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29/01/2012

Analyse du cas Nietzsche par Jung

Monstre.jpg

 Suite des trois notes précédentes

Pour Jung la philosophie, comme la psychologie, est destinée  à l’homme et non à la pure spéculation intellectuelle. L’un de ses grands reproches envers Nietzsche est de ne pas avoir appliqué ”ses théories” à sa propre vie. Il écrit dans Ma vie :

“Nietzsche, avec son exubérance, ne serait peut-être pas tombé hors du monde s’il s’en était tenu aux bases mêmes de l’existence humaine.

Il avait perdu le contact avec le réel, se voulait un philosophe-médecin mais ne maîtrisait pas sa propre santé.
 
    L’analyse du “cas Nietzsche“ sur le plan de la névrose et de la folie du philosophe pendant les dix dernières années de sa vie a été effectuée dans Psychologie de l’inconscient, ouvrage assez ancien, mais dont la dernière édition entièrement revue date de 1942.

Jung éxamine d'une manière critique la vie de Nietzsche . Il prèchait un grand oui à la vie et à l'impulsion mais s'imposa un mode de vie assez maniaque et très contraignant décrit en détail dans Ecce homo. Il a recherché les meilleurs climats, les régimes les plus divers, et absorbé beaucoup de somnifères. Finalement comme l’écrit Jung dans Psychologie de l'inconscient (p.67)
“Il prêchait de dire oui à l’impulsion et il vécut une négation de la vie. Les hommes lui inspiraient un trop grand dégoût et en particulier l’homme en tant qu’animal qui vit de son instinct, pour qu’il puisse en être autrement” … “C’est pourquoi la vie de Nietzsche ne nous convainc pas de la justesse de sa doctrine. Car le “surhomme” veut pouvoir vivre à Naubourg et à Bâle, malgré le “brouillard et les ombres” il veut la femme et la progéniture …”Nietzsche omit de vivre un instinct, précisément l’instinct animal de la vie : Nietzsche fut, sans que cette considération attente le moins du monde à sa grandeur et à sa signification, une personnalité maladive”.
  Il y a une dissemblance manifeste entre le comportement de Jung et celui de Nietzsche. Jung aimait les plaisirs de la vie. Il fumait, était amateur de bonne chère et de bon vin. Il eut femme et enfants et résistait difficilement à la beauté et à l’intelligence féminine. Ce que j'ai dit dans la note précédente sur l'accord entre Nietzsche et Jung sur le côté positif des grandes maladies se retrouve dans les écrit de Nietzsche mais pas  dans la ”personnalité maladive”dont parle Jung. Une personnalité qui n'a pas appliqué sa philosophie dans sa vie quotidienne.
    Pourtant, pense Jung, il y avait en Nietzsche un dynamisme, une énergie de vivre, et si on lui avait reproché de tourner le dos à l’instinct il aurait protesté vigoureusement. Pourquoi, alors, ses impulsions instinctives l’ont-elles éloigné du monde des autres hommes, isolé dans un dégoût du “troupeau humain” ? La réponse serait qu’à côté de l’instinct de la satisfaction des sens et de la conservation de l’espèce il existe un autre instinct, celui de la “conservation de soi-même”. Il s’agit de la “volonté de puissance”. C’est de cet instinct que parle Nietzsche et tout le monde pulsionnel dérive pour lui de cette volonté. La conséquence en est une unilatéralité et une grave inflation psychologique que Jung décrit ainsi  dans Psychologie de l'inconscient (p.68,69)

