30/03/2016
Le cri des images
Les images crient dans ma tête
Cris avant l'impact.
Cris dans la fumée du boum.
Cris des membres arrachés.
Cris non entendus sous les décombres.
Cris au chavirage.
Cris d'engloutissements.
Cris d'enfants martyrisés.
Cris de l'innocence bafouée.
Cris devant l'injustice.
Cris en noir et blanc.
Cris en couleur et bientôt en relief.
Bouillie d'images, bouillie de sang.
Ce matin, le vieil alchimiste qui parle à l'oreille de mon cœur m'a dit, quelque peu pontifiant : bouche toi les yeux.
Mon vieil ami, tu es d'un autre temps et tu ne sais pas que c'est impossible à moins que je ne devienne aveugle et sourde !
Ariaga
12:09 Publié dans blog et quotidien, La vie quotidienne, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (50) | Tags : écriture, société, philosophie, attentats, images, poésie, jung
20/03/2016
Michel Serres philosophe sensuel
On peut être à la fois l'un des plus grands philosophe contemporain et écrire des texte poétiques d'une belle sensualité. C'est le cas pour Michel Serres et je vous propose, pour preuve, ces lignes extraites de son ouvrage Les cinq sens (Hachette littératures, p. 224). Dans cette partie de l'ouvrage le philosophe parle de l'odorat.
"Aimer un corps, cette rareté bien singulière ; sur toute la surface de la terre, nul volume n'a plus de prix. Amour nous rend confus, deux vases versent ensemble. Erre en surface des peaux, voiles, tissus complexes et subtils, tel parfum indéfinissable qui n'appartient qu'à elle et à lui et les signale l'un à l'autre, consentants. On n'aime pas sans l'improbable accord des odorats, miracle de reconnaissance entre les traces invisibles volant sur la nudité, comme l'air et les nuages planent au dessus du sol. Jusqu’à la mort demeure en nous l'esprit, au sens chimique et mystique du mot écrit ou parlé, au sens du nez, l'esprit émané de qui nous avons aimé. Il revient fantôme, à de certaines aurores, sur la peau. L'amour parfume la vie, les arômes ramènent les rencontres et leurs fastes.
On embaumait autrefois les morts : pour que le souvenir évoquent ceux que nos aïeux avaient aimés.
La vie même s'annonce de loin par cette émanation. Elle embaume."
Je crois pouvoir dire sans me tromper que Michel Serres est un de ces "Philosophes de la Nature" dans les pas desquels je m'efforce de marcher.
Ariaga
11:34 Publié dans Alchimie, amour, Citations, Philosophie, poésie | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : citations, philosophie, société, amour, michel serres, poésie, sensualité, écriture
29/11/2015
Saint-John Perse,une ode à la femme
Saint-John Perse, en des lignes poétiques, pour moi inégalées, chante la femme en tant que fille de notre Mère Nature. Je voudrais aujourd'hui partager avec vous une petite partie de cet hymne à l'amour puissant comme une vague et d'un érotisme émouvant, au vrai sens du mot érotisme trop souvent galvaudé. Ariaga.
***
" Ô femme et fièvre faite femme ! Lèvres qui t'ont flairée ne fleurent point la mort. Vivante - et qui plus vive ? - tu sens l'eau verte et le récif, tu sens la vierge et le varech, et tes flancs sont lavés au bienfait de nos jours. Tu sens la pierre pailletée d'astres et sens le cuivre qui s'échauffe dans la lubricité des eaux. Tu es la pierre laurée d'algues au revers de la houle, et sais l'envers des plus grands thalles incrustés de calcaire. Tu es la face baignée d'ombre et la bonté du grès. Tu bouges avec l'avoine sauvage et le millet des sables et le gramen des grèves inondées ; et ton haleine est dans l'exhalaison des pailles vers la mer, et tu te meus avec la migration des sables vers la mer..."
...
