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24/12/2007

Cadeau de la nature pour Noël

 

  

 
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En ce jour où certains courent les magasins, j'ai trouvé cette fleur aux allures de plante, au jardin exotique d'un village breton qui sent bon l'air marin . C'est avec vous lecteurs que je veux partager ce cadeau de la nature en vous souhaitant un joyeux Noël, plein d'amour et de belles pensées. Si vous voulez la voir dans sa plus belle robe allez sur le blog photo

    Baisers de Noël

           Ariaga 

14/12/2007

Ariaga : le retour 4

   Ce titre parce que la vie du blog me fait penser à ces films- tiroirs qui exploitent toujours le même scénario avec des variantes. Nous avons eu Ariaga malade, Ariaga déprimée, Ariaga prise par un désir de silence méditatif, Ariaga envahie par le désordre. Pour vous raconter ce que furent ces prétendues vacances il faudrait le talent et la plume ironique de mon lien Ambreneige (Zen pour les nulles).
   Je me contenterai de vous dire que mes essais de rangement, en particulier en ce qui concerne mes notes, bouts d'écriture et autres paperasses, ont été désastreux.  Question repos, la tempête qui a sévi sur les côtes bretonnes m'a privée de sommeil pendant trois nuits et coupée plusieurs jours du téléphone, des mails et des blogs. Côté positif, c'est agréable d'être sous sa couette, au chaud, pendant que, dehors, les éléments se déchaînent. Autre déception, je  comptais mijoter sur mon athanor quelques bons petits plats d'avance pour vous les servir réchauffés plus tard et éviter ainsi l'angoisse de la page blanche. Rien, je n'écris que dans l'urgence. De vagues idées poétiques ou philosophiques/alchimiques/psychologiques traînent bien sur mon bureau, ayant échappé aux erreurs de rangement, mais rien de bien abouti.
   Alors, me direz vous, amis lecteurs, ce n'était pas la peine d'abandonner lâchement ton blog, de le priver de nourriture, pendant deux semaines. Erreur ! J'ai enfanté ...Le bébé, encore bien fragile, en couveuse, est un blog photo (en haut à droite du Laboratoire). Rien d'original, mas cela me permet de mettre mes photos indépendamment des textes et dans une meilleure présentation.
   La photo est pour moi un loisir artistique et je suis un amateur. Mon outillage est modeste mais va bientôt s'améliorer avec l'arrivée d'un réflex. Je n'utilise pas photoshop et me contente, si nécessaire, de changer le cadrage ou la couleur. La photo est l'expression d'un moment et je pense, à mon niveau, qu'elle doit rester spontanée. Photographier me donne beaucoup de PLAISIR et représente un moyen d'expression qui en dit, parfois, plus que les mots.
   Il me semble, après un rapide "tour de blogs" que certains ont beaucoup écrit pendant ma courte absence.
   Au travail/plaisir pour vous lire et pour écrire.
   Je vous embrasse tous.
        Ariaga
 
  
 

28/11/2007

La relation à Dieu, une idée ?

   Le cheminement vers le " processus d'individuation ", dont je vous ai parlé récemment, ne peut s'effectuer chez celui qui n'est pas " relié " à un autre côté qui est toujours un Toi. Que serait un individu seul, qui ne pourrait être comparé à rien ? Rien. Et ceci s'applique aussi à une autre sorte de relation, la relation avec le divin. Le ressenti  d'une présence divine était enraciné en l'homme des origines, créature fascinée par le sentiment d'une nature toute puissante. Cette nature était gouvernée par une puissance encore plus grande, souvent terrible, qui l'enserrait, le surveillait, décidait de son sort ; ceci d'une manière quasi physique. On disait :  j'ai senti sur moi la main de Dieu. 
   Alors, aujourd'hui, j'ai simplement envie de dire mon lmpression que, dans notre société occidentale contemporaine, l'homme  a perdu , le plus souvent, l' expérience, la relation à l'autre qui faisait trembler, ce que R. Otto appelle le contact numineux avec la divinité. " Dieu ", celui qui faisait trembler d'amour ou de peur, a disparu dans les couches profondes de l'inconscient collectif pour devenir une " idée " du moi conscient. Il n'y a plus de Toi, il n'y a qu'un Moi qui tourne en rond dans sa propre réflexion.
       Ariaga
 