“Le cas de Nietzsche montre d’une part quelles sont les conséquences d’une unilatéralité névrotique, et d’autre part quels sont les dangers que comporte en soi toute tentative de sauter par- dessus le christianisme. Nietzsche a indubitablement ressenti au plus profond de lui-même la négation, qu’impose le christianisme, de la nature animale de l’homme, et il se mit en quête d’une nouvelle totalité humaine, édifiée sur un plan plus élevé, par delà le bien et le mal. Quiconque soumet l’attitude fondamentale du christianisme à une critique sérieuse se dépouille par là même de la protection séculaire que celui-ci lui ménageait. Il se livre alors inéluctablement à l’âme animale de l’homme. C’est alors le moment de l’ivresse dionysiaque, la révélation bouleversante de la “Bête blonde” qui s’empare du naïf, ignorant de l’aventure où il s’est engagé, et qui le remplit d’un vertige inconnu. L’état frissonnant de possession dans lequel il se trouve fait de lui un héros, ou une espèce de demi-dieu, animé par le sentiment d’une grandeur supra-humaine. Il se sent précisément “à six mille pieds par delà le bien et le mal.”

    C’est la puissance du Moi qui a été exaltée dans le cas de Nietzsche. Une sorte d’héroïsme chronique lui a fait perdre la plasticité adaptative nécessaire à la vie. Au moment où il fut confronté avec son ombre qui était la volonté de puissance il n’a pas su la reconnaître. Au cours du combat entre le principe du Moi et le principe de l’instinct, lui qui prônait la complexité et le dépassement des limites, s’est retrouvé dépendant de la structure et de la limitation d’un Moi qui ne pouvait supporter la présence de cet “autre”, de cet adversaire intérieur, son ombre. Toutes les manifestations de l’inconscient sont devenues suspectes à celui-là même qui avait su écrire sous sa dictée le premier livre du  Zarathoustra. L’ombre y était re-présentée symboliquement d’une manière très visible  sous la forme de “l’homme le plus laid” mais le surhomme dans lequel se projetait Nietzsche a refusé de la voir.
     Zarathoustra lui-même, comme le dit Jung dans Ma vie , était la grande ombre de Nietzsche. C’était aussi une manifestation de l’inconscient, semblable à celle de son propre numéro 2. Le problème vint du fait que Le Moi conscient de Nietzsche préoccupé d’héroïsme et déraciné des forces vitales n’était pas assez fort pour conserver sa cohérence et son identité. Il devient Dionysos et le “crucifié” et sa cohérence psychique éclata définitivement. L'annonce de cette dissolution se lit dans le poème Sils-Maria qui fait partie des Chansons du prince hors la loi dans Le Gai Savoir :

    Ici j’étais assis à attendre,
    Attendre - mais à n’attendre rien,
    Par delà le bien et le mal , à savourer tantôt
    la lumière, tantôt l’ombre,
    N’étant moi-même tout entier que jeu,
    Que lac, que midi, que temps sans but.
    Lorsque soudain, amie !  un se fit deux
    Et Zarathoustra passa devant moi...   

C’est à ce moment que commença la sensation d’’écartèlement qu’il éprouva au début de la maladie mentale qui le conduisit à une terrible dissociation de la personnalité. Nietzsche avait voulu donner un sens au Soi mais il n'eut pas la force psychique de résister aux attaques de son inconscient, attaques qui le déconectérent de la réalité.

Ariaga

À suivre

Jean Bissur, auteur du blog Autour de Carl", vient d'ouvrir un forum assicié à son blog dont je vous donne le lien : Forum autour de Carl.

Vous pouvez ausii lire une poésie intitulée Feuille monde sur mon autre blog.

21/01/2012

Peur et curiosité de Jung envers Nietzsche

Lutte du noir et blanc.jpg

 

La curiosité  de Jung au sujet de la philosophie et des philosophes s'était éveillée dès son adolescence mais s'il appréciait chez Schopenhauer le thème de la souffrance du monde et la manière de présenter les problèmes il n'aimait pas sa façon de les résoudre. Il trouva chez Kant une théorie de la connaissance mais détesta Hégel et son langage "pénible et prétentieux". Sa curiosité s'éveilla envers d'autre philosophes, en particulier les présocratiques, mais c'est seulement avec Nietzsche que se construisit une forme de relation passionnelle, parfois inconsciente, une sorte d'attraction-répulsion qui exerça une grande influence sur l'édification de sa pensée. Son intérêt pour Nietzsche ne se démentit jamais, et il consacra un séminaire au Zarathoustra entre 1934 et 1938.

