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10/10/2007

Scénarios et langage des rêves

 
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   Pour que vous trouviez plus d'intérêt à ce que je veux vous dire aujourd'hui sur les scénarios de l'inconscient et sa manière de s'exprimer dans le rêve, je vous propose quelques liens avec d'anciennes notes. Par exemple je ne parle pas ici de rêves isolés mais plutôt de séries de rêves.  Je m'adresse donc aujourd'hui à ceux qui sont très intéressés par leurs rêves et les notent régulièrement. Il serait aussi pas mal que vous sachiez ce que C.G.Jung pense au sujet de l'interprétation des rêves.

    Il est naturel, qu'après le passage par le filtre indispensable de la conscience, les représentations et les messages transmis par les rêves parviennent à la réception comme une suite, plus ou moins cohérente, rappelant les récits auxquels nous sommes habitués dans la vie consciente. C'est une sorte d'habillage qui peut masquer des messages moins évidents mais donne déjà de précieux renseignements sur les processus psychiques au fur et à mesure du déroulement de la série de rêve.

   Ainsi, incessamment et avec patience, comme les vagues qui viennent rouler sur le rivage, les rêves racontent, tels les scénarios d'un film, des histoires de crises, de luttes d'influence, de peurs enfantines, de guerres entre les sexes, et aussi des histoires d'amour humain ou spirituel.  

   Il y a des scénarios, souvent identiques, ou des personnages, sous des déguisements divers re-présentent des manifestations archétypiques. Ce peut être l'Anima ou l'Animus, le Vieux Sage, le Héros, la Mère terrible, Eros, sans oublier les représentations du divin, du religieux, de l'autorité et surtout de la puissante Nature.

   La progression de ces récits est très particulière. On observe un mouvement pendulaire d'avancées et de régressions, en passant par des périodes d'insistance sur certains points, donnant à penser que le " narrateur " trouve insuffisant le degré de compréhension du rêveur.  Il semble aussi que, dès le début des séries, les éléments essentiels sont fournis, mais d'une manière elliptique évoquant certains récits de " suspense " où, arrivé au milieu du livre, on se dit, mais oui, je le savais ! On avait la clef du  mystère dès le début mais on l'ignorait. C'est ce que Jung appelle les rêves "initiaux". 

   Si on regarde attentivement les rêves, si on les "contemple" on s'aperçoit que les scénarios décrivent, non seulement les lieux, les situations, le jeu des acteurs, mais proposent aussi des des dialogues qui, une fois isolés, constituent un véritable discours qui commente ou explique ou donne des indications sur le comportement à adopter. En poussant un peu loin, on peut dire qu'il s'agit là des "intentions" de l'inconscient. 

   Les paroles de l'inconscient sont prononcées , soit par le rêveur lui même, soit par différents protagonistes identifiés (parents, amis, connaissances), soit par des groupes ou des " on " comparables à des choeurs. On a alors affaire à des acteurs plus ou moins bien connus (parents, amis, relations) représentant différentes composantes de la psyché du rêveur. Mais il est d'autre paroles, prophétiques, mystérieuses, émises par une forte voix non identifiée, produisant un effet " numineux ". Je l'appelle la grande voix du Soi.

   Les récits ont un " style " différent selon les rêveurs. Il y a une fréquence d'apparition de mots ou de situations dans l'espace. J'ai, par exemple, fréquenté des tas de chambres d'hotel et je me retrouve souvent avec un sac à dos, porté, perdu, volé etc.

   Les " jeux de mots ", chers à Freud, et qui ont pour correspondance en alchimie  la  " langue des oiseaux ", ne manquent pas dans les rêves pour celui qui sait les voir ou le " entendre ". Ils demeurent souvent la seule explication possible d'un rêve en apparence absurde.

   Il y aurait encore beaucoup à dire, mais ce sera tout pour aujourd'hui. A vos rêves...

