11/02/2008
Quand la mer se retire
Quand la mer se retire, vidant l'estuaire de ses bleus
reste le plomb fondu de la vase grise et molle.
C'est alors que nos frères de plumes et de symboles
écrivent des messages, signés pattes d'oiseaux,
dans l'archaïque langue des dieux de la Nature.
Nous ne savons plus lire, le code s'est perdu
et nous avons laissé dissoudre dans le temps
cette danse amoureuse de la matière esprit
cette danse amoureuse mère de notre monde.
Ariaga
15:00 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, nature, photos, amour
06/02/2008
Amour et paix profonde
Vous savez que j'ai décidé d'ouvrir de temps en temps le laboratoire à des textes écrits par d'autres . Je ne parle pas des citations mais de certains de mes liens. Il en est (je pense, par exemple, au superbe poème de r-i-d dans les commentaires sur la note précédente) de très talentueux mais aujourd'hui j'ai envie de publier un texte simple, issu du coeur, d'Alexandre.
Alexandre avec lequel j'ai un lien d'amitié de blog, un être encore très jeune, est le meneur de jeu du forum Archétypes un espace ouvert pour échanger sur l'oeuvre de C.G.Jung et la psychologie et aussi pour partager une vision et un ressenti du monde où nous vivons. C'est ce ressenti, qui est pour moi un bel exemple d'alchimie spirituelle, de conjonction, qu 'Alexandre nous fait partager. J'ai un peu modifié la présentation et ajouté une photo de mon cru. Je sais qu'il ne m'en voudra pas. Ariaga.
Être heureux ?
Pour moi être heureux c'est être avec ce qui est.
J'ai été à la mer avec ma chérie et j'ai vécu cet état de grande paix intérieure simplement en jouant et en étant avec elle dans l'eau.
J'acceptais les conforts, jeux connivence, coopération, partage émotionnel devant l'immensité de l'océan...., les inconforts, sable partout et qui colle, vent, enfants et le bruit ; en accordant de l'attention aux deux, en y étant conscient alors que je me couche sur le sable pour un peu me dorer...
Je ressens une grande légèreté et une paix intérieure si profonde que j'en ai les larmes aux yeux...Un abandon où les émotions défilent...dans un grand silence intérieur.
Cet instant, ce ressenti a duré une éternité et je l'ai gravé en moi comme un trésor. Une petite pépite d'or pur...oui la connexion avec le Soi se trouve dans la simplicité, le quotidien, juste derrière le grain de sable...
Alexandre
15:45 Publié dans CONTRIBUTIONS | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, amour, alchimie, Soi
04/02/2008
Saint-John PERSE, poésie et divination
" O vous que rafraîchit l'orage...Fraîcheur et gage de fraîcheur..." le Narrateur monte aux remparts. Et le vent avec lui. Comme un Shaman sous ses bracelets de fer :
Vêtu pour l'aspersion du sang nouveau - la lourde robe bleu de nuit, rubans de faille cramoisie, et la mante à longs plis à bout de doigts pesée.
Il a mangé le riz des morts ; dans leurs suaires de coton il s'est taillé droit d'usager. Mais sa parole est aux vivants ; ses mains aux vasques du futur. ......
Jadis, l'esprit du dieu se reflétait dans les foies d'aigles entrouverts, comme aux ouvrages de fer du forgeron, et la divinité de toute parts assiégeait l'aube des vivants.
Divination par l'entraille et le souffle et la palpitation du souffle! Divination par l'eau du ciel et l'ordalie des fleuves...
Et de tels rites furent favorables. J'en userai. Faveur du dieu sur mon poème! Et qu'elle ne vienne à lui manquer!