   Que ce soit pour l'édification de son oeuvre, de son outillage conceptuel, dans son attitude vis-à-vis de l'existence, l'imprégnation nietzscheenne me semble évidente chez Jung. Une des manifestation la plus visible de cette filiation est leur goût commun pour le paradoxe. Cette manière de penser, pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie, les conduit parfois à énoncer une idée ou à défendre, en apparence, une thèse pour en montrer, en même temps ou ultérieurement, la fausseté. Pour l'un comme pour l'autre, il n'y a pas de vérité absolue, de lumière sans ombre, et toute chose contient son contraire. C'est cet esprit paradoxal qui incite leurs détracteurs à leur faire le commun reproche d'obscurité et de confusion.  

    La relation Jung-Nietzsche commence d'une manière assez négative. Le premier contact se situe au début de ses années universitaires. On le voit alors bien installé dans sa personnalité numéro 1, celle qui privilégie la vie conscient et sociale. Il est peu disposé à recevoir des stimulations intellectuelles propres à réveiller l' "Autre ", ce numéro 2 qui le suivait autrefois comme une ombre et qui est maintenant relégué à l'arrière plan.

    Nietzsche avait terminé le Zarathoustra en 1885, alors que Jung était âgé d'une dizaine d'années. La rumeur, dans le milieu universitaire, en faisait un personnage peu sympathique sur lequel on colportait des anecdotes concernant plus la personne que les idées. Il était violemment contesté par les étudiants "compétents" en philosophie, et très mal vu par des professeurs qui, le plus souvent ne l'avaient même pas lu, ou très partiellement. Le fait d'entendre parler d'un philosophe aussi rejeté par ses semblables aurait du attirer le jeune Jung mais, dit-il, "j'hésitais à le lire, m'y sentant insuffisamment préparé". 

   L'explication la plus vraisemblable de la méfiance de Jung envers Nietzsche doit avoir son origine dans le regard lucide qu'il posait déjà sur sa propre fragilité psychique. Il devait être conscient que la présence en lui de deux personnalités représentait une menace de dissociation et de schizophrénie. L'impression d'angoisse concernant le sentiment de secrète parenté qu'il ressentait avec Nietzsche est ainsi exprimée dans Ma vie (p. 136) :

"J'avais  comme une angoisse secrète de lui ressembler au moins quant au "secret" qui l'isolait dans son milieu. Peut-être  -qui sait ? -avait-il eu des aventures intérieures, des visions dont par malheur il aurait voulu parler, mais qui n'avaient malheureusement été comprises de personne. Évidemment c'était un être hors série ou du moins qui passait pour tel, pour un lusus naturae, un jeu de la nature, ce que je ne voulais être à aucun prix. J'avais peur de découvrir que moi aussi j'étais comme Nietzsche, "un être à part". 

 Il avait aussi un sentiment de petitesse envers quelqu'un d'aussi cultivé, et qui avait atteint de "vertigineuses hauteurs". Cela ne faisait que conforter son idée que les "excentricités" permises à ce personnage extraordinaire lui étaient interdites mais, après un temps de résistance, intervint un phénomène moteur de de vie de Jung, " l'intense curiosité " à laquelle il ne sut jamais résister. Ses craintes furent balayées et il se "décida à lire".