" Submersion! soumission! Que le plaisir sacré t'inonde sa demeure! Et la jubilation très forte est dans la chair, et de la chair dans l'âme est l'aiguillon. J'ai vu briller entre tes dents le pavot rouge de la déesse. L'amour en mer brûle ses vaisseaux. Et toi, tu te complais dans la vivacité divine comme l'on voit les dieux agiles sous l'eau claire, où vont les ombres dénouant leurs ceintures légères...Hommage, hommage à la diversité divine! Une même vague par le monde, une même vague notre course... Étroite la mesure, étroite la césure, qui rompt en son milieu le corps de femme comme le mètre antique, et l'odeur de ses vasques erre dans notre lit...Rouge d'oursin les chambres du plaisir."
Saint-John Perse
Amers, p. 333/334, La pléiade.
18:37 Publié dans amour, Citations, Nature, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : poésie, saint-john perse, amour, citations, littérature, nature, photographie
20/11/2015
Poésie à la fenêtre
Depuis des temps,
une poésie flottait sur l'océan de ce qui est.
Au matin, quand les rêves s'éloignent sur la pointe des pieds,
elle frappait à la porte de ma pensée.
Aujourd'hui,
j'ai ouvert les volets sur le plein du vide.
Fulgurance !
Éblouie, revêtue d'une robe de larmes douces, le cœur béant, je l'ai reçue comme un trésor qui ne doit pas s'échapper,
et vivement cleffée dans la boite des mots.
Elle est tellement précieuse celle qui sera l'ultime poème, je ne peux pas encore la partager, juste en jeter des miettes pour nourrir les oiseaux parleurs de langues oubliées.
Ariaga
16:12 Publié dans Alchimie, Philosophie, photo, poésie, rêve | Lien permanent | Commentaires (36) | Tags : écriture, poésie, poème, philosophie, spiritualité, culture, photo, oiseaux
31/10/2015
Un regard
Celui que j'aime dans un temps qui n'existe pas était un oiseau aux ailes trouées.
Franchissant une porte que l'on ne peut passer à deux, une porte vers ce lieu oublié d'où nous venons et où nous allons, il est parti le premier à la recherche d'une paire d'ailes neuves.
Au moment de franchir le seuil étroit, il s'est un instant retourné et son regard me disait ne t'en fais pas je t'attendrai.
Ariaga
10:53 Publié dans amour, Nostalgie, Philosophie, poésie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : amour, poésie, écriture, philosophie, spiritualité, mort, fête des morts
02/10/2015
La lune rouge et le chamane
Peinture et texte ÉPHÊME
L'éclipse de lune semble avoir eu sur Éphême de curieux effets. Je me demande même si il n'avait pas, en cette occasion, absorbé quelque substance propice aux "rêves et imaginations", comme l'aurait dit le cher C.G.Jung. Il est évident qu'il ne me viendrait jamais à l'idée de consommer du Chamane, même cuit à point !!! Ariaga.
***
Le glacis sous le porche luit, tel un lac de conte, sous sa carapace de gelée glacée. Je somnole en couvant le feu, devant l’éblouissante main du ciel. La pleine lune, notre déesse mère, née des amours contrariés de la nuit et du soleil, poudroye le ciel phosphorescent de ses bijoux, ses mains de mains de mains des étreintes fulgurantes des étoiles.
Peut-être un petit somme… les braises nées du sang du ciel se moirent par vague sous le vent. La lumière me semble un peu fade. Là, je fais un bond ! La Mère Lune a perdu un bon morceau de sa viande ! Je vais vite secouer les membres du clan enfouis sous leurs couvertures de loutres dans la maison. Dès qu’ils voient la Mère, ils frissonnent de peur. Le vieux chamane avait bien dit qu’un jour Elle se vengerait de nos errances, mais c’était il y a si longtemps, du temps des mères de nos mères de nos mères, et personne n’avait cru ce vieillard édenté qui abusait des champignons et macérations diverses.