" Favorisé du songe favorable " fut l'expression choisie pour exalter la condition du sage. Et le poète encore trouve recours dans son poème,
Reconnaissant pour excellente cette mantique du poème, et tout ce qu'un homme entend aux approches du soir;
Ou bien un homme s'approchant des grandes cérémonies majeures où l'on immole un cheval noir. - " Parler en maître ", dit l'Ecoutant. "
Saint-John PERSE, Vents,I. Gallimard, la pléiade, p.181
16:39 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : écriture, poésie, photo, citation, citations, rêve, photographie
01/02/2008
la caverne de l'illusion
16:50 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : écriture, spiritualité, philosophie, poésie, Platon, psychologie, littérature
28/01/2008
Crise incendiaire
Ce matin la nigredo alchimique m'avait envahie de sa putréfaction. Tout me semblait vain, en particulier ce blog que j'ai eu la tentation de précipiter aux oubliettes ; envie de casser le vase de la distillation où le matériau se dessèche sur un athanor parfois trop brûlant, parfois rempli de cendres froides.
Quand je lis dans mes mails, écrit par un inconnu, que l'on n'ose laisser de commentaires sur le blog de peur de ne pas être à la "hauteur", je me dis : pauvre idiote d'Ariaga, c'est l'échec complet. Tu voulais écrire pour tous, laisser simplement s'exprimer les amis intérieurs qui t'habitent et te voilà sur des "hauteurs" auxquelles tu as, depuis longtemps déclaré la guerre. Tu vis retirée sur les bords d'une mer bretonne et voilà qu'un (ou une) pervers t'a inscrite (en utilisant ton email) dans l'annuaire des psychanalystes de Paris." . Et me voilà psychanalyste freudien !
Il y a aussi ce blog que je regarde avec des yeux étrangers. La liste par catégories, tout à fait arbitraire et peu égalitaire. Cette manière d'expliquer, de raconter, Jung, l'alchimie, n'y-a-t-il pas là une pointe de paternalisme (maternalisme ?). Vouloir faire trop simple c'est mépriser, moins accessible, c'est exclure. Certains m'on demandé d'être plus moi-même, vous voyez ce que cela donne, des envies incendiaires.
Alors, face à la mer, dans un bidon, j'ai brûlé un tas de notes inutiles et prétentieuses amassées depuis des années. Maintenant je suis presque nue.
J'ai regardé à nouveau le blog et j'y ai trouvé des commentaires lumineux. C'est bon pour éclairer la noirceur de la nigredo. Et les crises aussi c'est bon, elles engendrent une libido, une force psychique, qui pousse à la transformation, à de nécessaires transmutations.
Ariaga.
16:40 Publié dans Alchimie, blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : écriture, alchimie, poésie, blog, photo, photos, spiritualité
20/01/2008
Mur effondré
Descellées de leur socle par le flot des paroles,
vaine prolixité d'un monde éparpillé,
les statues plaquées d'or, craquelées d'impatience,
quittent leurs niches de papier mâché.
Et comme un mur de briques fissuré par le temps,
nos belles constructions
solides fondations de grandes certitudes,
explosent en puzzles sur le sol desséché.
Et le rire de notre ombre musique le silence...
Ariaga
10:25 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, poème, photos, nature
17/01/2008
Le Dieu inconnu d'Angelus Silesius
" Le Dieu inconnu."
" Ce que Dieu est, nul ne le sait. Il n'est ni lumière, ni esprit,
Ni béatitude, ni unité, ni ce qu'on nomme Déité,
Ni sagesse, ni intelligence, ni amour, ni vouloir, ni bonté,
Ni chose, ni d'ailleurs non-chose, ni essence, ni affect,
Il est ce que ni moi ni toi, ni nul être
Ne peut éprouver tant que nous ne sommes pas devenus ce qu'Il est. "
ANGELUS SILESIUS
Le pélerin chérubinique, p. 220 ed. du cerf.
17:10 Publié dans photo | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : écriture, poésie, spiritualité, Dieu, citation, photo, photos
11/01/2008
La différence
Vous avez peur de lui comme on a peur de l'Autre
qui ne ressemble pas au modèle déposé,
rassurante copie d'un humain bien fini.
Il murmure des sons vieux de millions d'années,
avant que l'homme ne se pare des oripeaux de la pensée,
et tremble sur ses cils, amère et apaisante,
une larme d'enfant beaucoup trop grand.
Sa salive le mouille désaltérant la pierre,
il consoles bêtes et rit d'amour ravi
quand la fleur lui sourit.
Dans une maison sans clef ni porte, plus vaste que les mondes,
il lit des livres jamais écrits.