Il commença par les Considérations inactuelles et fut passionné par un ouvrage qui mettait la vie au dessus de la pensée, et la personne au dessus de la doctrine. “Emporté d’enthousiasme”, il lut ensuite Ainsi parlait Zarathoustra. Cette lecture provoqua chez lui un véritable choc. Il écrit :
Ce fut comme pour le Faust de Goethe, une des plus fortes impressions que je reçus. Zarathoustra était le Faust de Nietzsche, et mon côté numéro 2 était mon Zarathoustra - naturellement compte tenu de la distance qui sépare une taupinière du Mont Blanc.”
 
    Une telle impression ne peut que laisser des traces, même si elles ne sont pas conscientes. J'irai jusqu’à suggérer que la force de l’émotion occasionnée par Nietzsche à cette époque, et le refus de se laisser aller à une dangereuse fascination, provoquerent en lui un refoulement très freudien. En effet, dans le cas de Jung, après le choc intervenait toujours la réflexion et la recherche du sens. L’interrogation ne pouvait donc  manquer de survenir. Il était persuadé du côté morbide du personnage de Zarathoustra. Son numéro 2 l’était-il aussi ? Son génie aurait du suggérer à Nietzsche que “quelque-chose allait de travers” or, “jouant les funambules il avait fini par tomber en dehors de lui-même” . C’est ainsi qu’il était devenu un “possédé”, un homme que la société rejetait.

Tout cela fait horreur au numéro 1, celui-là qui avait décidé de réussir sa vie extérieure. L’”empirisme” l’emporte, il refuse l’”irréalité” de Nietzsche et, consciemment, rompt pour longtemps avec le Zarathoustra . On peut lire dans Ma vie :
“Le Faust m’avait ouvert une porte, le Zarathoustra m’en ferma violemment une autre, et pour longtemps. Il en fut de moi comme du vieux paysan dont deux vaches, par sorcellerie, avaient eu l’encolure prise dans le même licou et à qui son jeune fils demandait comment chose pareille était possible. Et il répondit : “Henri, de ces choses on ne parle pas !”
   
    L’influence du Zarathoustra devient, à partir de cette époque, un courant souterrain, qui ne resurgira vraiment qu’au moment des Sept Sermons aux Morts  ; même si, au cours de la première version de Métamorphoses et symboles de la libido, antérieure aux Sept Sermons, il est souvent fait allusion, d’une manière “culturelle” mais non philosophique, à Nietzsche, à ses poèmes et à Ecce homo.

Les Sept Semons aux morts est une oeuvre qui me fascine depuis longtemps mais je les laisserai de côté, dans cette suite de notes, car je voudrais leur consacrer, un jour, une série particulière.

À bientôt la suite.

Ariaga

 Pour ceux qui seraient en manque de poésie vous trouverez sur l'autre blog un poème intitulé Fréquences.

 


   

 


 

18/01/2012

Les Jung numéro 1 et 2

écriture,culture,société,philosophie,psychologie,jung,nietzsche

Je ne peux pas commencer ma petite série sur les relations entre  C.G.JUNG et F. NIETZSCHE sans revenir sur certaines idées que j'ai déja développées il y a quelques années sur ce blog ; idées qui  sont nécessaires à la compréhension de l'étrange fascinantion-répulsion que Jung éprouva envers Nietzsche. Il est possible que certains lecteuers anciens trouvent que je me répète ... qu'ils me pardonnent !

Je vais aujourd'hui vous parler de la double personnalité de Jung.

Jung s'était aperçu, dès les premières années de sa vie, sans avoir aucune notion de psychologie ou de philosophie, de la présence en lui d'une seconde personnalité. Par exemple, encore enfant, il se demandait, après un rêve très impressionnant : "qui parle en moi". Il dénomme dans son autobiographie Ma vie ces deux pôles de son être "n°1" et "n°2". Il les décrit ainsi  (Ma vie,p. 65) :

"L'un était le fils de ses parents ; celui-là allait au collège, était moins intelligent, moins appliqué, moins convenable et moins propre que beaucoup d'autres ;  l'autre, au contraire, était un adulte ; il était vieux, sceptique, méfiant et loin du monde des humains. mais il était en contact avec la nature, face à la terre, au soleil à la lune, aux intempéries, aux créatures vivantes et surtout à la nuit, aux rêves et à tout ce que "Dieu" pouvait évoquer immédiatement en moi."

