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28/07/2012

Quitter le Pérou avec une fleur

( Suite de la note précédente )
Tous les voyageurs connus et inconnus de l’EVASION étaient hier avec les morts des falaises. Aujourd’hui ils sont  à la découverte du monde hanté de rêves des vivants, entourés par les esprits et les restes des défunts.
Une très longue piste sinueuse, initiatique, les a élevés en quête de KUELAP. Là l’imagination s’exalte, car le réel dépasse les songes. La plus fabuleuse «forteresse» de ce peuple mal connu, a été créée vers 500 après J.C, délaissée vers 1570, après un terrible «sacrifice d’abandon», sur la terrasse sud, d’une centaine de personnes, abattues en vrac.

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À 3000 m, sur une mince crête calcaire, fin serpent de pierre caressant les nuages, entre le dieu blanc TIKI-VIRACOCHA enveloppé de nuées et l’inconnu des profondeurs chtoniennes, ce monde  tutoie le monde du divin. Pourquoi les habitants, sans métal ni écriture, ont-ils érigé en ce lieu des airs cette colossale cité, soutenue par des murs de pierre bien appareillés de 20 m de haut ? Le volume des remblais et «remparts» accumulés est supérieur à celui de la pyramide de KHEOPS.
Ces guerriers des nuages vivaient dans de grandes et hautes maisons rondes, partagées avec les cochons d’Inde (que les péruviens trouvent délicieux à manger). D’où venait l’alimentation, comment était stockée l’eau ? Mystère, il n’y a pas de citernes, pas de magasins. Le site, en très grande partie non fouillé, est gigantesque, et s’étend bien au delà de la cité visible, dont rien ne permet d’affirmer qu’elle avait un usage défensif. La crête nord s’est révélé être une nécropole géante. Mais dans presque chaque interstice des murs, comme sous les maisons, l’on trouve des ossements humains… Les morts hantent chaque parcelles des vivants.

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Sur la terrasse sud, au milieu des structures rondes des habitations, se détache le «Templo Major», un bâtiment qui défit la pesanteur, en forme de cône pointe en bas, où les pèlerins, venus de très loin parfois, venaient offrir des offrandes. Que scrute-t-il dans le ciel ?

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Les parties non étudiées sont piquetées d’arbres hérissés d’épiphytes rouges, des guirlandes d’orchidées pendent des branches, et sur les murs des maisons apparaît le dessin géométrique des frises, qui évoque, peut-être, l’œil du puma. De translucides silhouettes vibrantes nées de nos désirs murmurent les chants des disparus. L’ambiance est féerique, des esprits volettent autour de nos songes. Seuls au milieux des ombres, des souvenirs, nous sentons revivre en transparence les chamanes hallucinés psalmodiant dans leurs transes leurs invocations aux Apus.

 

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Nous avons quitté à regret l’énigmatique plateforme sud, et nous sommes ressortis par la porte nord. Là deux lamas hautains nous fixèrent, puis, en se dandinant dignement, filèrent vers la sortie. Il nous fallait revenir sur Terre, avant de retrouver notre navire.

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Nous étions un peu tristes que cette partie du voyage des Vacances Imaginaires se termine mais nous avons ramené en souvenir de magnifiques orchidées, offertes à tous ceux qui voyagent avec l' ÉVASION.

Texte et photos ÉPHÊME

27/07/2012

Chachapoyas,nord du Pérou

 

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La route fut longue, et l’équipage, après des jours de bus moins confortables que l’EVASION, est arrivé au petit jour, un peu brisé, à CHACHAPOYAS, au nord du Pérou, dans le département dAmazonie, 2300 m au dessus du niveau de la mer, surplombant un profond canyon.