Tous le regardent. Io, le vieux Burineur squelettique de la famille, le Maître du Tambour sacré, du silex et de l’ivoire, si vénéré pour sa fresque des Lions près de l’Arche Sacrée venait d’achever après un long silence une Déesse Mère filiforme, au lieu des rondeurs modelées par les anciens. Personne n’avait protesté, seuls quelques murmures s’étaient élevés contre cette offense à la Déesse.
La lune s’affaiblit, et devient un astre étrange rayonnant du rouge dans un ciel figé où l’air a disparu. Blême sous sa capuche de loup, Io se glisse doucement vers la petite antre des ancêtres, prend la statue-âme du mammouth, l’amant secret de sa compagne, avec qui il fait d’inénarrables parties de ballon trompe-zénith, trompe-pattes, pour rester décent. Il s’accroupit, ravive les braises, et dépose la statue dans le foyer. Puis il se relève, salue le clan, transforme le foyer en un enfer torride à grands jets de fagots, se relève, tranche sa gorge d’un coup d’une longue lame de silex blond et s’effondre dans un feu d’artifice d’escarbilles et d’étincelles. La lune rouge esquisse un sourire.
Il fallut le retourner plusieurs fois pour le saisir, puis le mijoter sur des galets brulants recouverts de genévriers qui le parfumèrent à merveille.
Pas si mauvais ce chamane avec un peu de sel.
Vengée, la lune rayonne à nouveau, ayant vidé son sang dans le charbon des âmes. Presque tous les anciens passeurs des Dieux, imprévoyants de la colère du ciel, ont été immolés dans les cavernes de la vallée. Le progrès est en marche, et je suce mes doigts pour ne rien perdre du bon goût de Io.
ÉPHÊME
10:25 Publié dans Alchimie, CONTRIBUTIONS, Nature, poésie, rêve, Science-fiction et Fantastique | Lien permanent | Commentaires (44) | Tags : écriture, poésie, rêve, lune, jung, peinture, humour, chamane, fantastique
20/09/2015
La substance merveilleuse
Quand des pensées nouvelles émergent du silence, leurs rayons de sont pas oeuvrés de la vile matière des recommencements mais d'une merveilleuse et précieuse substance source de la création.
C'est alors que l'eau croupissante du quotidien devient une Eau-de-Vie qui anime jusqu'au cœur celui qui la boit. On raconte que, sur certains chemins, on peut le rencontrer, ivre de désir, sur des routes frôlant les précipices, revêtu de souffle, balbutiant de confuses paroles au sujet de sa grande faim d'une merveilleuse substance dont il ne peut oublier la saveur après en avoir reçu un jour une précieuse goutte de hasard.
Ariaga
15:02 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, poésie, rêve | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écriture, poésie, alchimie, philosophie, spiritualité, rêve, inspiration
30/08/2015
Handicapé (bis,23)
Toi, le handicapé anonyme dont l'ombre rampe vers la porte et les couloirs sans fin de l'hôpital,
le regard cherche la lumière de la fenêtre,
je voudrais découper ton nom aux ciseaux des mots, aux ciseaux des sons, dans la langue des oiseaux des anciens alchimistes.
Handicapé, caché derrière le H, la hache qui a coupé le fil, il y a l'an, ces années que tu comptes et peuples de tes rêves. Hand est la main que je voudrais te tendre pour l'invitation au voyage. Au centre je devine Icare et son vol plein d'espoir. Je vois aussi la cape tissée d'amour pour t'envelopper et le cap qu'il nous faudra tenir pour arriver au but ultime, à la dernière station des vacances imaginaires.
Toi, l'anonyme que l'on promène du lit au fauteuil et du fauteuil au lit, ta chambre est la dernière station de notre train.