 

    Parallèlement à son moi humain bien différencié, le jeune Jung avait le bouleversant et intraduisible pressentiment de l'existence d'un "autre", en relation avec une dimension plus vaste. Non seulement l'"autre" n'avait pas perdu, comme c'est souvent le cas pour l'homme contemporain, une intime relation avec la Nature, mais il connaissait, je pourrais presque dire ressentait, Dieu comme un mystère secret et personnel. Il avait le sentiment d'une participation à quelque chose qui n'était pas lui (Ma vie, p.87) :

 

"Un peu comme si j'avais été touché par un souffle venu de l'univers astral et des espaces infinis ou comme si un esprit invisible était entré dans la chambre ; un esprit disparu depuis longtemps mais qui serait continuellement présent dans l'intemporel et jusque dans un lointain avenir. Les péripéties de ce genre étaient entourées du halo d'un numen." 

 

     L'"autre monde" auquel il eut accès très jeune par l'intermédiaire des rêves était celui d'un inconscient devenu perceptible à un âge où il n'est généralement pas activé. Cela explique certains comportements névrotiques et les nombreuses hésitation de Jung pendant son enfance et son adolescence. Les dialogues avec son autre intérieur le laissaient souvent déstabilisé, en particulier au moment de choisir une orientation pour ses études car, en lui, le numéro 1 et le numéro deux, qui avaient des goûts très différents poursuivaient leur lutte pour la domination. 

 

   Jung finit par se décider à étudier la médecine. Demeurait le problème d'une image intérieure difficile à assumer  car, comme dans son enfance, deux images s'affrontaient en lui. Son aspect n°1 se présente, selon ses dires, comme un jeune homme assez antipathique, ambitieux, peu doué, instable et aux manières douteuses. L'aspect n°2 considère le n°1 comme une charge ingrate, alourdie par une quantité de défauts dont les plus graves sont le manque de compréhension et d'ordre, en particulier en ce qui concerne la philosophie et la religion. Ce n°2 n'est pas vraiment un "caractère" mais plutôt une sorte de "vision totale", et dépourvue d'indulgence, de la nature humaine. Cette vision voudrait s'exprimer mais elle répugne à le faire par l'intermédiaire "épais et obscur" du n°1.

 

   Arrivé à la fin de ses études secondaires Jung se trouve psychologiquement dans une situation critique qu'il décrit ainsi : "Quand le numéro  2 prédominait, le numéro 1 était enfermé en lui et suspendu ; inversement le numéro 1 considérait l'autre comme un royaume intérieur obscur." Il frôle le précipice d'une dangereuse dissociation de la personnalité quand, quelques mois après, il fait un rêve "inoubliable "et salvateur (ma vie, p.110):

 

"C'était la nuit, à un endroit inconnu. Je n'avançais qu'avec peine contre un vent puissant soufflant en tempête. en outre il régnait un épais brouillard. Je tenais et protégeais  de mes deux mains une petite lumière qui menaçait à tout instant de s'éteindre. Or il fallait à tout prix que je maintienne cette petite flamme : tout en dépendait. Soudain j'eus le sentiment d'être suivi ; je regardais en arrière et perçus une gigantesque forme noire derrière moi. Mais, au même moment, j'avais conscience que - malgré ma terreur - sans me soucier de tous les dangers, je devais sauver ma petite flamme à travers nuit et tempête."