20/11/2007

Alchimie et voie vers l'individuation

 

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   La Nature à laquelle se référent si souvent les traités hermétiques chers à Jung interroge le philosophe qui, soucieux de précision, va demander : de quelle Nature parlez vous, quel est votre concept de la Nature ? C'est une interrogation justifiée mais qui n'avait pas de raison d'être pour les alchimistes. Comme l'écrit Françoise BONARDEL, dans un texte que je vous ai peut-être déja cité, mais on ne cite jamais trop les bons auteurs (Psychologie par le feu,p.39) :

"Au philosophe constatant fort légitimement que les alchimistes ne se soucièrent pas véritablement d'argumenter, il faudrait rappeler que l'existence même de la Nature n'avait à leurs yeux nullement besoin d'être démontrée, mais semblait plutôt appeler une certaine monstration de ses opérations secrètes et beautés, dont l'Oeuvre philosophal tenta justement d'orchestrer l'étrange théâtralité." 

   Pour les philosophes de la Nature du Moyen Âge, la réalité était  "une". Ils se représentaient une sorte d'absolu divin dont les manifestations descendaient, progressivement, jusqu'à la matière. Le microcosme et le macrocosme comportaient les mêmes éléments, à la fois matériels et spirituels, le tout étant une question de dosage. Mais la " densité " du matériau était telle que la tâche de l'alchimiste très chrétien consistait , par d'incessantes purifications et distillations, à libérer l'âme divine, prisonnière des éléments matériels. Le but ultime, sans cesse visible à l'horizon et jamais atteint, n'était pas l'élimination de la matière, mais le retour à un mélange parfait. En langage psychologique, Jung appelle cette démarche le "processus d'individuation ".  

   Le processus d'individuation fait d'un individu donné "l'être que, une fois pour toutes, et en lui même il doit être", en lui permettant d'atteindre son unicité par un mouvement de "centroversion" vers un lieu où se concentrent, en un mélange comparable au mélange parfait des alchimistes, la totalité des contenus du conscient et de l'inconscient.  Jung donne cette définition de la voie de l'individuation (Dialectique du moi et de l'inconscient, p. 115)

"La voie de l'individuation signifie : tendre à devenir un être réellement individuel, dans la mesure ou nous entendons par individualité la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable. Il s'agit de la réalisation de son Soi, dans ce qu'il a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot d'"individuation" par"réalisation de soi même", "réalisation de son Soi".

   Si on suit Jung, atteindre l'individuation serait donc rentrer en possession de sa propre totalité unifiée, là où se résorbe l'antagonisme entre le conscient et l'inconscient.  Notons que Jung parle d'une "voie, de "tendre vers". C'est le cheminement qui est important, le but, la totalité, étant au delà de toute possibilité de représentation. En effet, sa re-présentation à la conscience ferait aussitôt éclater la totalité en dualité. Il s'agit là d'une voie difficile, tout aussi problématique que la dernière phase du Grand Oeuvre des alchimistes

   Je ne  pense pas que ce texte suscitera autant de "passion" que mon modeste poème sur la société de consommation mais, pour moi, le cheminement vers la Totalité est le but d'une vie. J'ai lu dans un commentaire sur un blog ami que j'avais un problème d'ego, alors je me fais plaisir en abordant, égoïstement,  les sujets qui  ME passionnent.

       Ariaga.
 

  
 

13/11/2007

Décision et création

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La nature aussi peut être créatrice, témoin ce mandala "unique" dans une coupe de bois.
 

     Ce qui rend l'homme supérieur à la machine, c'est qu'elle organise mais ne rend pas plus que ce qui lui a été donné. La décision subjective, est très différente. le Décideur, dont je vous ai déjà parlé, crée lui même, en l'imaginant, le champ de ses choix. Ce champ des choix va habiter son imagination jusqu'au moment où tout se groupera autour d'un schéma original. Il y a alors une solution qui est en même temps dissolution (on n'est pas loin de l'alchimie) et naissance d'un nouvel état de choses.

