12/03/2008
Contes bretons
En hommage à Anatole Le Braz.
C'était aux jours anciens, où l'on croyait encore,
que les âmes perdues errent sur l'Océan.
Quand la cloche sonne le glas et résonne vers le ciel gris habité de lourdes pluies,
quand l'angoisse et la détresse se mêlent d'effroi,
arrive le temps des nuits d'apparitions.
La mer est une tombe où le linceul est d'algues. Seules mouettes et goélands récitent les paroles funèbres qu'elles crient à la face du vide.
Dans les échancrures de l'Océan, poussés par les grands vents d'Ouest, remontent ceux qui n'ont pas trouvé le repos dans la terre mère.
Ils reviennent vers la côte, attirés par les feux de goémon de celles qui sont restées à terre, transies de froids regrets.
Ils sont des milliers, bras levés, prunelles angoissées, jaillissant des vagues qui attaquent la falaise comme des gerbes d'écume vivante. Leurs formes spectrales tentent de s'agripper aux maigres touffes de bruyères et d'ajoncs et ils se plaignent en une langue qui n'est plus celle des hommes.
Je les vois, je les entends. L'amour et la pitié me submergent.
C'était le temps de l'enfance, le temps où ma Grand Mère me racontait des contes bretons. Cela explique bien des choses...
Ariaga
COUP DE COEUR
Après ces impressions d'enfance pas très gaies, je vous propose d'aller sur le blog d'une femme de talent qui cultive un humour assez ravageur dans un style brillant. Si on lit entre les lignes on devine que le rire et l'autodérision ne sont pas loin des larmes. J'aime donc beaucoup ce qu'écrit Ambreneige sur le blog Zen pour les nulles (lien) dont le sous titre est un programme à lui tout seul : enfin des explications pour les nounounes ! En plus, quand je suis allée copier le lien, j'ai vu que le dernier texte était une version, à découvrir, de Cendrillon. Beau phénomène de synchronicité. Et n'hésitez pas à fouiller dans les profondeurs de ce blog plein d'humour.
15:11 Publié dans Nature, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : écriture, poésie, photo, bretagne, mer, culture, littérature
08/03/2008
Alchimie de la maladie
Comme j'émerge de la grippe, il m'a semblé intéressant, en prenant comme exemple F.Nietzsche et C.G.Jung, de parler d'un sujet que j'ai probablement déjà abordé (il m'arrive de me perdre dans les méandres de mon blog) la maladie en tant que facteur d'évolution.
Il existe, chez Nietzsche et chez Jung, une attitude à la fois semblable et différente vis-à vis de ce qu'ils appellent les "états valétudinaires ", pour faire simple la maladie. Nietzsche a principalement développé le sujet dans Ecce homo et dans sa correspondance et Jung dans Ma vie et aussi dans sa correspondance.
Pour Nietzsche, le corps constitue un lieu d'élaboration où l'excès de santé, mais aussi la maladie, sont des stimulants de la création. La maladie lui était , en quelque sorte, indispensable et ses lettres recèlent un impressionnant catalogue de ses maux. Michel Onfray écrit à ce sujet dans L'art de jouir p.68 :
" Qu'en est-il de ce corps porteur de Zarathoustra qui enfantera les perspectives du Surhomme ? La lecture de la correspondance complète du philosophe donne tous les détails. Nietzsche interpose son oeuvre entre sa chair qui se dérobe et ne parle qu'en termes de malaises et sa volonté de santé, éternel voeux pieux. il avait coutume de dire que ce qui ne le tuait pas le fortifiait : son oeuvre complète est placée sous ce signe ".
La maladie était un refuge qui permettait à Nietzsche d'échapper au quotidien, d'excuser certains comportements. Mais elle était aussi un moyen de ralentir l'excès de feu sous l'athanor, les dépenses d'énergie excessives qui empêchent l'évolution des forces créatrices.On se retrouve ici dans les perspectives alchimiques de la voie sèche et de la voie humide. Il me semble que ce passage de Ecce homo (p.56) le montre bien :
"La clarté et la belle humeur parfaite, voire l'exubérance de l'esprit que reflète l'oeuvre susmentionnée (il s'agissait du Voyageur et son ombre) se concilient chez moi, non seulement avec le plus profond affaiblissement physiologique, mais même avec un excès de souffrances. Au milieu même des tortures qu'inflige un mal de tête ininterrompu de trois jours, accompagné de pénibles vomissements de pituite, je bénéficiais d'une clarté de dialecticien par excellence et je méditais à fond de sang froid des questions pour lesquelles, dans des circonstances meilleures, je ne suis pas assez escaladeur, pas assez raffiné, pas assez froid.