Comme très souvent là, le temps est gris, la pluie menace. Accompagnés d’un «guide» français, docteur en archéologie, spécialiste de ce «peuple des nuages», l’équipage et la cohorte des passagers ont parcouru des dizaines de kilomètres sur d’interminables pistes vertigineuses, et beaucoup marché. Le pays des CHACHAPOYAS est le monde de la «rain forest», la forêt des pluies, avant les grandes zones herbeuses de la haute montagne. Les chemins y serpentent sous les fougères géantes, ou au pied des falaises. Les colibris vont de fleur en fleur, des épiphytes pendent partout…

 

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 Le premier choc fut la cataracte de GOCTA, haute de 771 m, qui retombe dans un fracas infernal au milieu de son écrin de verdure. L’eau tombe de si haut qu’elle paraît presque immobile, mais la douche en s’approchant de la base de la première chute a convaincu chacun de son débit et de sa hauteur !

 

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Mais les CHACHAPOYAS étaient surtout «habités» par les morts. Ils sont présents partout, parfois sous les maisons, dans les murs. Leur préférence était pour les falaises. Il ont installé leurs défunts dans les endroits les plus vertigineux, parfois à des centaines de mètres de haut.

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Dans certains sites, comme REVASH, à 2800 m, les momies, sans doute de familles aristocratiques, emmitouflées dans leur «fardos», étaient déposées dans des maisons accrochées au rochers, souvent peintes. En longeant la falaise apparaissent de nombreux autres exemples de ces «villages des Ombres », enveloppés de silence dans cette montagne perdue.

 

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À d’autres époques ou en d’autres lieu, la momie est finalement installée dans un sarcophage peint fait de roseaux et d’argile, souvent surmonté d’un crâne. Ces cercueils, en groupe ou isolés, accrochés au dessus du vide sur une corniche ou dans des grottes,  fixent, hiératiques, l’éternité, en murmurant leurs prières aux Dieux. Parfois la vie vient y faire un tour : à KARAJIA, sur le défunt le plus à droite, un viscache des montagnes n’a pas bougé d’un poil pendant notre passage… et nous l’avons découvert au retour à bord, en regardant les clichés

Mais où vivaient ces guerriers redoutés ? Peu à peu se dévoilent des cités immenses, quasiment toutes au sommet des montagnes. Nous irons demain découvrir la plus étrange d’entres elles.

 Texte et  photos ÉPHÊME

La suite et fin demain.

 

 

25/07/2012

l'Évasion vers le lac Titicaca

 

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Dans la dérive de ses rêves l’ÉVASION, niché dans un nuage bien dodu, a vogué vers les rives  lointaines du lac TITICACA.  Il s’est réveillé flottant magiquement vers 3800 m  d’altitude, à PUNO, accosté au bord d’un vieux paquebot dont le  voyage, il y a des lustres, amené pièce par pièce à travers les  ANDES, avait été bien pénible.

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L’équipage avait un léger mal des montagnes, mais un peu de pisco et  une tisane de coca l’ayant ragaillardi, il a filé vers les îles  flottantes des mystérieux indiens UROS, maintenant disparus. Le  travail est incroyable, créé à partir d’épaisseurs accumulées des racines poussant dans l’eau des «totora», roseaux servant à tout  faire, maisons, embarcations, et que grignotent même les bébés.

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Un moment le mauvais temps a menacé, les esprits du lac se sont  énervés, le vent s’est levé, les nuages se sont tordus, dans une atmosphère oppressante où l’EVASION se sentait comme intrus sur ce  lac des extrêmes.

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Le soleil est d’un coup revenu, et sur le lapis-lazuli des eaux, le  minuscule esquif des pêcheurs paraît bien fragile, serti par les  cimes blanches des Andes hautaines, bien au-delà de l’horizon. Mais  sur lui veillent les âmes des princesses incas à peine nubiles,  sacrifiées, avec leurs perroquets blancs, aux plus hauts sommets dans  leurs neiges immaculées. Elles se sont endormies là pour honorer les  dieux  solaires afin qu’ils irradient encore la piètre existence des  fourmis humaines.