   Si l'on admet que créer, c'est introduire dans le monde un élément nouveau, ne pas copier un modèle existant auparavant, alors la décision ainsi envisagée est une création. L'introduction de nouveaux éléments d'organisation peut même conduire à l'oeuvre de génie car c'est en organisant d'une manière particulièrement originale les éléments d'un donné qu'un Bach ou un Rimbaud parvinrent à composer des oeuvres inimitables.

   Dans la phase qui mène à la décision créatrice, il n'est pas question de logique. Le Décideur part d'une série de connaissances acquises, (le  "matériau" de l'alchimiste) plus ou moins inconscientes, qui, grâce au travail de l'imagination, suivi d'une mise en ordre, aboutiront à la sélection d'une solution. Le système d'association qui mène à la décision créatrice est infra-logique. C'est à dire qu'il se soucie peu de grande cohérence et de non-contradiction.  C'est dans cette anarchie que le Décideur trouvera une manière nouvelle et personnelle d'agir. Alors vous allez me dire qu'il suffit d'être incohérent pour être génial. Ce serait trop beau ! en effet, sans le retour à une certaine forme de logique la décision ne pourrait être vraiment créatrice.

   Il est aisé d'imaginer n'importe quoi dans une phase d'"illumination" mais pour que la prise de décision soit effective il faut "redescendre" au stade de la réalisation concrète. La décision choisie doit comporter suffisamment de possibilités de réalisations effectives pour sortir du domaine de la pure fiction. Les produits de l'imagination ne passeront au stade du possible que chez ceux qui sont capables de soumettre leurs idées aux impératifs des signes sociaux, tels que l'écriture et la formulation cohérente. C'est la possibilité d'une action qui donne sa valeur qu travail mental d'une décision. Mais il ne faudrait surtout pas confondre possibilité avec automatisme, facilité. Au contraire, le choix le plus créateur est généralement celui qui conduit à une action " contre " ce qui existe déjà.

    Je crois que l'un des facteurs essentiels de la création est le mécontentement du monde extérieur, des choses acquises, du donné. C'est l'insatisfaction qui  pousse à créer du nouveau. J'aime ce que VALERY écrit à ce sujet en donnant la vedette à la part du rêve : "Je veux dire que l'homme est incessamment et nécessairement opposé à ce qui est par le souci de ce qui n'est pas et qu'il enfante laborieusement, ou bien par le génie, ce qu'il faut pour donner à ses rêves la puissance et la précision même de la réalité, et, d'autre part, pour imposer à cette réalité des altérations croissantes qui la rapprochent de ses rêves."

Finalement, la décision créatrice reflète l'antagonisme qui est le moteur même de la vie. Il faut avoir le sens de la contradiction pour prendre des décisions qui ne soient pas de simples sélections machinales. La décision créatrice demande de la force, de la ténacité, une capacité de lutte sans laquelle l'imagination la plus vaste, l'intelligence la plus brillante ne peuvent rien produire. Mais c'est aussi la présence féconde des autres qui pousse le créateur à innover. On décide contre les autres mais aussi avec eux. Et cela aussi c'est la vie car si la vie est faite d'antagonismes elle est aussi faite de relations entre les contraires dans le but de parvenir à des conjonctions. (Là je dérape un peu vers l'alchimie et la psychologie des profondeurs).

       Ariaga
 

  
 

08/11/2007

Un pont entre l'esprit et la matière

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   J'éprouve, comme C.G.JUNG,  une certaine méfiance envers les philosophes et leurs théories mais aussi un vif intérêt pour les physiciens qui réfléchissent à des problèmes que l'on pourrait qualifier de métaphysiques, pour ne pas employer le mot mystique parfois un peu galvaudé. F. David PEAT, un physicien anglais, spécialiste de la mécanique quantique, admirateur des théories de Jung sur la synchronicité, et collaborateur de David BOHM, a écrit un livre que j'ai lu et relu il y a quelques années et dont je voudrais vous citer quelques passages. L'ouvrage s'intitule : Synchronicité. Le pont entre l'esprit et la matière.

    David Peat se fait l'écho de la recherche par certains physiciens d'un principe unifiant.  Il nous fait voyager avec W. Pauli, I. Prigogine, D.Bohm, J. Wheeler, R.Sheldrake et naturellement Jung. Je ne peux, pour vous donner une idée de cet ouvrage passionnant et d'une lecture relativement facile que vous proposer quelques extraits. Les caractères gras sont un ajout de ma part et je crains que, hors de leur contexte, les mots perdent de leur sens mais tant pis, j'ai trop envie de partager cela avec vous.