Il semblerait que chez des êtres comme Nietzsche, la recherche du sens et du dire de ce sens, mette la chair à l'épreuve comme si c'était au sein de cette "passion" que, comme dans le creuset des alchimistes, se produisait la "cuisson lente".
Jung est un peu de la même famille. Son enfance à été vécue sous le signe d'une relation très ambiguë avec des maladies réelles ou psychosomatiques. Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie se retrouva alors qu'il avait près de soixante dix ans quand, à la suite d'une grave maladie qui l'avait plongé dans une espèce de coma rempli de visions il mit trois semaines avant de se décider à retourner vers la vie telle qu'elle est. De ces moments d'enseignements puisés dans un état proche de la mort il revint avec de nouvelles forces et c'est après cette maladie que son travail et la puissance de sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il écrit dans une lettre de 1944 :
"En fin de compte, cette maladie a été pour moi une expérience extrêmement précieuse, elle m'a donné l'occasion extrêmement rare de jeter un oeil derrière le voile. ".
La maladie, probablement parce que elle diminue les défenses du conscient et relativise l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la société, peut donc, ainsi que l'ont ressenti et pensé Nietzsche et Jung, être un facteur de progression. Je nuance cette pensée, car il est des êtres qui souffrent tellement que je ne vois pas comment leurs souffrances seraient positives. La maladie peut aussi, comme le montre le destin final de Nietzsche, être destructrice. Jung s'est penché, car cela le touchait personnellement sur cette destruction dont il a tenté l'analyse. Mais cela est une autre histoire...
Ariaga
COUP DE COEUR
Pour récompenser ceux qui auront lu jusqu'au bout mon texte un peu " lourd " je vous propose aujourd'hui d'aller faire un tour sur un de mes blogs favoris. Il s'agit d'un photographe : Jean-Louis BEC dont le blog s'intitule Image-Mots, Mots-Image (lien). Il nous offre un dialogue entre de très belles photos et des textes symboliques et poétiques dont les mots creusent un chemin vers les profondeurs de l'être. Si je devais choisir une photo ce serait celle intitulée Léviathan car le groin de la bête me hante. Mais elles sont toutes belles et pleines de sens. Bon regard et bonne lecture.
17:28 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, photo | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : écriture, culture, philosophie, psychologie, jung, alchimie, spiritualité
04/03/2008
La clé du jardin
Mon ami intérieur le vieil alchimiste qui murmure parfois à l'oreille de mon coeur m'a dit ce matin :
Il n'y a pas de joie si parfaite qu'elle ne contienne une peine.
Il n'y a pas de peine si noire qu'elle ne s'éclaire d'un rayon de soleil.
Le désert le plus aride contient un jardin. On ne peut y entrer avec une clé ordinaire mais, si on possède cette clé, on y trouve des rosiers à perte de vue, des champs d'une fertilité infinie et une fontaine intarissable d'où jaillit l'eau de la Vie.
Ariaga
COUPS DE COEUR
Pour ceux qui lisent mes textes jusqu'au bout, je vais dorénavant partager avec mes lecteurs des "coups de coeur" pour un blog ou un texte qui a eu pour moi une résonance particulière. Ou bien je vous présenterai brièvement un blog que je ne trouve pas assez lu. C'est une idée toute récente et je ne sais où elle me mènera et si je la poursuivrai. Dans mes choix il y aura certainement du hasard et de l'arbitraire (une petite tendance à privilégier mes liens par exemple) mais c'est la vie !
Aujourd'hui j'ai été heureuse pendant ma promenade sur les blogs de rencontrer dun texte avec lequel je me sentais en " correspondance". C'était sur le blog de Guelum, Guelum décode Guelum, (lien), une vraie pépite poético-alchimique intitulée Tango.Vous y trouverez aussi d'autres notes d'une grande originalité, mais celle là, en date du 26 février, m'a particulièrement touchée. A bientôt pour d'autres blogs.