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Il a enfin abordé sur l’île de TAQUILE. Là vit une étrange communauté  de tricoteurs et tisserands, où les fiancés doivent vivre ensemble au moins deux ans avant le mariage, et où les gens se disent bonjour en échangeant quelques feuilles de coca. Un tricoteur, tout seul au bout  d’un champ au dessus du lac, lui a soufflé alors malicieusement que, plus énigmatiques encore que son peuple, existent tout au nord du Pérou  les souvenirs des guerriers des nuages, les CHACHAPOYAS. L’ÉVASION, un peu fatigué par toutes ces découvertes, a désiré un temps de repos et il a envoyé à terre le vaillant équipage qui s’est évanoui au  Septentrion en direction du versant oriental des Andes amazoniennes…

Texte et photos ÉPHÊME

22/07/2012

C'est le Pérou !

Nous sommes partis ! C'est ÉPHÊME, un valeureux membre de l'équipage, qui a activé le propulseur "imagination" de notre bateau, une propulsion forte car, en un instant, nous avons navigué sur l'Atlantique, passé le détroit de Magellan, vogué sur le Pacifique et remonté les côtes de l'Amérique du sud jusqu'au PÉROU ... quel périple initial !

***

Bien bichonné, briqué, acastillé, le vaisseau l’ÉVASION  s’est enfin endormi après les nombreuses bouteilles de champagne brisées sur sa proue.

Mais ses songes planaient… et sur un vol multicolore d’oiseaux sans nom il s’est envolé vers les côtes occidentales du PEROU, ce monde des mythes, là où CIPANGO mûrissait l’or en ses mines lointaines…

Bercé par la houle pacifique, il a quitté l’abri de PARACAS, le port aux pélicans, et, veillé par les momies pré-incas recroquevillées dans leurs «fardos» de fins suaires magiques figées dans les sables du désert, il a longé au plus près la côte déchiquetée.

       

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Dans un premier rêve éveillé est apparu d’abord, tout à coup, le mystérieux «Candélabre» : objet des phantasmes et délires les plus fous, il n’a toujours pas révélé les secrets de ses origines et regarde immobile la mer, sans un mot. Tonnerre de Brest ! Il aura de quoi causer à son retour à quai !

 

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 Au loin se dévoilent enfin à lui les blanches îles BALLESTAS, arides cailloux calcaires, domaine des oiseaux et des lions de mer, trouées d’arches et de grottes, dessin improbable d’un magicien fou.

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Des  centaines de milliers de cormorans s’y envolent vers des horizons chimériques grouillant de poissons, et les tout petits et rares manchots de HUMBOLT, d’une grande dignité du haut de leurs 45 cm, le regardent passer sans broncher.

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Dans un raffut infernal s’ébattent à la «nurserie» otaries, phoques, lions de mer dans une joyeuse animation.

 Notre bateau est alors parti à la dérive de ses songes, ébloui par cette orgie de vie, à la recherche d'autres mondes chimèriques, là où deviennent réelles les fables nées de l'union vitale de l'Écume et de la Terre.

Photos et texte ÉPHÊME

 

 


14/07/2012

Accastillage et baptême

Le bateau du départ en vacances des amis du Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle est un peu "fatigué" et demande quelques aménagements. Il faut aussi lui donner un nom.

Commençons par le nom. J'ai reçu, par commentaires et mails, de nombreuses propositions . Entre autres, j'ai été assez séduite par "le patient", "l'espérance", "liberté", "les copains d'abord". Finalement une proposition m'a plus séduite que les autres car elle me semble en résumer plusieurs et aussi convenir à un bateau qui veut emmener sur les chemins des vacances imaginaires des personnes privées, pour diverses raisons, de la liberté de partir. C'est pourquoi je pense que l'idée d'Annethé d'appeler notre bateau l'Évasion me semble très appropriée. Donc, sauf si ce nom provoque une mutinerie à bord, nous voguerons sur L' ÉVASION.

Maintenant, occupons nous un peu du gouvernail et de l'hélice, des mâts, des voiles et de l'ancre qui manquent cruellement.

