire.

Et quand ils sont revenus de leurs folles aventures, ils n'étaient plus solitaires. Un village s'était construit dans l'Athanor, un village aux reflets d'or, un village tout plein de bancs et de sons de cloches sonnant la liberté intérieure. Un village du nom d'AMOUR.

Ariaga