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17:03 Publié dans Alchimie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : écriture, spiritualité, poésie, photo, nature, alchimie, photographie
02/03/2008
Suite et fin du safari photographique
17:14 Publié dans Nature, photo | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : écriture, nature, photo, photographie, blog, bretagne, vie
27/02/2008
LA photo
Mes relations avec l'art de la photo sont très ambiguës : grande attirance, peur de mal faire, timidité. Il faut dire que j'ai été très tôt traumatisée par la grande compétence et la sévérité de jugement d'un membre de ma famille. Je l'ai surnommé ma " conscience photographique ". Le fait d'ouvrir ce blog m'a beaucoup aidée car cela m'a donné le désir d' " illustrer " mes textes, parfois un peu austères. Comme je voulais que ma cuisine alchimique soit toute " fait maison ", je n'ai pas eu d'autre solution que de publier mes misérables photos. Je ne sais en effet ni peindre, ni dessiner et mes essais de sculpture ne m'ont pas satisfaite. Certaines de mes photos ont enfin trouvé grâce aux yeux du trop doué personnage et se sont retrouvées sur mon blog photo après être passées par sa censure.
Au début de l'année, suivant les conseils de Monsieur ma Conscience Photographique, quelques personnes se sont cotisées pour m'acheter ce qu'il considérait comme un appareil photo digne de ce nom. Un beau reflex numérique avec des objectifs etc etc. Et c'est là que l'aventure, ou plutôt l'absence d'aventure, a commencé.
L'engin, dans un fort beau sac qui faisait très " pro ", m'a fascinée mais surtout impressionnée. Il ne ressemblait pas du tout à mon fidèle compagnon, le gentil compact, et le mode d'emploi était fort épais ... Je l'ai cependant tout de suite aimé, d'un amour révérencieux, et je l'ai appelé Midas. Je l'ai posé sur ma table de nuit. Nous avons dormi côte à côte, très chastement mais consommer cela m'a été impossible. Je l'ai touché, je lui ai tripoté quelques boutons mais nos relations ne sont pas allées plus loin.
Monsieur ma Conscience Photographique, furieux de mon comportement, a fait mille kilomètres pour venir me secouer et me préparer à la chasse à l'image dans les règles de l'art. Si vous me voyez peu sur vos blog en ce moment c'est que je subis un entraînement intensif et hier j'ai eu droit à ma première sortie sur le terrain. Hélas ! le temps au bord de la mer était infect, le vent me déstabilisait, j'ai failli tomber de la jetée gluante et surtout, les yeux pleins de larmes de sel, je m'emmêlais dans d'affreuses histoires de " flash asservi " ou non, de " point manuel ", de menu " intuitif ", paraît-il, de pare soleil récalcitrant qui me paraissait inutile vu le temps mais il paraît qu'il peut "aussi " protéger de la pluie.
Finalement je n'ai réussi à capturer qu'une malheureuse branche d'arbre qui avait dû se réfugier il y a longtemps à l'abri dans les rochers. Et c'est ainsi que j'ai pris LA photo qui a été jugée digne de figurer sur le blog. Si je survis à toutes ces épreuves et au fait que hautetfort est en train de tout chambouler et qu'il est difficile de publier, vous aurez bientôt des nouvelles de mon prochain safari. Et puis, j'espère que Monsieur ma Conscience Photographique ne rôde pas dans les parages, il y a des photos prises par mon gentil compact que j'aime et je les utiliserai. Non mais !
Ariaga.
20:15 Publié dans blog et quotidien, photo | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : écriture, nature, photo, photos, photographie
23/02/2008
Etienne Perrot, Nature, poésie et alchimie
15:40 Publié dans Alchimie, poésie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : écriture, poésie, spiritualité, nature, alchimie, photo, Perrot
19/02/2008
La musique est...
La musique est une fleur qui s'épanouit en vibrations fines et pénétrantes.
La musique est un art total de l'esprit et des sens.
La musique est langage, chant, architecture, nombres, cathédrale des sons, ordre, harmonie, géométrie sacrée.