     "L'image suggérée par les mathématiques non linéaires est une image où l'univers apparaît comme une totalité une et indivise, et où ses structures existent en fonction d'un arrière plan plus large. Manifestement, cette image n'est pas loin de celle qui s'applique à la synchronicité. Par ailleurs, cette approche peut éventuellement intégrer l'esprit, puisque la conscience elle aussi peut être considérée comme provenant d'un plan plus profond, commun à la fois à l'esprit et à la matière. En ce sens, donc, on peut voir les modèles déployés de l'esprit et de la matière, qui sont observés lors d'un événement de synchronicité, comme émergeant d'un principe unique." 

Comme il a été question de synchronicité (dont je vous ai déjà parlé) je vous propose ce qu'en écrit D.Peat :

   "C.G.Jung a défini la synchronicité comme " la coïncidence dans le temps de deux ou plusieurs événements sans relation causale et ayant le même contenu significatif". Ce qu'il insinue est clair : certains événements dans l'univers se rassemblent dans des structures de signification, sans avoir recours au phénomène normal de cause-à-effet de la causalité. ces phénomènes synchronistiques doivent donc transcender les lois normales de la science, car ils sont l'expression de mouvements bien plus profonds, qui prennent naissance dans les fondements de l'univers et incluent d'une façon inséparable, à la fois la matière et la signification. " 

J'ajoute à cette définition un passage qui me plaît car j'aime ceux qui pensent que les idées peuvent être plurielles, éventuellement contradictoires,  et remises en question pour donner vie à d'autre idées :

   "Toutes ces idées sont plus ou moins spéculatives et pourraient  être développées dans de nombreuses directions. En résumé, on peut les voir comme une illustration décrivant comment l'esprit et la matière s'interpénètrent l'un l'autre à tous les niveaux de la nature. Elles montrent qu'il est possible d'imaginer un univers où le physique et le psychologique ne seraient plus séparés, et où la synchronicité serait complémentaire de la causalité ".

Dans la dernière partie du livre D.Peat évoque l'idée d'une source créatrice de la totalité qu'il appelle " l'origine sans nom " et dont on ne pourrait enfermer l'essence en pensée ou en mots :

   "Si cette source est vraiment l'origine créatrice de tout le réel, alors comment est-il possible d'en parler ou bien même d'y penser ? Etant complètement inconditionnée et éternellement créatrice, elle devrait en effet se trouver en dehors de notre champ d'expérience. Pourtant les anciens affirmaient que " l'homme est la mesure de toute chose ". Et l'on interprétait cela, dans les traditions mystiques, en disant que " l'homme " est le microcosme dans lequel se reflète tout l'univers. De façon analogue, l'idée d'un ordre impliqué-involué suppose que le tout de la réalité est plié en chaque individu. Ainsi, le microcosme pourrait se présenter comme une succession de correspondances de tout l'univers, qui incluerait et irait encore plus loin que la conscience et la matière. Involué en chacun de nous se trouverait un principe implicite, qui serait entretenu par le flot éternel qui monte de la source sans nom de la créativité.  

  Je vais rêver à cette source sans nom, j'espère que vous aussi.

        Ariaga.

  
 

 

31/10/2007

L'inconscient collectif jusqu'aux abysses.

   J'ai réuni ici deux notes de Décembre 2006. Elles décrivaient, telles que les présente la psychologie des profondeurs de Jung, les différentes couches de l'inconscient collectif. Ce travail est fait de la manière la plus simple possible et n'apprendra rien à certains grands lecteurs de Jung qui fréquentent le Laboratoire. C'est aux néophytes que je m'adresse. Il leur sera ensuite plus facile de lire mes textes ultérieurs.