Je viens te chercher, nous venons te chercher car je ne suis pas seule. Tout l'été nous avons voyagé vers toi dans le seul but, par la force de notre rêve, par la force de notre amour, de t'emmener avec nous. Pas dans un pays lointain, pas dans des lieux grandioses, simplement descendre le petit chemin, juste à gauche du banc des premiers jours de l'été, et marcher tous ensemble sur la plage.
Tu penses, tu ne dis pas, les mots aussi sont partis, tu penses, je ne peux pas marcher, mon corps s'est absenté.
Ce n'est pas important. Tu es moi et les autres, tu es moi et je suis celui qui est assis dans le fauteuil devant la fenêtre.
Tu es pieds nus et tu marches sur le chemin humide comme un enfant qui naît. Ce chemin qui conduit vers la mer. Sur la plage, le sable fin s'insinue entre tes doigts de pieds. L'odeur marine pénètre chaque pore de ta peau et la vague de la marée montante frissonne le long de tes jambes . Tu cours, tu danses dans la poussière bleue des gouttes d'eau. Tu n'es plus que sensations et le cri de joie qui monte à ta gorge nous le poussons tous ensemble.
Par une après-midi de fin d'été, dans un rayon de lumière, le long train de banc des vacances imaginaires est arrivé à destination.
Ariaga
11:05 Publié dans amour, Jung et la psychologie des profondeurs, Nostalgie, Philosophie, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : handucap, voyage, vacances imaginaires, amour, trains, poésie, hôpitaux
27/08/2015
Construction du village de l'Amour (bis,20)
Comme un cordage enroulé,
une chaîne d'amitié, nous a servi à tirer, vers des lieux qu'ils ignoraient,
des hommes emprisonnés.
Ce boulet aux pieds, ce poids sur le coeur, tout ce qui les empêchait de voyager librement, est devenu ballon s'échappant aux vents de l'imaginaire.
Et quand ils sont revenus de leurs folles aventures, ils n'étaient plus solitaires. Un village s'était construit dans l'Athanor, un village aux reflets d'or, un village tout plein de bancs et de sons de cloches sonnant la liberté intérieure. Un village du nom d'AMOUR.
Ariaga
10:00 Publié dans Alchimie, amour, Jung et la psychologie des profondeurs, Nostalgie, Philosophie, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, vacances imaginaires, voyage, alchimie, jung, spiritualité, photo, écriture
26/08/2015
Naissance du petit banc perdu (bis,19)
Kaikan (lien) au cours de la quête qu'elle effectue sur son superbe blog a pressenti, ressenti, rêvé, qu'un petit banc perdu errait quelque part séparé du train de banc des voyages imaginaires. Elle est partie à sa recherche. Son texte ne pouvait qu'être publié ici car Kaîkan voyage déjà depuis longtemps avec les participants des vacances dans la tête. Elle m'a envoyé les illustrations du texte qu'elle a publié sur son blog mais je dois avouer que, si vous voulez voir l'ensemble dans les meilleures conditions artistiques, il vous faut aller lire le texte chez elle. Il s'intitule : Des étoiles au sol . Je vous souhaite de partager avec moi cet instant de bonheur. Ariaga.