La musique se regarde quand le rêve éveillé se nourrit de ses notes.
La musique est onde cosmique qui se propage jusqu'à la chair et pulse le sang au rythme de l'amour.
La musique est instant et pause dans l'instant, répétition, assuétude quand s'écoutent encore et encore les mêmes notes indispensables.
La musique se fait au bout des doigts qui jouent sur la table, sur la chair sonore des genoux frappés, avec les mains brûlantes qui battent les tambours.
La musique berce, endort, excite jusqu'à l'extase. Hautaine, elle valse dans les salons, joyeuse, elle trille comme un oiseau.
La musique casse les voix andalouses pleurant l'amour perdu et crie la souffrance des peuples opprimés.
La musique est parfois silence tout gonflé des sons retenus.
La musique est...
Ariaga
17:27 Publié dans Pensées, interrogations, aphorismes, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : écriture, musique, poésie, culture, photo, spiritualité, fleurs
17/02/2008
Le rêve du yogi
Je fais des sauts dans le temps au sujet de la double personnalité de C.G.JUNG, déjà évoquée (voir lien) et de sa relation à la philosophie, la psychologie, le rêve et la spiritualité.
Une étape importante du cheminement de Jung, la plus importante depuis sa confrontation avec l'inconscient entre 1913 et 1916, quand beaucoup d'amis et surtout d'ennemis l'avaient soupçonné de folie, se situe durant sa grave maladie de 1944. Il avait alors soixante huit ans. Pendant trois semaines il resta entre la vie et la mort dans une espèce de semi coma. Alors que ses journées étaient remplies de souffrances morales et physiques, les nuits lui donnaient accès à un monde de "la délivrance du fardeau du corps et de la perception du Sens".
Il eut de nombreuses visions de symboles alchimiques, en particuliers ceux qui représentaient le thème archétypique de la conjonction des opposés ; le mariage mystique, par exemple. Il raconte ces scènes et le plaisir qu'il avait à les "vivre', de manière détaillée dans le chapitre de Ma vie intitulé " Visions ". Quand je lis ces récits hors du contexte de l'oeuvre complète de Jung je ne suis pas étonnée qu'il ait passé aux yeux de certains comme un visionnaire mystique hurluberlu. Il décrit aussi ses difficultés et son peu d'enthousiasme envers un retour à la vie réelle, tout en ajoutant cependant que, même au sein de cette béatitude provoquée par les visions, régnait un "manque singulier de chaleur humaine".
Jung choisit la Vie. Son sentiment de parenté avec la Nature, une acceptation du destin, la curiosité au sujet de l'avenir furent, je crois, ce qui le retint de céder à la tentation de s'"échapper par le haut", tentation qui fut très forte pendant cette maladie. A cela s'ajoutait une exigence morale l'incitant à transmettre les expériences accumulées pendant une existence déjà bien remplie par la pratique de l'analyse, l'accumulation d'un grand savoir livresque, et surtout le travail d'expérimentation sur lui-même.
C'est après cette période, pendant laquelle il évolua à la frontière entre la vie et la mort, que furent écrites ses oeuvres essentielles. Cependant, de profondes transformations se produisirent dans son attitude, en particulier au sujet de sa double personnalité. Sa maladie et le fait que son conscient avait laissé s'installer une domination de forces inconscientes, avaient redonné la prédominance à la personnalité numéro 2.
Jung chercha de nouvelles formes d'expressions et ne tenta plus d'imposer son point de vue personnel. Il se laissait plutôt "guider par le cours de ses pensées" ; elles se formaient d'elles mêmes et il les acceptait, sans se préoccuper d'un quelconque jugement d'autrui à leur sujet et, surtout, il fit de nombreux rêves dont l'un, celui du "Yogi", éclaircit pour lui les relations entre le Soi et le Moi. Les commentaire qu'il donne de ce rêve montrent que les visions "initiatiques" qu'il eut pendant sa maladie avaient conforté en lui le sentiment de devoir revenir à sa à sa personnalité numéro 2. Il lui fallait se désintéresser de son image sociale et privilégier la relation avec l'inconscient. Voici ce rêve (Ma vie, p.367) qui commence par une excursion et l'arrivée à une petite chapelle :
" La porte était entrebâillée et j'entrai. A mon grand étonnement, il n'y avait ni statue de la vierge, ni crucifix sur l'autel, mais simplement un arrangement floral magnifique. Devant l'autel, sur le sol, je vis, tourné vers moi, un Yogi dans la position du lotus, profondément recueilli. En le regardant de plus près, je vis qu'il avait mon visage ; j'en fus stupéfait et effrayé et je me réveillai en pensant : " Ah ! par exemple ! Voilà celui qui me médite. il a un rêve et ce rêve c'est moi " Je savais que quand il se réveillerait je n'existerais plus. "
Jung a longuement commenté ce rêve dans Ma vie et d'autre oeuvres mais je pense qu'il est mieux que chacun cherche à interpréter ce rêve comme s'il était lui même le rêveur car il me semble que, à travers le rêve de Jung, c'est nous tous qui rêvons.