       Ariaga
 

 

02/10/2007

Sous le masque du Chef ( La décision 2 )

   La première idée qui m'est venue avant de parler de la décision personnelle a   été, allez savoir pourquoi , de réfléchir à la nature de celui qui prend des décisions pour la collectivité.. Je signale que je ne suis pas responsable si des esprits pervers trouvent dans cette brève réflexion des allusions à la société contemporaine. 

  La décision fut, pendant longtemps, l'apanage d'un chef qui l'entourait de mystère et de magie. Le chef " masquait ' ses pouvoirs pour qu'ils ne perdent pas leur côté numineux. Roger Caillois dans son ouvrage Les jeux et les hommes insiste sur l'importance dans les sociétés primitives de l'objet masque comme instrument de pouvoir. Il écrit (p.203) :  " Le masque était le signe par excellence de la supériorité. Dans les sociétés à masques, toute la question est d'être masqué et de faire peur ou de ne pas l'être et d'avoir peur." Le secret de ce qui se cachait derrière le masque était farouchement gardé par toute une série de prohibitions et de châtiment le plus efficace étant la mort.

   L'autorité était une propriété intrinsèque liée à l'essence et à la nature de certains individus ; une espèce de don très inégalement réparti. Cette mystique du chef-né engendrait une confusion entre l'aptitude à décider et l'attribution du commandement.

   Aussi longtemps que des  intelligences isolées purent comprendre de manière encyclopédique un grand nombre de faits élémentaires facilement assimilables, les garder pour eux, les combiner avec le sens de la mise en scène, certains hommes s'assurèrent la puissance et le droit de décider pour tous. Mais petit à petit le chef éprouva de la difficulté à assumer sont statut de surhomme. La tâche était trop lourde car sa supériorité même en faisait l'esclave d'un savoir de plus en plus envahissant. Les inférieurs respectueux, se cantonnant dans leur rôle d'exécutants, renvoyaient tous les problèmes de décision au chef. N'était-il pas naturellement destiné à résoudre les questions demandant science et aptitude à prendre des initiatives ?

   Le chef, quand il avait un minimum de lucidité, se trouva confronté aux limites de sa compréhension face à la complexité des paramètres et à la gravité des conséquences de ses décisions. Progressivement, il fut contraint de ne plus se fier à son seul savoir. C'est ainsi que de nos jours le chef doit , en principe, demander aux techniciens et surtout aux technocrates de fournir les éléments d'appréciation qui lui manquent pour juger et décider. Le chef a ainsi trouvé un nouveau masque, bien impénétrable, tissé de grands mots tels que organisation, programmation, enquêtes, résultats statistiques , calculs de probabilités...et beaucoup d'autres. Le chef a porté et portera toujours un masque, de quelque espèce qu'il soit. Machiavel savait cela quand il parlait dans Le Prince (ch.XX)du masque moral que portait le Roi Ferdinand d'Espagne  : "Ensuite, pour pouvoir former des entreprises encore plus éclatantes, il se couvrit adroitement du masque de la religion, et par une pieuse cruauté, il chassa les Maures de ses États.". Je ne vous cache pas que Machiavel était très admiratif....

  ( à suivre )

       Ariaga
 

 

30/09/2007

La décision (1)