 

 Ce rêve fut déterminant car il lui trouva un sens qui le guida jusqu'aux débuts de l'âge mûr. Il facilita son insertion dans la société et augmenta sa capacité de décision. Il comprit que sa personnalité n°1 portait la lumière et que la n°2 la suivait comme une ombre. La petite flamme, c'était sa conscience, l'unique et le plus précieux trésor en sa possession. Sa mission, à cette période de sa vie, était de de conserver cette flamme, si petite et si fragile par rapport aux puissances de l'ombre. Il lui fallait aller dans le monde de la surface, un monde qui ne veut rien savoir des secrets insondables des profondeurs, et s'y consacrer aux tâches quotidiennes. Cela représentait un lourd sacrifice pour ce jeune homme d'un caractère introverti qui se voyait contraint d'aller vers l'extérieur.  

 

   Jung choisit donc d'écarter sa personnalité numéro 2. Cependant, preuve que son cheminement était déjà amorcé, c'est avec une belle maturité qu'il comprit que renier complètement ce côté serait une "automutilation".  Le n°2 devint flou, mais il s'installa définitivement à l'arrière plan de sa vie.

 

Il est bien possible que certains d'entre vous se retrouvent plus ou moins dans la manifestation de cette double personnalité chez Jung.

 

         Ariaga

À très bientot la suite.
 

 

 
 

 

 

 

30/12/2011

Voeux alchimiques

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Illustration ÉPHÊME

Pour la nouvelle année, mon cadeau sera cette belle peinture d'un habitué du Laboratoire.

En cette période où le monde semble en pleine mutation, où l'agitation et la surconsommation des fêtes laissent peu de place à l'alchimie spirituelle, peut être certains d'entre vous auront-ils envie de godiller vers la grotte où se réunissent quelques inspirateurs du Laboratoire. Le parcours est charmant et plein de surprises. Passant par cette porte étroite où ils pourront se glisser avec leur barque ils trouveront entre autres, le vieil alchimiste qui parle à l'oreille de mon cœur, le cher Carl Gustav, les poètes voyants, les explorateurs de vies et les nombreux "artistes" qui accomplissent modestement l'Oeuvre. Je souhaite un bon voyage à tous ceux qui se rendront dans ce lieu de méditation que l'on peut atteindre en empruntant un transport gratuit : l'imagination. Pour d'autres qui n'aimeraient pas les grottes, je leur propose d'aller s'asseoir sous l'Arbre des Philosophes. C'est un peu escarpé pour y parvenir mais ils seront récompensés !

Loin des ripailles, accessible à tous, voilà ce que je vous suggère pour la nouvelle année 2012. Même si cela ne dure que quelques minutes, vous en retirerez de la joie. Et que cela ne vous empêche pas de réveillonner, si vous en avez la possibilité, mais votre cœur sera plus léger car, par votre méditation, vous aurez fait un cadeau à ceux qui qui n'ont rien, ou si peu ...

Je vous embrasse tous amis connus et inconnus.

Ariaga

17/12/2011

En voyage ...

écriture,noël,vacances,blog,photo,Bretagne,humour

 

Depuis un nombre d'années auquel j'évite de penser, immobilisée par les circonstances de la vie, j'ai écrit de nombreuses notes sur "les vacances dans la tête". C'est fini ! Je vais partir en voyage, quitter mes rivages bretons pour aller respirer l'air des montagnes.

Je ne pars pas dans un désert et j'aurai un oeil sur le Laboratoire quand je rencontrerai un ordinateur mais je n'aurai pas accès à mes mails.

Je pense, pour l'avoir expérimenté, à ceux qui, pour des raisons diverses, ne peuvent voyager. En pensée, je les invite à m'accompagner.

Si vous avez un petit manque de nourriture sur ce blog, vous pouvez fouiller dans les archives. Il y a plus de 500 notes, 13000 commentaires, dont certains fort copieux. Vous pouvez aussi aller sur le blog de Jean BISSUR, "autour de Carl" que j'apprécie particulièrement.

Je vous souhaite le meilleur pour les jours qui viennent et j'espère pouvoir donner quelques nouvelles sur vos blogs et aussi avoir l'opportunité de vous souhaiter, sur ce blog, une bonne année.