Pour l'hélice, je n'ai trouvé qu'une occasion et le gouvernail sera remplacé par la force de notre pensée imaginative ...

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Pour les mâts et les voiles j'ai affronté l'orage et la pluie

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C'est par une belle soirée que j'ai répérée cette très belle ancre au port de Morlaix et, ne le dites à personne,  je l'ai volée au soleil couchant !

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Avec notre bateau, nous pouvons maintenant aller partout où nous emporte le vent de la liberté. La mémoire et l'imagination seront nos seules frontières.

Ariaga

08/07/2012

Le bateau des vacances

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Nous allons, comme l'a suggéré Mariedumonde, partir en bateau sur l'océan des vacances imaginaires. Il n'est pas facile de trouver le navire rêvé et j'ai du chercher dans les profondeurs du blog. Celui avec lequel nous allons naviguer ne paie pas de mine mais il a un tel désir de retrouver la haute mer, de quitter le triste lieu où on l'a attaché pour mourir, que, dès que je l'ai vu, j'ai compris que c'était celui là et pas un autre !

Il y a des travaux à faire ... mais les navigateurs du Laboratoire ne manquent pas de courage. Il faudra aussi lui trouver un nom.

Ariaga

12/06/2012

Repos et méditation

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Besoin de me retirer un peu, comme cette fleur qui se repose entre les feuilles.

Besoin de silence, de repos et de méditation.

Besoin de réfléchir sur le travail d'Alchimie Spirituelle de ces dernières semaines ...

Besoin de vider le vase pour mieux le remplir ensuite.

Merci, amis connus et inconnus pour votre fidélité au Laboratoire.

Ariaga

16/05/2012

Point d'interrogation

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Être un vivant point d'interrogation, n'est-ce pas un beau chemin de vie ?

Ariaga

15/04/2012

En images ...

Il y a des moments où le silence s'installe, des moments où les mots ne viennent pas, alors pourquoi ne pas les remplacer par des images ?

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.........

 

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......

 

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......

Ariaga

 

Si vous voulez de la lecture vous pouvez aller sur mon autre blog. Vous y trouverez un texte intitulé : Le sentiment religieux de la nature.

11/03/2012

est-ce cela l'amour ?

amour,écriture,poésie,amour, mort,société,philosophie

Avec un inconnu

prendre un chemin inconnu

pour aller vers l'inconnu

est-ce cela l'amour ?

 

Se séparer de l'avoir

ne pas craindre les trous noirs

devenir un boomerang

en voyage entre deux mondes

Est-ce cela la mort ?

Ariaga

 

Vous pouvez lire sur l'autre blog un texte intitulé : Le C.G.Jung qui m'a séduite.

 

07/03/2012

Tics de langage

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Je n'en peux plus, je vais exploser, car cela me "gonfle" d'entendre un nombre croissant de gens hacher leurs propos de EN FAIT. Je ne sais pourquoi, cela provoque en moi une espèce d'angoisse, un peu comme celle provoquée par les heu...heu..., mais en pire. Heu, cela n'a aucun sens alors que les EN FAIT sont des mots. Je vais donc tenter de me soigner en utilisant la méthode du "jouer avec les mots" que certains lecteurs de ce blog connaissent. Je l'appelle aussi la langue des oiseaux et Jung parlait d'amplification. Cela marche aussi avec les rêves quand un mot incongru, sans aucune relation avec le contexte, survient comme un cheveu sur la soupe !

Peut-être ce EN FAIT est-il un message de l'inconscient collectif des français, un fait qui veut être pris au sérieux, un "c'est un fait" ?

Une proposition qui me plaît et qui explique l'illustration : Tous ces EN FAIT viendraient d'un besoin de détendre le discours en allant à une fête, en étant en fête.

Ou alors ce serait le trop plein d'un fait, d'une action, qui essaierait de s'accomplir entre les vides des mots?