   La possibilité d'un inconscient collectif était une hypothèse tout à fait révolutionnaire , pas du tout dans l'"esprit du temps" au moment où C. G. JUNG l'a émise en s'appuyant sur de longues années d'observation des fantasmes et des rêves soumis à son analyse. En effet, à l'époque du behaviorisme   (étude limitée à l'aspect scientifique et expérimentale du comportement) triomphant qui considérait que l'individu n'est, à l'origine, qu'une cire vierge que seul l'apprentissage peut imprimer, il arriva à la conclusion que ces rêves et fantasmes renfermaient des matériaux n'appartenant pas à la mémoire personnelle des sujets. Il découvrit qu'une "expérience archaïque, phylogénétique", "correspondant à peu près à ce qu'il devait appeler inconscient collectif", affleurait à la conscience à travers des images telles que celles des opposés, de l'éternel féminin, des mandalas de la totalité ou de la divinité. C.G. Jung raconte cela dans une lettre du 12 Juillet 1958, trois ans avant sa mort, ce qui montre qu'il avait pris le recul nécessaire. Il dit aussi que ces images se manifestaient dans le contexte social, culturel et personnel propre à chaque individu, mais en reproduisant toujours le même schéma. Ces contenus de la psyché n'étaient donc pas des résidus refoulés de l'expérience personnelle mais des matériaux collectifs appartenant à l'humanité toute entière, d'où la dénomination "inconscient collectif" ou, parfois, "psyché objective". 

   S. FREUD avait, lui aussi, observé la présence d'images mythiques, restes du passé qu'il nommait "résidus archaïques". Je pense, par exemple, aux racines "archéologiques" du complexe d'Oedipe dans Totem et  Tabou et à sa notion de fantasme originaire. Mais la conception de C. G. Jung est très différente. Il voit dans ces "résidus", non pas des objets périmés mais des racines vivantes de la psyché humaine. Cette partie de la psyché est au delà de la conscience, elle a des contenus impersonnels  et constitue un soubassement de la psyché, partout présent  et identique.

   C'est par commodité, et pour avoir des repères, que Jung a déterminé des degrés dans l'inconscient collectif qui n'en possède aucun, si ce n'est ceux de la possibilité de représentation. La prochaine fois que je continuerai le  voyage que nous avions commencé à la surface de la psyché junguienne nous allons descendre très profond, jusqu'aux abysses...

                         ********** 

C. G. JUNG a, "artificiellement", déterminé des degrés dans l'hypothèse d'un inconscient collectif :

     L'inconscient "familial" ou "tribal" est à la frange de l'inconscient personnel. Il concerne tout ce qui s'est dit et pensé dans une famille depuis des générations et aussi tout ce qui a été interdit, refoulé, déprécié, en quelque sorte les cadavres dans les placards. Cet inconscient fait souvent fonction de décor pour les véritables représentations théâtrales que sont nos rêves.

     L'inconscient "historique", comme d'ailleurs l'inconscient personnel, reste dans ce que l'on pourrait appeler la partie "haute" dans le domaine des "résidus archaïques" de S. FREUD. Il comprend les stades historiques qui ont précédé la conscience contemporaine, les "vestiges de l'esprit de l'antiquité", la science, les religions, le folklore, la mythologie, la psychologie primitive. Ces connaissances, présentes dans l'inconscient collectif, sont génératrices de symboles qui apparaissent aussi dans les rêves. mais là où Jung va déjà plus loin que Freud c'est qu'il inclut aussi toute l'histoire "naturelle" de l'être humain, c'est à dire  l'histoire évolutive de l'espèce humaine (il dit la "phylogenèse") et de son accession à la conscience.

     Plus on descend ensuite vers les abysses de l'inconscient, plus il devient collectif et indifférencié, quasi psychique, quasi matière. On tombe alors dans le domaine auquel C. G. Jung applique la qualificatif de "psychoïde". Ce terme, qu'il commente dans de nombreuses lettres, constituerait la matière de base se divisant ensuite en une matière et une psyché résultant de ce processus de différenciation. Il me semble qu'il y a ici un pont entre la psychologie et l'alchimie des philosophes de la nature pour peu que l'on "divinise" le terme psyché. 