Quand il a faim, il mange les couleurs,
quand il a soif, il boit la lumière,
il ne possède rien et ne sais où il va.
Simplement il est là, regardant fixement
les vrais visages nus sous les maquillages.
Imbécile divin qui ne sait pas la mort , invention des humains,
il aspire la vie et tète l'univers.
Vous avez peur de lui comme on a peur du vide
mais surtout pas de cage, vous le ferriez mourir
emportant avec lui son grand secret...
Ariaga
16:44 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écriture, poésie, photo, poèmes, poésies, nature, spiritualité
24/12/2007
Cadeau de la nature pour Noël
En ce jour où certains courent les magasins, j'ai trouvé cette fleur aux allures de plante, au jardin exotique d'un village breton qui sent bon l'air marin . C'est avec vous lecteurs que je veux partager ce cadeau de la nature en vous souhaitant un joyeux Noël, plein d'amour et de belles pensées. Si vous voulez la voir dans sa plus belle robe allez sur le blog photo.
Baisers de Noël
Ariaga
19/12/2007
Métamorphose
Il y a des moments,
moments de Nuit Obscure,
macération putride, nigredo alchimique,
quand l'âme rampe aveugle
aux portes du blasphème.
Il y a des moments,
où dans la porcherie que devient une vie,
tel Job sur le fumier demandant à son Dieu
le pourquoi du comment
on assiste impuissant à la distillation
de ce corps tant aimé, de cette main si blanche,
où s'inscrivent chaque jour les taches de la mort.
Il y a des moments,
où l'attelage s'emballe avide de lumière
où l'on voudrait monter par de si hautes marches
que l'on perdrait enfin la mémoire de la terre.
Amis,
ce ne sont que moments,
brindilles et feuilles mortes de l'arbre de la Vie,
lente métamorphose.
La larve n'est pas belle, mais elle porte en elle
le somptueux papillon.
Ariaga
14:15 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : écriture, poésie, spiritualité, photo, alchimie, Dieu, poèmes
25/11/2007
Retour sur un fantasme d'amour cosmique
Il est revenu ce fantasme, issu d'un rêve, il y a plus d'un an. J'en avais fait une poésie que je redonne aujourd'hui dans une présentation différente.
Quand nos cendres se promèneront dans l'univers,
et que nos corps ne seront plus rien,
hors de ce sac de peau où nous gardons nos os,
oubliée l'apparence et le tien et le mien, les rides du chagrin,
perdues les références ,
quand les mémoires n'auront plus faim.
Explosés de soleils, nous nous retrouverons
et nous nous mêlerons, parcelles d'infini, dans un immense lit.
Nous serons la musique
symphonie fantastique
nos esprits confondus
se retrouveront nus
monade désirante
copulation ultime.
En un cri silencieux nous baiserons les ondes
et l'Amour jaillira jusqu'au delà des mondes !
Ariaga
15:46 Publié dans amour, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : poésie, photo, amour, rêve, écriture, spiritualité, poèmes
17/11/2007
Possession
Voici venir le temps de l'homme nouveau.
La bouche béante de désirs, et prisonnier d'un corps qui a perdu son âme, asphyxié sous les emballages d'une nouvelle religion, il psalmodie avec les autres adeptes le "Je possède donc je suis ".
Avoir plus, avoir encore.
Vivre en tout plaqué or.
Respecter les gardes obèses des hordes affamées.
Sucer le sang de la terre et arracher sa beauté.
Tu achèteras le monde à crédit.
Les sentiments sont sans valeur,l'amour est bien meilleur en promotion,
un clic et voilà l'affaire.
Voici venu le temps de la possession.
Et moi je me demande
si un puissant démon
ne s'est pas emparé
du monde.
Ariaga
15:54 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : écriture, poésie, poèmes, photo, spiritualité, société
10/11/2007
Revenons donc à l'amour.
Mes dernières notes ont eu pour thème la méditation philosophique, on m'a même gentiment dit que j' étais une "pure intellectuelle". Pour revenir sur terre dans le domaine de l'incarnation, de l'amour, je vais aujourd'hui vous proposer, sous une forme un peu différente, une poésie des débuts du blog. En cette période grise de l'année, j'espère qu'ele vous apportera un peu de couleur humaine....