Ariaga.
11:11 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, rêve | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : écriture, Jung, rêve, spiritualité, philosophie, psychologie, soi
14/02/2008
Le cadeau de mon amoureux
Aujourd'hui, comme chaque jour et chaque nuit, mon amoureux m'a fait le plus beau des cadeaux : rester en vie à mes côtés, refuser une mort programmée.
C'est une tâche douloureuse, une tâche de tous les instants de l'ici et maintenant. Il y a des branches coupées, l'écorce a disparue mais le ciel est toujours éclairé par une antique lumière venue du fonds des âges, une lumière d'amour et d'éternel retour.
Ariaga.
16:50 Publié dans amour, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : écriture, poésie, photo, photos, amour, nature, spiritualité
11/02/2008
Quand la mer se retire
Quand la mer se retire, vidant l'estuaire de ses bleus
reste le plomb fondu de la vase grise et molle.
C'est alors que nos frères de plumes et de symboles
écrivent des messages, signés pattes d'oiseaux,
dans l'archaïque langue des dieux de la Nature.
Nous ne savons plus lire, le code s'est perdu
et nous avons laissé dissoudre dans le temps
cette danse amoureuse de la matière esprit
cette danse amoureuse mère de notre monde.
Ariaga
15:00 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, nature, photos, amour
09/02/2008
C.G.Jung, F.Nietzsche : attraction, répulsion
Cette note sur la formation et l'évolution de la pensée de Jung est en relation avec une autre note assez récente sur la double personnalité de Jung sur laquelle je vous propose un lien.
La curiosité de Jung au sujet de la philosophe et des philosophes s'était éveillée dès son adolescence mais s'il appréciait chez Schopenhauer le thème de la souffrance du monde et la manière de présenter les problèmes il n'aimait pas sa façon de les résoudre. Il trouva chez Kant une théorie de la connaissance mais détesta Hégel et son langage "pénible et prétentieux". Sa curiosité s'éveilla envers d'autre philosophes, en particulier les présocratiques, mais c'est seulement avec Nietzsche que se construisit une forme de relation passionnelle, parfois inconsciente, une sorte d'attraction-répulsion qui exerça une grande influence sur l'édification de sa pensée. Son intérêt pour Nietzsche ne se démentit jamais, et il consacra un séminaire au Zarathoustra entre 1934 et 1938.
Que ce soit pour l'édification de son oeuvre, de son outillage conceptuel, dans son attitude vis-à-vis de l'existence, l'imprégnation nietzscheenne me semble évidente chez Jung. Une des manifestation la plus visible de cette filiation est leur goût commun pour le paradoxe. Cette manière de penser, pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie, les conduit parfois à énoncer une idée ou à défendre, en apparence, une thèse pour en montrer, en même temps ou ultérieurement, la fausseté. Pour l'un comme pour l'autre, il n'y a pas de vérité absolue, de lumière sans ombre, et toute chose contient son contraire. C'est cet esprit paradoxal qui incite leurs détracteurs à leur faire le commun reproche d'obscurité et de confusion.
La relation Jung-Nietzsche commence d'une manière assez négative. Le premier contact se situe au début de ses années universitaires. On le voit alors bien installé dans sa personnalité numéro 1, celle qui privilégie la vie conscient et sociale. Il est peu disposé à recevoir des stimulations intellectuelles propres à réveiller l' "Autre ", ce numéro 2 qui le suivait autrefois comme une ombre et maintenant relégué à l'arrière plan.
