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23/02/2008

Etienne Perrot, Nature, poésie et alchimie

   Sur le chemin que je parcours en compagnie de Jung, Étienne Perrot est mon compagnon préféré. J'aime que cet homme d'aujourd'hui ait su, parfois douloureusement, suivre le parcours d'un philosophe de la Nature du Moyen Âge. Mélanger une culture chrétienne aux antiques chants païens, être un formidable traducteur de Jung et de Marie Louise von Franz, un interprète de rêves et un écrivain de talent, conserver, même dans le doute, une profonde spiritualité. Si vous voulez en savoir plus sur ses oeuvres et sa personne, je vous recommande un de mes liens Etienne PERROT ... son oeuvre qui propose des textes très intéressants et rares.
   Je vous propose aujourd'hui une poésie alchimique de Perrot extraite de ce que je considère comme son ouvrage le plus "personnel", Coran teint, ed. la Fontaine de Pierre, p. 327. J'ai l'impression en lisant ce poème que le Jung que j'ai toujours considéré comme on poète refoulé s'exprime par les mots de Perrot. Atteindre le fond, se dessécher pour renaître à la fois le même et un autre, telle est la prière de l'alchimiste. 
   Ariaga.
  
                               Chant de matines de l'alchimiste 
 
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            Oh! mon esprit ne veut plus être,
            Nature, que ton pur témoin.
            Je ferai taire tout désir
            pour t'écouter dans le silence. 
 
            Ayant ainsi creusé le gouffre
            j'atteindrai le fleuve du fond.
            A son heure il se changera
            en un geyser irrésistible.
 
            Sa substance qui est la tienne,
            remplira toute ma vision,
            me courbant en miroir du monde,
            sphère où les étoiles se jouent.
 
            Le silence qui m'effrayait
            s'est fait choeur des dix mille voix.
            De la gorge où j'ai disparu
            surgit le nouvel univers.
 
            On me l'avait dit : je le vois !
            La mort est mère de la vie,
            pauvreté engendre richesse,
            ignorance est le grand savoir.
           
                 Étienne  PERROT, 1973
 

19/02/2008

La musique est...

 

La musique est une fleur qui s'épanouit en vibrations fines et pénétrantes.

 

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La musique est un art total de l'esprit et des sens.

La musique est langage, chant, architecture, nombres, cathédrale des sons, ordre, harmonie, géométrie sacrée.

La musique se regarde quand le rêve éveillé se nourrit de ses notes.

La musique est onde cosmique qui se propage jusqu'à la chair et pulse le sang au rythme de l'amour.

La musique est instant et pause dans l'instant, répétition, assuétude quand s'écoutent encore et encore les mêmes notes indispensables.

La musique se fait au bout des doigts qui jouent sur la table, sur la chair sonore des genoux frappés, avec les mains brûlantes qui battent les tambours.  

La musique berce, endort, excite jusqu'à l'extase. Hautaine, elle valse dans les salons, joyeuse, elle trille comme un oiseau. 

La musique casse les voix andalouses pleurant l'amour perdu et crie la souffrance des peuples opprimés.

La musique est parfois silence tout gonflé des sons retenus.

La musique est... 

          Ariaga
 

 

 

14/02/2008

Le cadeau de mon amoureux

 

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   Aujourd'hui, comme chaque jour et chaque nuit, mon amoureux m'a fait le plus beau des cadeaux : rester en vie à mes côtés, refuser une mort programmée.

  C'est une tâche douloureuse, une tâche de tous les instants de l'ici et maintenant. Il y a des branches coupées, l'écorce a disparue mais le ciel est toujours éclairé par une antique lumière venue du fonds des âges, une lumière d'amour et d'éternel retour.

            Ariaga.
 

11/02/2008

Quand la mer se retire

 

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       Quand la mer se retire, vidant l'estuaire de ses bleus

       reste le plomb fondu de la vase grise et molle. 

       C'est alors que nos frères de plumes et de symboles

       écrivent des messages, signés pattes d'oiseaux, 

       dans l'archaïque langue des dieux de la Nature.  

 

       Nous ne savons plus lire, le code s'est perdu

       et nous avons laissé dissoudre dans le temps

       cette danse amoureuse de la matière esprit

       cette danse amoureuse mère de notre monde.