Et pourquoi pas le désir inconscient d'atteindre le faîte, la cime, d'un sommet ou d'un batiment. Ce serait alors symbolique du besoin de s'élever au dessus de la banalité du discours.

Et si on allait voir du côté d'un mot anglais, faith, qui se serait sournoisement introduit dans les interstices. Il signifie foi, croyance. Cela voudrait dire que celui qui s'exprime voudrait bien croire, ou faire croire, à ce qu'il dit ...

J'ai une dernière proposition : Celui qui parle ploierait-il sous le poids le faix de ses mots?

EN FAIT, ( ça y est je suis contaminée ! ), qu'en pensez vous ?

Ariaga

 Vous pouvez aussi aller lire sur l'autre blog un article intitulé : Jeux de mots.

02/03/2012

La quête du Graal

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Atteindre l'horizon, impossible il recule toujours.

Épuiser le savoir, impossible une théorie chasse l'autre.

Trouver le Graal, impossible, c'est un mythe.

Alors, que faire ?

Ramer vers l'horizon de toutes ses forces, boire le savoir jusqu'à l'ivresse, chercher le Graal au risque de sa vie.

Ce n'est pas le but qui compte, c'est la quête.

Ariaga

Vous pouvez lire sur l'autre blog un texte intitulé : Femme buvard.

27/02/2012

Questions 4

écriture,philosophie,spiritualité,religion,nature,photo

 - Si on monte les marches très haut, ne peut-on pas perdre la mémoire de la terre ?

 

 - OÙ est le MOI ?

 

 Et aussi une question d'un lecteur, Phil4 : Comment donner Corps au Verbe ?

 

Ariaga

 

Sur mon autre blog, je vous propose un texte intitulé : Dans les caves des blogs.

19/02/2012

Le fil de lumière

écriture,poésie,philosophie,art,poème,photo,inspiration

 

Ce n'est rien qu'un murmure ... du fleuve de l'esprit

un soupir d'écriture ...

mince fil de lumière ... tiré des failles obscures

tremblant à la frontière de la coupure ...

 

Et quand reviendra t-elle, enceinte et triomphante,

assoiffée d'aventure et de mots enlacés tissant la transparence ?

 Ariaga

 

Si ce petit poème vous laisse sur votre faim,  vous pouvez aller lire sur mon autre blog un texte intitulé : C.G.Jung, un rêve de mandala.

 

04/02/2012

Nietzsche refoule les forces féminines

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Suite des quatre précédentes notes.

  Sur le plan conceptuel il existe, en dépit des concordances, une différence de nature entre le Soi Nietzschéen et le Soi Jungien. La ressemblance est manifeste quand il s’agit de présenter le Soi comme le grand organisateur, celui qui oeuvre dans les profondeurs de la psyché. Jung ne pouvait qu’adhérer à la vision de Nietzsche, dans Ecce homo, d’une conscience comparée à une “surface” sous laquelle oeuvre une force organisatrice. Mais, une fois de plus, il va faire à Nietzsche le reproche de ne pas “actualiser” une pensée demeurant  dans les hauteurs alors qu’elle est censée glorifier la Vie et la Nature. Le Soi du Zarathoustra dans le discours intitulé "des contempteurs du corps",  ce “maître du Moi”, ce “sage inconnu" était assimilé à la vie du corps, à la joie d’une harmonie avec la pure nature. Or, selon Jung, (Correspondance, T5,p.41) la tentative de Nietzsche pour donner son sens au Soi :
Resta un météore qui ne rejoignit jamais la terre, puisque le conjunctio oppositorum  n’eut pas lieu, et surtout ne put avoir lieu”.