Nietzsche avait terminé le Zarathoustra en 1885, alors que Jung était âgé d'une dizaine d'années. La rumeur, dans le milieu universitaire, en faisait un personnage peu sympathique sur lequel on colportait des anecdotes concernant plus la personne que les idées. Il était violemment contesté par les étudiants "compétents" en philosophie, et très mal vu par des professeurs qui, le plus souvent ne l'avaient même pas lu, ou très partiellement. Il me semble, à la lecture de certaines réactions sur les blogs., que cela n'a pas beaucoup changé de nos jours. Le fait d'entendre parler d'un philosophe aussi rejeté par ses semblables aurait du attirer le jeune Jung mais, dit-il, "j'hésitais à le lire, m'y sentant insuffisamment préparé".
L'explication la plus vraisemblable de la méfiance de Jung envers Nietzsche doit avoir son origine dans le regard lucide qu'il posait déjà sur sa propre fragilité psychique. Il devait être conscient que la présence en lui de deux personnalités représentait une menace de dissociation et de schizophrénie. L'impression d'angoisse concernant le sentiment de secrète parenté qu'il ressentait avec Nietzsche est ainsi exprimée dans Ma vie (p; 136):
J'avais comme une angoisse secrète de lui ressembler au moins quant au "secret" qui l'isolait dans son milieu. Peut-être -qui sait ? -avait-il eu des aventures intérieures, des visions dont par malheur il aurait voulu parler, mais qui n'avaient malheureusement été comprises de personne. Évidemment c'était un être hors série ou du moins qui passait pour tel, pour un lusus naturae, un jeu de la nature, ce que je ne voulais être à aucun prix. J'avais peur de découvrir que moi aussi j'étais comme Nietzsche, "un être à part".
Il ne faut surtout pas croire, à cette lecture, que le jeune Jung avait la vanité de se comparer au philosophe Nietzsche. Il avait, au contraire, un sentiment de petitesse envers quelqu'un d'aussi cultivé, et qui avait atteint de "vertigineuses hauteurs". Cela ne faisait que conforter son idée que les "excentricités" permises à ce personnage extraordinaire lui étaient interdites.
Après un temps de résistance, un phénomène moteur de de vie de Jung, " l'intense curiosité " à laquelle il ne sut jamais résister (comme je le comprends) balaya ses craintes et il se "décida à lire".
Mais cela sera pour une autre fois.
Ariaga
16:50 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, philosophie, psychologie, Jung, Nietzsche, citations, société
06/02/2008
Amour et paix profonde
Vous savez que j'ai décidé d'ouvrir de temps en temps le laboratoire à des textes écrits par d'autres . Je ne parle pas des citations mais de certains de mes liens. Il en est (je pense, par exemple, au superbe poème de r-i-d dans les commentaires sur la note précédente) de très talentueux mais aujourd'hui j'ai envie de publier un texte simple, issu du coeur, d'Alexandre.
Alexandre avec lequel j'ai un lien d'amitié de blog, un être encore très jeune, est le meneur de jeu du forum Archétypes un espace ouvert pour échanger sur l'oeuvre de C.G.Jung et la psychologie et aussi pour partager une vision et un ressenti du monde où nous vivons. C'est ce ressenti, qui est pour moi un bel exemple d'alchimie spirituelle, de conjonction, qu 'Alexandre nous fait partager. J'ai un peu modifié la présentation et ajouté une photo de mon cru. Je sais qu'il ne m'en voudra pas. Ariaga.
Être heureux ?
Pour moi être heureux c'est être avec ce qui est.
J'ai été à la mer avec ma chérie et j'ai vécu cet état de grande paix intérieure simplement en jouant et en étant avec elle dans l'eau.
J'acceptais les conforts, jeux connivence, coopération, partage émotionnel devant l'immensité de l'océan...., les inconforts, sable partout et qui colle, vent, enfants et le bruit ; en accordant de l'attention aux deux, en y étant conscient alors que je me couche sur le sable pour un peu me dorer...
Je ressens une grande légèreté et une paix intérieure si profonde que j'en ai les larmes aux yeux...Un abandon où les émotions défilent...dans un grand silence intérieur.