            Ariaga
 

 

 

 

04/02/2008

Saint-John PERSE, poésie et divination

 

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   " O vous que rafraîchit l'orage...Fraîcheur et gage de fraîcheur..." le Narrateur monte aux remparts. Et le vent avec lui. Comme un Shaman sous ses bracelets de fer :

   Vêtu pour l'aspersion du sang nouveau - la lourde robe bleu de nuit, rubans de faille cramoisie, et la mante à longs plis à bout de doigts pesée.

   Il a mangé le riz des morts ; dans leurs suaires de coton il s'est taillé droit d'usager. Mais sa parole est aux vivants ; ses mains aux vasques du futur.  ......

 

   Jadis, l'esprit du dieu se reflétait dans les foies d'aigles entrouverts, comme aux ouvrages de fer du forgeron, et la divinité de toute parts assiégeait l'aube des vivants.

   Divination par l'entraille et le souffle et la palpitation du souffle! Divination par l'eau du ciel et l'ordalie des fleuves...

   Et de tels rites furent favorables. J'en userai. Faveur du dieu sur mon poème! Et qu'elle ne vienne à lui manquer! 

   " Favorisé du songe favorable " fut l'expression choisie pour exalter la condition du sage. Et le poète encore trouve recours dans son poème,

    Reconnaissant pour excellente cette mantique du poème, et tout ce qu'un homme entend aux approches du soir;

   Ou bien un homme s'approchant des grandes cérémonies majeures où l'on immole un cheval noir. - " Parler en maître ", dit l'Ecoutant. " 

     Saint-John PERSE, Vents,I. Gallimard, la pléiade, p.181

 

 

20/01/2008

Mur effondré

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     Descellées de leur socle par le flot des paroles,

     vaine prolixité d'un monde éparpillé,

     les statues plaquées d'or, craquelées d'impatience,

     quittent leurs niches de papier mâché.

 

     Et comme un mur de briques fissuré par le temps,

     nos belles constructions

     solides fondations de grandes certitudes,

     explosent en puzzles sur le sol desséché.

 

     Et le rire de notre ombre musique le silence...

            Ariaga
 

11/01/2008

La différence

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Vous avez peur de lui comme on a peur de l'Autre

qui ne ressemble pas au modèle déposé,

rassurante copie d'un humain bien fini.  

 

Il murmure des sons vieux de millions d'années,

avant que l'homme ne se pare des oripeaux de la pensée, 

et tremble sur ses cils, amère et apaisante,

une larme d'enfant beaucoup trop grand.

Sa salive le mouille désaltérant la pierre,

il consoles bêtes et rit d'amour ravi

quand la fleur lui sourit.

 

Dans une maison sans clef ni porte, plus vaste que les mondes,

il lit des livres jamais écrits.

Quand il a faim, il mange les couleurs,

quand il a soif, il boit la lumière,

il ne possède rien  et ne sais où il va.

Simplement il est là, regardant fixement

les vrais visages nus sous les maquillages.

Imbécile divin qui ne sait pas la mort , invention des humains,

il aspire la vie et tète l'univers.

 

Vous avez peur de lui comme on a peur du vide

mais surtout pas de cage, vous le ferriez mourir

emportant avec lui son grand secret... 

       Ariaga
 

 

19/12/2007

Métamorphose

 

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Il y a des moments,

moments de Nuit Obscure, 

macération putride, nigredo alchimique,

quand l'âme rampe aveugle

aux portes du blasphème.

 

Il y a des moments,

où dans la porcherie que devient une vie,

tel Job sur le fumier demandant à son Dieu

le pourquoi du comment

on assiste impuissant à la distillation

de ce corps tant aimé, de cette main si blanche,

où s'inscrivent chaque jour les taches de la mort.

 

Il y a des moments,

où l'attelage s'emballe avide de lumière

où l'on voudrait monter par de si hautes marches

que l'on perdrait enfin la mémoire de la terre.

 

Amis,

ce ne sont que moments,

brindilles et feuilles mortes de l'arbre de la Vie,

lente métamorphose.

 

La larve n'est pas belle, mais elle porte en elle

le somptueux papillon.  

 

       Ariaga
 

25/11/2007

Retour sur un fantasme d'amour cosmique


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Il est revenu ce fantasme, issu d'un rêve, il y a plus d'un an. J'en avais fait une poésie que je redonne aujourd'hui dans une présentation différente.