Je vous embrasse tous, amis connus et inconnus.

Ariaga

04/12/2011

Beauté et vieillesse

 

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Beauté de la carcasse, épurée par les flots, le soleil et la pluie,

semblable au vieux visage pétri par les années en sculpture d'une vie

et regardez amis, ce squelette blanchi, recèle encore l'espoir.

 

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Et la pomme pourrie, vase d'une alchimie, nichée comme un joyau au coeur du tas de bois, a t-elle moins de beauté que sa soeur bien lustrée sur la coupe de fruits ?

La beauté de l'enfant, la beauté du vieillard, tout est dans le regard.

Ariaga

Si vous le désirez, vous pouvez lire sur l'autre blog, "extraits du Laboratoire", une citation de Clément ROSSET, extraite de son ouvrage  : Le réel et son double (lien)

28/11/2011

Questions 3

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Pourquoi avons nous tellement besoin du regard de l'autre pour exister ?

Qu'apporte à un individu, sur le plan de son évolution personnelle, le fait d'appartenir à des réseaux sociaux et peut on y échapper ?

Ariaga

 

Si cela vous intéresse vous pouvez lire sur l'autre blog un texte intitulé : Hallucinations des alchimistes.

 

14/11/2011

Éloge de l'ombre

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 Photo Jean Louis BEC ( tous droits strictement réservés)

 

Penser aux ténèbres tapies derrière l'ambiguïté de la frontière où se corpusculent dans la pénombre les vagues brûlantes du soleil.

Penser aux chambres obscures où la lumière se glisse dans les interstices des persiennes et raye les corps nus.

Penser aux vibrations vertes de l'ombre sous le feuillage apaisant la moiteur de la chair.

Penser aux reflets profonds de l'or qui brille dans les recoins ombreux des temples, aux clignotements d'une flamme dans le noir et à la fixité fascinante des phares minuscules quand, dans l'obscurité, brillent les yeux du chat.

Et surtout, penser à relire, une fois de plus, l'éloge de l'ombre de Tanizaki.

Ariaga

Vous pouvez lire sur mon autre blog un texte intitulé C.G.Jung, rendre l'ombre consciente.

31/10/2011

Dans la bulle

jeune fille dans la bulle.jpg

 

Juste une photo, pendant qu'un texte mijote sur l'athanor du Laboratoire. Si certains visiteurs ont des mots qui leurs viennent en regardant cette bulle habitée, je serai heureuse de les lire ...

Ariaga

 

Vous pouvez, si vous en avez envie, lire une poésie intitulée : Un chanteur de charme, sur mon autre blog, extraits du Laboratoire.

15/10/2011

Questions, épisode 2

écriture,philosophie,Merleau-Ponty,société,pensée,culture,photo,

Dans les commentaires sur la note questions il m'a été demandé si j'avais trouvé des réponses. J'ai été incapable de répondre mais, pour aider à la réflexion sur ce sujet, je propose une citation du philosophe Merleau Ponty (1908 / 1961)

La philosophie ne pose pas des questions et n'apporte pas des réponses qui combleraient peu à peu les lacunes. Les questions sont intérieures à notre vie, à notre histoire : elles y naissent, elles y meurent, si elles ont trouvé réponse, le plus souvent elles s'y transforment, en tous cas c'est un passé d'expérience et de savoir qui aboutit un jour à cette béance. La philosophie ne prend pas pour donné le contexte, elle se retourne sur lui pour chercher l'origine et le sens des questions et celui des réponses et l'identité de celui qui questionne, et, par là, elle accéde à l'interrogation, qui anime toutes les questions de connaissance mais qui est d'autre sorte qu'elles.

Le visible et l'invisible, Gallimard, p.142

 Je propose aujourd'hui aux lecteurs deux brèves questions qui nous concernent tous et qui me  " tarabustent " fort.