Aux ruelles étroites, des réverbères de chardons ,,,
Une agression renversée et qui éclaire ,,Une pluie d'étoiles qui agrémente le tapis de pavés ,,,
Les ténèbres n'étant pas les ténèbres coutumières, j'entrai dans la cité, l' âme retournée de l'intérieur et nous savons tous que ce déhanchement d'âme est porte ouverte aux révélations ,,,
Et des étoiles qui habillent le sol, ça vous fait un livre ouvert à chaque pas , un univers à chaque regard, une certitude renversée à chaque sursaut ,,, La liberté au bout du sentier en quelque sorte et je sentais bien que le petit banc était passé par là ,,, un je ne sais quoi de parfum boisé ,,, de saule et de bouleau ,,, une petit né de celui qui montait au ciel pour mieux embrasser le sol, celui qui s'élançait au ciel pour faire révérence à chacun et de celle qui se pelait la peau pour mieux offrir aux regards les plaies de l'humanité ,,, Eh oui, ce petit là avait eu sa gestation bercée des misères du monde ,,, pas que ses parents soient défaitistes, juste réalistes et ils croyaient tellement en l'homme qu'ils avaient décidé de lui offrir une halte, un repos dans les longues marches, une halte après une journée de labeur, un repaire d'amoureux « Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics ,,, » et leur désir était tellement fort qu'un petit banc avait vu le jour au grand rendez-vous des bancs chez Ariaga mais voilà qu'une secousse l'avait désolidarisé de la longue cohorte des nomades ,,,
Les étoiles au sol me disaient son passage, un je ne sais quoi d'or accroché à leur velours ,,,Et au détour d'un chemin, un astre divinatoire, une boule d'or qui dit la bonté humaine, une caresse bancale qui redonnait vie aux boules de verre anodine, une gentillesse de bois qui offrait un peu de repos aux âmes tourmentées, une couche de hasard pour l'homme épuisé, un fauteuil improvisé pour une lecture solitaire, un appui transitoire pour des confidences vitales, un arrêt possible pour des bras usés de porter les gabats, pour les mères fatiguées de porter les bambins ,,,
KaÏkan, texte et photos.
09:10 Publié dans arts, CONTRIBUTIONS, Nature, Nostalgie, photo, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, poésie, art, rêve, voyage, kaïkan, vacances imaginaires
23/08/2015
Déserts (Bis 17)
Comme je l'ai dit, je me repose en silence sur le banc des vacances imaginaires et je regarde passer les trains de bancs. Celui-ci conduit et illustré par Éphême, (je pense qu'il devrait ouvrir un blog...) nous fait rêver de déserts. Déserts oniriques déserts ou les caravanes s'arrêtent dans les oasis tandis que flambe la lumière solaire. Si vous voulez voir un peu mieux les deux aquarelles de Éphême allez sur mon blog photo car ici elles ont toutes les chances d'être tronquées. Bon voyage, moi je regarde les images et les mots et je rêve...Ariaga.
09:13 Publié dans arts, CONTRIBUTIONS, Nature, Nostalgie, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, poésie, voyage, vacances, rêve, art, déserts, peinture
22/08/2015
Le pays de Mutti (bis,16)
09:22 Publié dans arts, CONTRIBUTIONS, Nostalgie, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, art, poésie, fantastique, voyage, rêve, chats, imagiantion, jung
19/08/2015
Chats de bancs (bis,13)
La panthère étant plus ou moins maîtrisée, j'ai envie de vous parler des chats qui rôdent près des bancs des vacances imaginaires. Il y en a certainement beaucoup mais je me limiterai à deux, Grisou, mon chat qui n'est pas mon chat, et un chat habitant du banc ajouté au train de banc par un nouveau lien, un musicien : Michel Tardieu (Chronophonix).
Grisou était d'abord un hérisson supposé à l'attention duquel je déposais de la nourriture, restes de salades, crudités, et divers, dans un creux à l'abri des oiseaux. Deux bons mois ont passé et je trouvais le hérisson tellement vorace que je l'ai cru féminin et mère de famille nombreuse. Un soir tard, dans la pénombre, sous une forte pluie, j'ai aperçu un être famélique de couleur grise et de forme féline. Il tirait la nourriture du trou avec sa patte et j'ai compris que mon hérisson était un très jeune chat nourri de salade. J'ai amélioré le menu mais pendant longtemps il n'a accepté de manger que la nourriture déposée dans le trou, et seulement si aucun être humain ne se trouvait à proximité. Je savais qu'il venait seulement si je fermais les volets. Après, il a supporté ma silhouette derrière la vitre. Il a fallu des semaines pour qu'il mange sous une table du jardin et autant pour qu'il vienne s'asseoir sur un banc. Ce banc est devenu son domaine mais dès que j'apporte sa nourriture il s'enfuit et vient manger quand il croit que je suis partie. C'est maintenant un beau chat, nourri deux fois par jour, au poil gris luisant, genre chartreux, mais toujours aussi craintif, impossible à approcher et éloigné du monde des humains.