Cet instant, ce ressenti a duré une éternité et je l'ai gravé en moi comme un trésor. Une petite pépite d'or pur...oui la connexion avec le Soi se trouve dans la simplicité, le quotidien, juste derrière le grain de sable...
Alexandre
15:45 Publié dans CONTRIBUTIONS | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, amour, alchimie, Soi
04/02/2008
Saint-John PERSE, poésie et divination
" O vous que rafraîchit l'orage...Fraîcheur et gage de fraîcheur..." le Narrateur monte aux remparts. Et le vent avec lui. Comme un Shaman sous ses bracelets de fer :
Vêtu pour l'aspersion du sang nouveau - la lourde robe bleu de nuit, rubans de faille cramoisie, et la mante à longs plis à bout de doigts pesée.
Il a mangé le riz des morts ; dans leurs suaires de coton il s'est taillé droit d'usager. Mais sa parole est aux vivants ; ses mains aux vasques du futur. ......
Jadis, l'esprit du dieu se reflétait dans les foies d'aigles entrouverts, comme aux ouvrages de fer du forgeron, et la divinité de toute parts assiégeait l'aube des vivants.
Divination par l'entraille et le souffle et la palpitation du souffle! Divination par l'eau du ciel et l'ordalie des fleuves...
Et de tels rites furent favorables. J'en userai. Faveur du dieu sur mon poème! Et qu'elle ne vienne à lui manquer!
" Favorisé du songe favorable " fut l'expression choisie pour exalter la condition du sage. Et le poète encore trouve recours dans son poème,
Reconnaissant pour excellente cette mantique du poème, et tout ce qu'un homme entend aux approches du soir;
Ou bien un homme s'approchant des grandes cérémonies majeures où l'on immole un cheval noir. - " Parler en maître ", dit l'Ecoutant. "
Saint-John PERSE, Vents,I. Gallimard, la pléiade, p.181
16:39 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : écriture, poésie, photo, citation, citations, rêve, photographie
01/02/2008
la caverne de l'illusion
16:50 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : écriture, spiritualité, philosophie, poésie, Platon, psychologie, littérature
28/01/2008
Crise incendiaire
Ce matin la nigredo alchimique m'avait envahie de sa putréfaction. Tout me semblait vain, en particulier ce blog que j'ai eu la tentation de précipiter aux oubliettes ; envie de casser le vase de la distillation où le matériau se dessèche sur un athanor parfois trop brûlant, parfois rempli de cendres froides.
Quand je lis dans mes mails, écrit par un inconnu, que l'on n'ose laisser de commentaires sur le blog de peur de ne pas être à la "hauteur", je me dis : pauvre idiote d'Ariaga, c'est l'échec complet. Tu voulais écrire pour tous, laisser simplement s'exprimer les amis intérieurs qui t'habitent et te voilà sur des "hauteurs" auxquelles tu as, depuis longtemps déclaré la guerre. Tu vis retirée sur les bords d'une mer bretonne et voilà qu'un (ou une) pervers t'a inscrite (en utilisant ton email) dans l'annuaire des psychanalystes de Paris." . Et me voilà psychanalyste freudien !
Il y a aussi ce blog que je regarde avec des yeux étrangers. La liste par catégories, tout à fait arbitraire et peu égalitaire. Cette manière d'expliquer, de raconter, Jung, l'alchimie, n'y-a-t-il pas là une pointe de paternalisme (maternalisme ?). Vouloir faire trop simple c'est mépriser, moins accessible, c'est exclure. Certains m'on demandé d'être plus moi-même, vous voyez ce que cela donne, des envies incendiaires.
Alors, face à la mer, dans un bidon, j'ai brûlé un tas de notes inutiles et prétentieuses amassées depuis des années. Maintenant je suis presque nue.
J'ai regardé à nouveau le blog et j'y ai trouvé des commentaires lumineux. C'est bon pour éclairer la noirceur de la nigredo. Et les crises aussi c'est bon, elles engendrent une libido, une force psychique, qui pousse à la transformation, à de nécessaires transmutations.
Ariaga.
16:40 Publié dans Alchimie, blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : écriture, alchimie, poésie, blog, photo, photos, spiritualité