J'avais intitulé cette poésie, "Amour hors du temps".
Lourde dans le creux de ton épaule,
lourde comme le sommeil , la terre, le Rien,
je rêve le rêve des morts
qui ont beaucoup aimé vivants.
Le vent chaud qui caresse mon corps nu
est si doux que j'en pleure,
cette main sous ma taille, un serpent de velours,
se roule et se déroule en frissons infinis.
Je suis chat je le sais, le poil dedans
et toute la chaleur qui est dans mes entrailles
veut sortir de ma peau
gratte, griffe,
désespérément.
Aide moi aime moi.
Cette eau qui coule, cette source fraîche et brûlante,
ce corps qui fond,
ce moi qui descend dans mon ventre,
aime, prends, je donne.
Tu es là je le sais, et je ne suis pas morte.
Le voyage est si doux, lent, soyeux,
quand je te trouve en moi, bateau qui se balance,
sur la vague endormie de mon corps qui s'éveille
pour toi ...
Ariaga
02/11/2007
Mort et vie
Je suis la locataire d'un vaisseau de distillation où se dissolvent les chairs et où l'âme grandit.
Poisson qui respire dans l'air, j'ai oublié l'océan d'où je viens.
Boomerang déposé sur le sable, j'aspire à la vague qui rentre dans la mer.
J'attends, la vie est si belle, je la boirai jusqu'à la dernière goutte .
Et quand le rêve lucide de la mort m'emportera, là où il voudra, j'espère, toute baignée de l'énergie de l'Esprit, écouter la musique des sphères.
Et quand le temps sera venu, je reviendrai encore, bien plus forte, enivrée de la Lumière de la Nature, vibrante d'amour divin, Pour grandir et mourir...
Ariaga
09:50 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : écriture, spritualité, poèmes, photo, poésie, amour, alchimie
27/10/2007
Les rebelles (bis)
Cette poésie est de Décembre 2006. J'ai envie aujourd'hui de lui rajouter cette photo qui me fait penser à la maigreur des suppliciés, aux côtes blanchies des cadavres abandonnés dans la nature et mangés par les corbeaux.Beaucoup sont morts parce que on les disaient hérétiques, parce que ils pensaient en dehors des dogmes. C'étaient de grands têtus qui préféraient brûler vifs que de renier leurs idées. J'éprouve pour eux compassion, amour et respect.
"Cette nuit la tempête
A craqué la maison
Forteresse assaillie
Par les béliers du vent
Au petit matin noir tout encombré des rêves de la nuit
Quand on se trouve encore
Sur le fil du rasoir entre la mort et la vie
Un plat silence a figé l'air quelques secondes
Mer étale
Et puis comme un grand souffle
Est monté le clavier d'une foule impatiente
Un vieux moi très ancien
A ouvert grand la porte
A la lumière du porche j'en ai vu quelques uns
Les autres
Écharpes de brume
Dansaient dans la grisaille de la fin de la nuit
Certains disaient leur nom d'autres l'avaient inscrit au fer rouge sur le front
C'étaient des Basilide Barbélo Valentin
Carpocrate Epiphane Menandre Saturnin
Des ophites tout nus réchauffés de serpents
Le tout en grand désordre
Simon avec Hélène forniquait dans un coin
Au tout début du jour j'ai vu des Bogomiles
Puis ceux de Monségur des enfants dans les bras
Et Giordano Bruno fumant comme un tison
Oui ils étaient tous là douteurs et insoumis
Ceux qui se voulaient plus chrétiens que d'autres
Ceux qui croyaient que le Diable est associé à Dieu
Ceux qui pensaient qu'il n'y a rien entre l'homme et son dieu
Ceux qui croyaient que l'univers est Un
Quand le jour s'est levé
Quand le ciel s'est ouaté de nuages
Ils se sont lentement dissous
Vers les mémoires obscures où brûlent les bûchers
Me laissant des regrets
De ne pouvoir loger
Amour si absolu."
Ariaga
16:10 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, poèmes, poésie, spiritualité, photo, religion