     Plus Jung a progressé en âge et en réflexion et plus s'est renforcé son hypothèse d'un "unus mundus", d'un "monde un" où disparaîtrait la séparation entre matière et psyché et où régnerait un "ordre fondamental". Cette théorie s'apparente à l'hypothèse quantique qu' "en arrière" il y aurait un autre niveau, non matériel, de symétrie et d'ordre. (Je vous mettrai, sous peu, un texte du physicien David PEAT très éclairant sur le sujet.) Dans une lettre de Jung de 1957, quatre ans avant sa mort, on voit que, pour lui, cette hypothèse avait pris les apparences d'une certitude. Il écrit :

"Nous avons plutôt toutes les raisons de supposer qu'il doit n'y avoir qu'un seul univers, dans lequel psyché et matière sont une seule et même chose dans lequel nous pratiquons une discrimination aux fins de connaissance".

     Ce monde des profondeurs ultimes de l'inconscient collectif appartient au domaine hypothétique de "l'absolument autre", inconnaissable et irreprésentable mais, quand on remonte vers la surface, juste sous la mince pellicule de la conscience, on se trouve dans un lieu où ne règnent ni nos lois, ni nos codes et où certains émissaires des profondeurs peuvent venir en ambassade. Les habitants de ce lieu sont les archétypes. Un réseau de relations, se développant à partir de ces archétypes, va permettre à l'irreprésentable de se présenter au moi conscient. Que sont exactement les archétypes me demanderez vous ? Vaste sujet...

       Ariaga
 

 

 

20/10/2007

Divination par la terre

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   Quand la mer se retire, le vieux géomancien quelque peu alchimiste, s'en va interroger, son bâton à la main, les esprits de la terre.

   Il respire les sels des flux et des reflux de toutes les marées et le temps disparaît, emportant avec lui les limites étroites de la conscience.

   L'Esprit envahit tout et, du bas vers le haut, puis du haut vers le bas, les vibrations cosmiques activent l'invisible lien d'union entre le ciel et la terre.

   Saisissant son bâton, réflexion abolie, porté par l'impulsion guide de sa main, il creuse dans le sable quatre lignes de traits bases de l'Art Sacré du signe géomantique.

   Heureux comme un enfant, il compte pair impair, masculin féminin, regardant la réponse qui sera effacée par la marée montante.  ... 

       Ariaga

Avec une pensée pour le livre de Jean-Paul Ronecker : Théorie et pratique de la Géomancie (ed Dangles)
 

 

02/10/2007

Sous le masque du Chef ( La décision 2 )

   La première idée qui m'est venue avant de parler de la décision personnelle a   été, allez savoir pourquoi , de réfléchir à la nature de celui qui prend des décisions pour la collectivité.. Je signale que je ne suis pas responsable si des esprits pervers trouvent dans cette brève réflexion des allusions à la société contemporaine. 

  La décision fut, pendant longtemps, l'apanage d'un chef qui l'entourait de mystère et de magie. Le chef " masquait ' ses pouvoirs pour qu'ils ne perdent pas leur côté numineux. Roger Caillois dans son ouvrage Les jeux et les hommes insiste sur l'importance dans les sociétés primitives de l'objet masque comme instrument de pouvoir. Il écrit (p.203) :  " Le masque était le signe par excellence de la supériorité. Dans les sociétés à masques, toute la question est d'être masqué et de faire peur ou de ne pas l'être et d'avoir peur." Le secret de ce qui se cachait derrière le masque était farouchement gardé par toute une série de prohibitions et de châtiment le plus efficace étant la mort.

   L'autorité était une propriété intrinsèque liée à l'essence et à la nature de certains individus ; une espèce de don très inégalement réparti. Cette mystique du chef-né engendrait une confusion entre l'aptitude à décider et l'attribution du commandement.

   Aussi longtemps que des  intelligences isolées purent comprendre de manière encyclopédique un grand nombre de faits élémentaires facilement assimilables, les garder pour eux, les combiner avec le sens de la mise en scène, certains hommes s'assurèrent la puissance et le droit de décider pour tous. Mais petit à petit le chef éprouva de la difficulté à assumer sont statut de surhomme. La tâche était trop lourde car sa supériorité même en faisait l'esclave d'un savoir de plus en plus envahissant. Les inférieurs respectueux, se cantonnant dans leur rôle d'exécutants, renvoyaient tous les problèmes de décision au chef. N'était-il pas naturellement destiné à résoudre les questions demandant science et aptitude à prendre des initiatives ?