1) Pourquoi est-ce que la technologie évolue plus rapidement que la conscience humaine ?

2) Pourquoi nous est il si difficile d'imaginer un Dieu sans forme, sans sexe, illimité ?

Amis lecteurs, nous ne trouverons pas les réponses mais le fait d'y réfléchir nous fera peut être progresser sur le chemin d'une plus grande prise de conscience de ces deux problèmes sociologiques et métaphysiques.

Ariaga

Vous pouvez sur le blog Extraits du Laboratoire lire un texte intitulé Nature, rêves et totalité

 

 

02/10/2011

Questions

écriture,philosophie,pensée,société,culture,photo,art

 

Quand on doit, pendant quelques jours, mettre sa vue au repos, plus de lecture, d'écriture, de cinéma ou de télé, plus de contemplation du Livre Rouge, les pensées deviennent un peu envahissantes. Il y a du caquetage mental, comme le disait Krishnamurti, et aussi des questions, parfois absurdes, parfois récurrentes, qui se mettent à passer en boucle. En voici quelques unes parmi les plus simples ( en apparence ! ). Si cela vous intéresse, j'en tiens d'autres à votre disposition ...

1) Pourquoi les pensées qui tournent dans ma tête comme une toupie sont-elles si difficiles à arrêter ?

...

2) Pourquoi ma vision du monde et des êtres est-elle faussée par tant de mauvaises interprétations ?

...

3) Pourquoi ai-je l'impression que mon miroir me regarde ?

...

4) Pourquoi certains objets de la vie quotidienne me semblent-ils " hantés " par mes humeurs ?

....

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Comme le disent inlassablement les enfants ...

Ariaga

 Vous pouvez, sur l'autre blog, lire une poésie dont voici le lien : Par delà le reflet.

30/08/2011

À la frontière de la chair

fissure dans la terre.jpg

C'est comme un grand blanc,

qui fige l'écran.

C'est comme un silence,

de grande exigence.

C'est comme une prière,

juste à la frontière

de la chair.

 Ariaga

 

Pour ceux qui restent sur leur faim je propose sur mon blog d'extraits du laboratoire un texte de Pierre TRIGANO dont voici le lien sur le SOI.

Je vous recommande aussi d'aller lire un excellent article de Jean BISSUR sur JUNG ET LA MORT.

 

 

 

 

13/06/2011

Table abandonnée

Ils on quitté la table.jpg

Ils on quitté la table, là où ils m'invitaient parfois à partager d'étranges nourritures. Les muses si capricieuses, le vieil alchimiste qui murmure à l'oreille de mon coeur, Jung et son sourire ironique, ils sont tous partis me laissant affamée et sans inspiration ... et j'attends leur retour.

Ariaga

Je vous propose, en nourriture, sur l'autre blog, Extraits du Laboratoire, une citation d'Étienne PERROT sur la langue des oiseaux. Vous pouvez cliquer sur le lien.

29/05/2011

Points de suspension...

écriture,culture,philosophie,société,photo,poésie

Elle ne veut pas tomber dans le creux de la parole,

la parole pour ne rien dire,

alors elle reste en points de suspension

sur les bords de la profondeur ...

Ariaga

Aujourd'hui, sur le blog Extraits du Laboratoire une citation de C.G.JUNG sur la projection. Cliquez sur le lien.

08/05/2011

Leçons du roseau

écriture,philosophie,spiritualité,nature,photo,société,vie

 

Même brisé, même immergé, le roseau persévére à vivre sa vie de roseau. Ses racines connaissent les leçons de la Nature, les leçons du non écrit et du non dit. Il ignore les frottements du petit monde, il ignore les renoncements de l'esprit, il ignore la mort.

Ariaga

 

Vous trouverez sur l'autre blog une citation de C.G.JUNG sur le suicide. (cliquez pour le lien)