Un événement, dans sa vie et dans la mienne est survenu il y a quelques jours. J'étais au premier étage et, tôt le matin, j'ai ouvert les volets et je suis allé sur le balcon. Grisou était sur "son" banc. Surpris par ma présence, il a levé vers moi des grands yeux d'or pleins de crainte et d'amour. Il ne s'enfuyait pas, il était comme pétrifié. Maintenant, tous les matins, je fais mon apparition au balcon, je sais qu'il attend, et il lève vers moi ses yeux adorants. Il ne sait pas qu'il s'appelle Grisou, c'est un vrai sauvage, mais je le trouve exceptionnel car c'est grâce à lui que je suis devenue Dieu !
Ariaga
Voici maintenant le texte et la photo qui l'accompagnent de Michel Tardieu. Voici pour les voyageurs du banc comment il se présente lui même à ma demande : "inventeur de musique poétique, de poèmes musicaux, chercheur de vérité au présent, amoureux du quotidien et grand pourfendeur du passé comme du futur, aime photographier la vie des êtres et des choses, jouer du piano, la bière, et bien sûr, se complait immodérément dans le monde virtuel du net !"
Banc banal
Un chat sur un banc
un simple banc banal
un banc un peu bancal
et sur ce banc, royal,
ce chat qui se régale
d'un banc de poissons-chats...
mais où sont-ils partis
ces poissons dégourdis
y ai-je bien réfléchi ?
le temps qui va passer
pour penser à tout ça
va me pousser à bout
tout au bout de ce banc
ce banc qui me repousse
me pousse de bambou
mais chut...! sujet tabou
car de bouche à oreille
cette histoire de poisson
m'en bouche un coin, c'est net
au bout du banc, du chat
transformé en banquette
en canapé tout doux
où viens jouer ce chat
tu veux jouer à chat
sur ce banc un peu flou
ce bout de banc bien fou
ce banc qui s'abandonne
et ce chat qui ronronne
en croquant ses poissons
au bout du temps qui passe
à écrire des p'tits bouts
de poésie bancale
Ben çà...c'est pas banal !
10:05 Publié dans CONTRIBUTIONS, La vie quotidienne, Nature, Nostalgie, poésie, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, poésie, vacances, imagination, chats, nature
16/08/2015
Voyages de bancs (bis,11)
Le modeste petit banc faisant face à la mer d'où est parti le voyage du laboratoire du rêve et de l'alchimie spirituelle vers les pays de l'imaginaire s'est transformé en un train de bancs, puis en bancs sur tapis volants, puis en...je ne maîtrise plus rien, les bancs ont pris le pouvoir, ils montent, ils descendent, ils se pétrifient, s'ornementent, ils parlent, ils frappent aux porte. Ce matin il en est venu un, de très loin, c'était un banc-chaise, et comme je le pensais fatigué par ce long voyage j'ai décidé de le coucher ici pour qu'il se repose. Il était voituré par Chris-Tian Vidal (lien avec son blog) et comme il parlait une langue étrangère Chris-Tian lui a prêté ses mots . Chris-Tian est l'auteur d'un petit (par la taille) livre intitulé Carnets D'Asies qui a sa place sur le banc car il s'agit d'un voyage initiatique guidé par le Tao et la psychanalyse. Si vous voulez en savoir plus allez sur le blog de Chris-Tian. Et maintenant accueillons le voyageur. Ariaga.