   Le chef, quand il avait un minimum de lucidité, se trouva confronté aux limites de sa compréhension face à la complexité des paramètres et à la gravité des conséquences de ses décisions. Progressivement, il fut contraint de ne plus se fier à son seul savoir. C'est ainsi que de nos jours le chef doit , en principe, demander aux techniciens et surtout aux technocrates de fournir les éléments d'appréciation qui lui manquent pour juger et décider. Le chef a ainsi trouvé un nouveau masque, bien impénétrable, tissé de grands mots tels que organisation, programmation, enquêtes, résultats statistiques , calculs de probabilités...et beaucoup d'autres. Le chef a porté et portera toujours un masque, de quelque espèce qu'il soit. Machiavel savait cela quand il parlait dans Le Prince (ch.XX)du masque moral que portait le Roi Ferdinand d'Espagne  : "Ensuite, pour pouvoir former des entreprises encore plus éclatantes, il se couvrit adroitement du masque de la religion, et par une pieuse cruauté, il chassa les Maures de ses États.". Je ne vous cache pas que Machiavel était très admiratif....

  ( à suivre )

       Ariaga
 

 

22/09/2007

Alchimie du quotidien

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   Il y a des moments,

où tu voudrais t'asseoir sur le bord du chemin

ne plus forcer les pistes ne plus passer les ponts. 

 

   Il y a des moments,

où le rire de ton ombre se plante comme un croc

dans l'argile poreuse de ta grande exigence.

 

    Il y a des moments,

où la peur s'insinue dans les lames entrouvertes

des persiennes qui ferment l'accès à ton amour.

 

   Il y a des moments,

où tremble au fond de toi une bête prudente

qui craint la transhumance frôleuse des abîmes.  

 

   Il y a des moments,

où la flamme qui brûle, sous la grande marmite

de l'alchimie des jours, n'est pas loin de s'éteindre. 

 

Ne soyez pas inquiets mes frères et mes soeurs, ce ne sont que des phases de l'Esprit qui distille, en son creuset cosmique, l'essence de la Vie, l'essence de notre vie.

       Ariaga.
 

 

08/09/2007

Cimetière de bateaux

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Ils l'ont dévêtu de la mer et par un chemin goudronné

affublé de honteuses roues

ils l'ont mené au cimetière.

 

Ils l'ont attaché  à la terre qui lui était si étrangère

éclaboussé d'un sang de rouille

l'orgueil de ses belles couleurs.

 

Il n'est pas mort il rêve encore

d'un herbage devenu varech 

ses flancs puissants fendent la terre

ses hélices labourent le bitume fondant en lourdes vagues noires

il s'en va gagner les eaux libres

droit en direction des abysses

vers la vraie tombe des bateaux.  

       Ariaga
 

06/09/2007

Le serpent qui se mord la queue

   L'ouroboros, un des plus fameux symboles hermétiques, prend l'apparence d'un serpent ou d'un dragon, parfois d'un poulpe. Il dévore sa queue et c'est probablement , selon C. G. JUNG, un des plus anciens symbole pictural de l'alchimie que l'on connaisse par des documents. Vous en trouverez des représentations sur les sites spécialisés d'alchimie et certainement chez Djaipi, une véritable mine iconographique. Le Codex Marcianus, qui date du X° ou XI° siècle, en comprend une illustration avec la légende " l'Un, le Tout ". Jung écrit à la page 377 de Psychologie et alchimie :
     "Les alchimistes répètent sans cesse que l'opus naît de l'Un et ramène à l'Un, que c'est en quelque sorte un cercle semblable à un dragon qui se mord la queue. C'est pourquoi l'opus était souvent appelé circulare (circulaire) ou rota ( roue)."
   Jung donne en note un texte extrait du Rosarium qui est très démonstratif de l'idée que se faisaient les alchimistes d'une totalité sous-jacente à la multiplicité du réel :
     " Concentre  donc ton attention dans l'oeuvre de la nature, sans prétendre t'occuper tantôt de ceci, tantôt de cela, car notre science n'est pas pour s'accomplir dans la multiplicité des choses. Quelle que soit en effet la diversité des vocables, il s'agit pourtant toujours d'une seule et unique réalité, et c'est de cette réalité toujours la même...
Il ajoute cette phrase de Morenius citant l'empereur Héraclès :
     "Notre art procède à l'origine d'une racine unique, qui dans la suite se développe en une pluralité de choses, et qui retourne de nouveau à l'unité ".
   L'ouroboros, en tant que forte allégorie de la double nature du Mercurius (mercure) alchimique unissant en lui tous les opposés, se rattache à cette totalité. La représentation alchimique du serpent-dragon-hermaphrodite qui se dévore se féconde et s'auto-ressuscite est à la fois une image des contraires et un symbole de leur union.
       Ariaga
 