   J'avais un autre projet de note mais après méditation, cogitation à tendance philosophique, imagination  conduisant à une décision elle même suivie d'une action, j'ai entrepris aujourd'hui de commencer à vous parler de la décision. Je n'ai pas l'intention de faire une action philosophique, ce serait prétentieux, simplement acte de réflexion.
   Je vois en lisant les blogs ou par les commentaires sur mes textes que vos actions, qui sont des prises de décision, changent, transmutent, le cours de votre vie. En effet, si on veut évoluer et que l'on est pas complètement aboulique, on ne peut le faire qu'à l'aide du processus décisionnel.  
   Le sujet n'est pas éloigné de l'alchimie. Alchimie du quotidien : je réagis, j'accepte, je refuse dans le cadre de la vie de tous les jours ; alchimie spirituelle : je décide de suivre un chemin en vue d'une transformation spirituelle, chemin le long duquel je devrai effectuer des choix.
A partir des blogs, Je reçois des échos de choix amoureux, de choix professionnels, des choix de lieux ou de modes de vie. Certains décident de fermer leur blog ou d'en ouvrir un nouveau ; d'autres de disparaître. Sur mon blog ou par mail on m'écrit qu'à la suite d'une lecture on a décidé d'avoir une autre vision de la vie (ça c'est agréable) où que je déçois et que l'on a décidé de ne plus me lire (moins agréable).
   Le sujet mérite donc réflexion puisque de la simple action instinctive (éviter un obstacle) à la décision la plus mûrie il constitue une trame de notre vie. Je ne sais dans quel ordre et à quelle fréquence cette réflexion sera menée car elle a été déclenchée ce matin même par un texte d'Arianil. Depuis il y a surchauffe de mes méninges. 
   Je n'ai pas trop envie de m'étendre (d'ailleurs comment pourrai-je avoir  pareille envie !) sur ce qu'on appelle la praxeologie, c'est à dire tout ce qui concerne les fondements scientifiques de la décision dite "calculée". Gestion, planifications, cybernétique, calculs de probabilités et autre gâteries qui sont censées aider à la prise de décision, avec tous les aléas que comportent ces disciplines qui n'arrivent pas à éviter complètement le coté imprévisible du facteur "humain". 
   Je suis beaucoup plus tentée par la question du déterminisme ( sommes nous libres ou pas de nos décisions ), par les étroites relations entre l'imagination et la décision, et surtout par ce qu'il en est de la décision créatrice en tant que manière nouvelle et personnelle d'agir. Mais cette dernière forme de décision c'est la cerise sur le gâteau. Je ne pourrai y venir qu'une fois le terrain déblayé par une analyse de la décision " ordinaire ", celle qui nous concerne tous et le plus souvent. 
   Je ne sais où aboutira cette réflexion, un peu "en vrac " pour le moment, sur la décision mais, quand je m'y livrerai, elle soulagera ceux qui étaient un peu lassés par Jung, le rêve ou l'alchimie. 
       Ariaga
 
  
 
 

20/09/2007

C.G.Jung et la mort du Héros

( Suite de C.G.Jung se laisse tomber dans l'inconscient )