    La raison de cet échec de Nietzsche fut tout d’abord le refus de la reconnaissance de l’ombre, déja évoquée, et la quasi occultation de l’élément féminin, en tant que pôle opposé.
    Le surhomme, projection du Moi surdimensionné, se dresse contre l’”homme le plus laid”, cet homme “ordinaire” et souvent peu glorieux qui est en chacun de nous. Comme l’écrit Jung dans Mysterium conjonctionis, l’oeuvre majeure des dix dernières années de sa vie (T1,p.303) :
On ne consent pas à voir l’ombre ; celle-ci doit être niée, refoulée, ou gauchie en quelque chose qui sorte du commun. Le soleil est toujours éclatant et toutes les choses renvoient son éclat. Aucune place n’est laissée aux faiblesses qui portent atteinte au prestige.”
 C’est une quasi divinisation du Moi qui va désormais être le réceptacle de toutes les qualités, entraînant ainsi la possibilité de la mort de Dieu. Cette divinisation du Moi va, par une sorte d’effet boomerang, “renvoyer à l’intérieur du sujet pensant” ce qui aurait du être projeté sur l’image divine. C’est ce qui arrive à ceux qui se prennent pour un roi ou un dieu et que la société nomme fous. Dans le meilleur des cas, donc le pire, elle en fait des Führer.
    Cependant, son auto quasi divination ne procure pas à l’homme les qualités divines. Elle engendre seulement le désir de posséder ces qualités. La souffrance du désir insatisfait rend hideux celui qui pour se venger tourmente alors autrui. Témoin le  “pâle criminel” du Zarathoustra qui “souffre de soi” à un tel point qu’il n’y a pas de rédemption possible :
C’est une image qui a fait pâlir cet homme blême. Il était à la hauteur de son acte au moment où il l’a perpétré, mais une fois accompli il n’en a pas supporté l’image”.

    Or Nietzsche n’avait pas seulement tenté de tuer, Dieu, crime sur la réussite duquel  Jung émet des doutes, mais il avait, fait gravissime à assumer pour un glorificateur de la Vie, tenté de supprimer la femme. Pour celui qui écrit : “Il y a plus de sagesse dans ton corps que dans l’essence de ta sagesse”, comment la vie du corps a-t-elle pu être aussi misérable et la relation au pôle féminin de la nature aussi peu réussie ?
    Les relations personnelles de Nietzsche avec les femmes, y compris sa mère et sa soeur, furent des échecs. Au cours de son  oeuvre il glorifie parfois la femme comme image de la Vie mais en ajoutant aussitôt qu’elle est sorcière, cruelle et insaisissable. Le surhomme nietzschéen trouve difficilement une compagne. S’il y parvient l’utilité de cette compagne se limitera à la tâche d’enfanter, d’une manière toute symbolique, le surhumain.
     Les lignes venimeuses qui vont suivre, extraites du texte : Des femmelettes jeunes et vieilles, cette “chosification” de la femme que l'on trouve dans le Zarathoustra  sont, je le pense, la conséquence d’une profonde souffrance  :
L’homme digne de ce nom n’aime que le danger et le jeu. C’est pourquoi il désire la femme le plus dangereux des jouets.
L’homme doit être élevé pour la guerre, la femme pour le délassement du guerrier : hors de cela tout est folie. …   
La femme a besoin d’obéir et de donner une profondeur à sa surface. L’âme de la femme est superficielle, c’est une surface mobile et agitée au dessus d’un haut fond.


La petite vieille ironique à laquelle Nietzsche-Zarathoustra adresse ce discours est une voix de l’inconscient. Elle l’avertit du danger de traiter les femmes de cette manière. “Tu vas chez les femmes”, dit-elle, “N’oublie pas le fouet”. En effet, les forces féminines refoulées seront difficiles à dompter et Nietzsche subit les conséquences de son refus de l’opposé féminin. Dans sa folie c’est à Cosima Wagner, alias Ariane, qu’il écrivait “Ariane je t’aime”, en signant Dionysos.”

Tenter d'éliminer la femme c'était dangereusement refouler toutes les forces de la Nature et peut-être aussi celles du divin. C'est ce que nous verrons dans la prochaine et dernière note.

Ariaga

À suivre

  Vous pouvez sur mon autre blog lire un texte dont le titre est : Quest-ce qu'un homme  ?