 

Quand nos cendres se promèneront dans l'univers,

et que nos corps ne seront plus rien,

hors de ce sac de peau où nous gardons nos os,

oubliée l'apparence et le tien et le mien, les rides du chagrin,

perdues les références ,

quand les mémoires n'auront plus faim.

 

Explosés de soleils, nous nous retrouverons

et nous nous mêlerons, parcelles d'infini, dans un immense lit.

       Nous serons la musique

       symphonie fantastique

       nos esprits confondus

       se retrouveront nus

       monade désirante 

       copulation ultime.

En un cri silencieux nous baiserons les ondes

et l'Amour jaillira jusqu'au delà des mondes !

       Ariaga

17/11/2007

Possession

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Voici venir le temps de l'homme nouveau.

La bouche béante de désirs, et prisonnier d'un corps qui a perdu son âme, asphyxié sous les emballages d'une nouvelle religion, il psalmodie avec les autres adeptes le "Je possède donc je suis ".  

   Avoir plus, avoir encore.

   Vivre en tout plaqué or.

   Respecter les gardes obèses des hordes affamées.

   Sucer le sang de la terre et arracher sa beauté.

   Tu achèteras le monde à crédit.

   Les sentiments sont sans valeur,l'amour est bien meilleur en promotion,

   un clic et voilà l'affaire. 

   Voici venu le temps de la possession.

 

        Et moi je me demande

        si un puissant démon

        ne s'est pas emparé

        du monde.  

        Ariaga
 

 

".

10/11/2007

Revenons donc à l'amour.

  

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Mes dernières notes ont eu pour thème la méditation philosophique, on m'a même gentiment dit que j' étais une "pure intellectuelle". Pour revenir sur terre  dans le domaine de l'incarnation, de l'amour,  je vais aujourd'hui vous proposer, sous une forme un peu différente, une poésie des débuts du blog. En cette période grise de l'année,  j'espère qu'ele vous apportera un peu de couleur humaine....

J'avais intitulé cette poésie, "Amour hors du temps".  

 

Lourde dans le creux de ton épaule,

lourde comme le sommeil , la terre, le Rien,

je rêve le rêve des morts

qui ont beaucoup aimé vivants.

 

Le vent chaud qui caresse mon corps nu

est si doux que j'en pleure,

cette main sous ma taille, un serpent de velours,

se roule et se déroule en frissons infinis.

Je suis chat je le sais, le poil dedans

et toute la chaleur qui est dans mes entrailles

veut sortir de ma peau

gratte, griffe,

désespérément.  

 

Aide moi aime moi.

Cette eau qui coule, cette source fraîche et brûlante,

ce corps qui fond,

ce moi qui descend dans mon ventre,

aime, prends, je donne. 

 

Tu es là je le sais, et je ne suis pas morte.

Le voyage est si doux, lent, soyeux,

quand je te trouve en moi, bateau qui se  balance,

sur la vague endormie de mon corps qui s'éveille

pour toi ...

       Ariaga
 

 

02/11/2007

Mort et vie

 

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Je suis la locataire d'un vaisseau de distillation où se dissolvent les chairs et où l'âme grandit.

Poisson qui respire dans l'air, j'ai oublié l'océan d'où je viens.

Boomerang déposé sur le sable, j'aspire à la vague qui rentre dans la mer.

J'attends, la vie est si belle, je la boirai jusqu'à la dernière goutte .

Et quand le rêve lucide de la mort m'emportera, là où il voudra, j'espère, toute baignée de l'énergie de l'Esprit, écouter la musique des sphères.

     

Et quand le temps sera venu, je reviendrai encore, bien plus forte, enivrée de la Lumière de la Nature, vibrante d'amour divin,  Pour grandir et mourir...

       Ariaga
 

Reprise, sous une autre forme, d'une poésie de Décembre 2OO6

 

27/10/2007

Les rebelles (bis)

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Cette poésie est de Décembre 2006. J'ai envie aujourd'hui de lui rajouter cette photo qui me fait penser à la maigreur des suppliciés, aux côtes blanchies des cadavres abandonnés dans la nature et mangés par les corbeaux.Beaucoup sont morts parce que on les disaient hérétiques, parce que ils pensaient en dehors des dogmes. C'étaient de grands têtus qui préféraient brûler vifs que de renier leurs idées. J'éprouve pour eux compassion, amour et respect. 