 
  

31/08/2007

C'est fini les vacances dans la tête

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Regardez, il est bien usé le banc de nos vacances dans la tête. Un groupe d'amis, parfois joyeux parfois tristes ou nostalgiques s'y est réuni. Il y a ceux que je connais et puis d'autres qui ne peuvent partir en vacances et qui, eux aussi, sont venus s'y asseoir plus anonymement. Je les remercie tous car ils m'ont aidée à vivre pendant une période un peu difficile. Certains ont laissé des traces profondément gravées dans le bois humide. Je ne dénoncerai personne mais j'ai des soupçons...En particulier quand il s'agit de signes un peu ésotériques. J'ai cru apercevoir des tracés runiques et géomantiques. Les coupables auront peu-être le courage de se dénoncer. Voici des agrandissement des objets du délit.

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Si nous devons repartir en vacances l'année prochaine il faudra être plus sages. Il va falloir brûler ce banc diabolique sur lequel se sont assises des sorcières charmantes et talentueuses mais on ne sait jamais...

C'est la rentrée et maintenant je pense que ce blog va reprendre, avec des récréations, soyez sans inquiétude, son travail alchimique de lent cheminement vers le SOi par une libre approche spirituelle . 

Je vous embrasse tous amis inconnus et encore plus fort ceux dont je devine la silhouette et pressens l'âme.

     Ariaga
 

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29/08/2007

F. Nietzsche : chanson à danser

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Après l'engourdissement intellectuel et spirituel des vacances je sens que commence à souffler un vent qui, je l'espère, va dégager du banc de sable sur lequel il avait échoué le vaisseau de ce blog.  La nécessité de ce vent, Friedrich Nietzsche nous la montre avec tout son talent poétique dans un des poèmes de Chansons du prince hors- la- loi que l'on trouve dans Le Gai Savoir( Gallimard, p. 292) .Je vais vous en donner quelques strophes en espérant que cette invocation au " Mistral chasseur de nuages "sera aussi décapante pour vous que pour moi.

...

        Sur les chemins glissants des rochers

        J'accours dansant à ta rencontre,

        Dansant dès que tu siffles et chantes,

        Toi qui sans vaisseau ni rame

        De la liberté le frère le plus libre,

        T'élances par-delà les mers sauvages

...

        Danse dès lors sur mille dos

        Dos des vagues, astuces des vagues  -

        Vive qui crée de nouvelles danses !

        Dansons donc de mille manières,

        Libre - soit nommé notre art !

        Gai - nommé notre savoir !

 

        Dérobons à chaque plante

        Une fleur pour notre gloire,

        Et deux feuilles pour notre couronne.

        Dansons comme les troubadours

        Parmi les saints et les putains

        La danse entre Dieu et le monde !
 

           F. Nietzsche

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Ariaga 

 


23/08/2007

Le voyage du " vaisseau "

 
 
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Le vase aux noms innombrables, celui-là que l'on appelle aussi cornue ou vaisseau,  matrice ou oeuf philosophique, moi, Ariaga, je l'appellerai aujourd'hui vaisseau, désir de voyage.

Porteur de poussières le vaisseau reposait sur un feu presque absent, cendres tièdes, restes d'un été oublieux aux odeurs de désert.

Avide d'âmes amies il est allé vers le banc des voyages imaginaires dont il a respiré les émanations mais la nourriture spirituelle ne lui suffisait pas, il avait faim de l'herbe verte et de l'air marin dont il a rempli ses cales vides.

 

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Avant de reprendre l'Oeuvre, un peu ivre, il s'est endormi sur la terre mère pour se remplir doucement de l'Esprit de la Nature.

 

                   Ariaga