Photo et texte Chris-Tian Vidal
"Bonjour, lecteurs de notre alchimiste. En fait, c'est pas tout à fait un banc. C'est un banc, oui mais à ses côtés, il y a deux chaises dont une chaise-poète. Cette chaise-là m'a tenu compagnie, l'été passé, en Mongolie. Ensemble nous avons contemplé, pendant de longues heures, la perle bleue des nomades, le lac Hüsgül, le petit frère du lac Baïkal, appartenant jadis à la Mongolie. On a entendu la tristesse de Hüsgül dépossédé de son grand frère Baïkal. Une tristesse freudienne de la perte. Ensemble, nous avons rêvé et d'autres à côté de nous sont venus s'asseoir. Tous, nous avons parlé le langage oublié, c'est-à-dire le langage des humains. Tant des nôtres l'ont perdu et c'est ce qui crée toutes ces détresses humaines. Alors, face au lac, j'ai lu des poèmes de François Cheng et de René Char. Ainsi, cette chaise-poète a appris la langue et la poésie françaises. Puis, je lui ai promis de revenir en été 2008 et de vilains ennuis de santé m'en empêchent. Elle a d'abord pensé que je n'étais pas un homme de parole puis elle su, comme le savent tous les bancs et toutes les chaises érudits. On m'a ensuite dit que la chaise récitait des poèmes et les nomades mongols ont été chargés de lui dire que je ne viendrais pas cette année. Elle en avait déjà eu la prescience, bien sûr. La chaise-poète en a pris son parti et elle entonne ces vers à ceux qui prennent le temps de la contemplation; elle récite ces vers de René Char, et elle pense à moi et je pense à elle :
"A trop attendre,
On perd sa foi.
Celui qui part
N'est point menteur
Ah! le voyage
Petite source."
J'ai appris depuis peu, à travers un long chant mongol parti des steppes et parvenu à Toulouse, à mes oreilles, toujours à l'affut des bruits du monde que la chaise-poète prenait son banc et son autre chaise et quittaient ensemble Hüsgül pour rencontrer le banc de l'alchimiste française Ariaga. Cette chaise-poète aime aussi la psychanalyse et depuis près d'un an d'attente, elle ne manquera pas d'en conter sur le banc de l'alchimiste Ariaga.
Voilà des instruments de pause-voyageurs, en partance pour le laboratoire-alchimiste, sans doute influencés par René Char...
Que tous les bancs du monde chez Ariaga viennent se retrouver et brisent ainsi les solitudes estivales de ceux qui restent sur place et de leurs petites sources donnent naissance à un malin petit lac limpide et rigoleur.
Après le banc de Noël, voilà une chaise mongole qui déclame en longues chansons mongoles les aphorismes des poètes français qu'elle a appris l'an passé.
Pouvez-vous lui offrir une petite place sur ce blog-ami ? Elle est généreuse, elle n'arrive point seule et ensemble nous pourrons tous nous asseoir, entendre la poésie, goûter à la beauté des choses, alors qu'à l'autre bout du monde nos frères mongols chantent encore le chant de la Terre et du départ et qu'ils le font accoucher du fond de leurs entrailles, les larmes aux yeux.
Merci pour eux.
09:00 Publié dans Alchimie, CONTRIBUTIONS, Nostalgie, poésie, rêve, Vacances imaginaires, Voyages, ambiances | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, poésie, vacances, voyages, asie, amitié
14/08/2015
Rêve de bancs (bis,10)
Mais je me tais… L’alchimiste fofolle arrive… Elle ne doit rien deviner. Chutttt."
Post scriptum d'Ariaga : L'alchimiste fofolle n'a pas réussi à insérer la peinture de Éphême en entier dans la colonne du blog. Vous pouvez la voir non amputée dans l'album photo.
09:07 Publié dans Alchimie, CONTRIBUTIONS, Jung et la psychologie des profondeurs, Nature, Nostalgie, poésie, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : voyage, vacances, poésie, rêve, alchimie, jung, art, écriture