 

"Cette nuit la tempête

A craqué la maison

Forteresse assaillie

Par les béliers du vent 

Au petit matin noir tout encombré des rêves de la nuit

Quand on se trouve encore

Sur le fil du rasoir entre la mort et la vie

Un plat silence a figé l'air quelques secondes

Mer étale

Et puis comme un grand souffle

Est monté le clavier d'une foule impatiente

Un vieux moi très ancien

A ouvert grand la porte 

 

A la lumière du porche j'en ai vu quelques uns 

Les autres

Écharpes de brume

Dansaient dans la grisaille de la fin de la nuit

Certains disaient leur nom d'autres l'avaient inscrit au fer rouge sur le front

C'étaient des Basilide Barbélo Valentin 

Carpocrate Epiphane Menandre Saturnin

Des ophites tout nus réchauffés de serpents 

Le tout en grand désordre

Simon avec Hélène forniquait dans un coin

Au tout début du jour j'ai vu des Bogomiles

Puis ceux de Monségur des enfants dans les bras

Et Giordano  Bruno fumant comme un tison

Oui ils étaient tous là douteurs et insoumis

Ceux qui se voulaient plus chrétiens que d'autres

Ceux qui croyaient que le Diable est associé à Dieu

Ceux qui pensaient qu'il n'y a rien entre l'homme et son dieu

Ceux qui croyaient que l'univers est Un

 

Quand le jour s'est levé

Quand le ciel s'est ouaté de nuages 

Ils se sont lentement dissous

Vers les mémoires obscures où brûlent les bûchers

Me laissant des regrets

De ne pouvoir loger

Amour si absolu."

           

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                      Ariaga

20/10/2007

Divination par la terre

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   Quand la mer se retire, le vieux géomancien quelque peu alchimiste, s'en va interroger, son bâton à la main, les esprits de la terre.

   Il respire les sels des flux et des reflux de toutes les marées et le temps disparaît, emportant avec lui les limites étroites de la conscience.

   L'Esprit envahit tout et, du bas vers le haut, puis du haut vers le bas, les vibrations cosmiques activent l'invisible lien d'union entre le ciel et la terre.

   Saisissant son bâton, réflexion abolie, porté par l'impulsion guide de sa main, il creuse dans le sable quatre lignes de traits bases de l'Art Sacré du signe géomantique.

   Heureux comme un enfant, il compte pair impair, masculin féminin, regardant la réponse qui sera effacée par la marée montante.  ... 

       Ariaga

Avec une pensée pour le livre de Jean-Paul Ronecker : Théorie et pratique de la Géomancie (ed Dangles)
 

 

13/10/2007

Chanteur de charme

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   Je suis plutôt campagne, mais j'aime aussi rôder dans la ville presque déserte à l'heure de midi. Je l'ai vu assis sur les marches du vieux kiosque à musique et je l'ai trouvé " beau ". J'aime parler aux inconnus. Je lui ai demandé si je pouvais le photographier et éventuellement le publier sur mon blog. Il a accepté et puis nous avons échangé... Parlant de ses activités il m'a dit : " Je suis chanteur de charme." Cela a fait vibrer une corde en moi et, en souvenir du court moment passé  avec cet inconnu, j'ai écrit une petite chanson d'amour ...  pour chanteur de charme. 

 

J'étais faible, comme une enfant

Mon corps léger,  flottait absent 

Et je dormais, dans un lit frais

Roulée en boule , toute fermée.

 

       Dans tes mains je palpite, comme un oiseau 

       Dans tes mains mon coeur bat, à en mourir...

 

Tu es venu, genre prince triste

Ou peut-être même, le style artiste

Me tendre une coupe, remplie d'étoiles 

Qui m'a brûlée, jusqu'à la moëlle.

 

       Dans tes mains je palpite, comme un oiseau

       Dans tes mains mon coeur bat, à en mourir...

 

Il est passé, le bel Été

Où m'ennivraient , les fleurs poivrées

Quand je tremblais, sous ton regard

Souffle coupé, rien qu'à te voir

Mais toujours, mon amour

       Dans tes mains je palpite, comme un oiseau

       Dans tes mains mon coeur bat, à en mourir...

       Ariaga