   Les jours qui suivent le saut de Jung, incarnant son mythe du héros, dans les abysses de l'inconscient , les chose ne s'arrangent pas. Il a un revolver chargé dans sa table de nuit et, après avoir reçu un rêve saisissant qu'il n'arrive pas à interpréter, il entend une voix puissante qui lui dit  : " Si tu ne comprends pas le rêve tu dois te tirer une balle dans la tête ".  Pris de frayeur, il cherche de toutes ses forces le sens de ce rêve au cours duquel , en compagnie d'un adolescent à la peau foncée, il tue, au lever du soleil, Siegfried descendant à toute allure sur son char une route serpentant sur le flanc d'un montagne. Après ce meurtre, dont les traces avaient été effacées par une pluie abondante, il avait ressenti une intolérable culpabilité. 
   Sous la pression provoquée par la voix, il réfléchit encore et encore et soudain le sens du rêve se dévoile. Siegfried, le héros mythologique allemand, lui apparaît comme celui qui veut imposer héroïquement sa volonté. C'est cela que Jung pensait jusque là : le chemin est où il y a volonté, héroïsme. Ce rêve lui montre que l'attitude du héros Siegfried, avec laquelle il avait une secrète identité, n'est plus l'attitude juste correspondant à son moi profond. Après avoir tué Freud, le Père, il doit maintenant tuer son mythe personnel du héros car, écrit-il, "il est des valeurs plus hautes que la volonté du moi, auxquelles il faut apprendre à se soumettre ." 
   A la suite de ce rêve, la consternation et la peur éprouvées à la suite de sa première expérience sont dépassées car de nouvelles forces se libèrent en lui et l'aident à continuer ses expériences d'exploration fantasmatique de l'inconscient .
   Des années plus tard, Jung comparera ses voyages imaginaires à ceux d'Ulysse dans l'odyssée quand il descend au séjour des morts.  Il élabore une technique de transe qu'il appellera par la suite " imagination active " qui est une sorte de libre méditation dans le but de rentrer en contact conscient avec des phénomènes psychiques inconscients (je vous en parlerai plus longuement une autre fois). 
   Voici la description qu'il donne ( Ma vie, p. 210 ) de sa manière de procéder, en cette fin d'année 1913 : 
     "Pour appréhender les phantasmes, je partais souvent de la représentation d'une descente. Une certaine fois je dus même faire plusieurs tentatives pour pénétrer dans la profondeur. A la première, j'atteignis pour ainsi dire une profondeur de trois cents mètres. La fois suivante, il s'est agi d'une profondeur cosmique. Ce fut comme un voyage dans la lune ou comme une descente dans le vide. Tout d'abord apparut l'image d'un cratère et j'avais le sentiment d'être au pays des morts.  ...
   En ce lieu, Jung va faire de bien intéressantes rencontres , mais ce sera pour une autre fois.
( à suivre )
       Ariaga.
 
 
 
 

17/09/2007

C.G.Jung se laisse tomber dans l'inconscient.

  En cette fin d'année 1913, C. G. Jung, alors âgé de trente huit ans, est dans une situation où l'on peut se faire du souci au sujet de son équilibre mental. Ses détracteurs disent qu'il est devenu complètement fou. Lui même, obsédé par un flot incessant d'images et de phantasmes, craint d'être déchiré par les contenus de son inconscient. Seul le yoga l'aide à surmonter les crises de bouleversement émotionnel qu'il subit. 

   Les années précédentes, il a beaucoup étudié la mythologie et s'incarne plus ou moins dans le mythe du héros. Si on considère que ce mythe comprend trois phases : solitude , initiation, retour transformé, il se trouve dans la première phase et cette phase est pleine d'étranges comportements et de difficultés personnelles.

   Il vient de tuer le Père en rompant avec Freud et fait figure de pestiféré. Sa situation professionnelle s'en ressent. Les  " amis " ont fui. Ce qui n'arrange rien c'est que depuis quelques temps il se sent " polygame " et doit régler les conflits qu'engendre cette situation. Il joue tout seul, dans son jardin, à faire des jeux de construction avec des petits cailloux tout en se parlant à voix haute. Il fait des rêves, a des visions et des imaginations qu'il trouve semblables à ceux de ses malades et lui font craindre de succomber aux forces qui ont emporté Nietzsche, Hölderlin et bien d'autres. De plus cet homme, jusque là si fort physiquement et moralement, souffre d'une sorte d'aboulie qui le rend incapable de se décider sur ce qu'il doit entreprendre. Son " incertitude intérieure " est si grande qu'il se sent " flottant, comme totalement en suspens ".

   Un des sentiments les plus pénibles que ressens Jung est celui de l'impuissance devant les maux de ses malades . Il se reproche d'avoir une expérience personnelle de l'inconscient insuffisante pour les aider efficacement. Le danger qu'il se sent incapable de surmonter pour lui même, il va trouver la force de l'affronter pour autrui. Tel le chaman qui passe par de terrible épreuves mais doit accomplir son destin, il entreprend de se mettre dans une espèce d'état de transe, qu'il appellera ensuite " imagination active ", et décide de faire le grand saut. Le chaman monte, lui, il va descendre. Voici son récit extrait de Ma vie, p. 208.

   "Ce fut au temps de l'avant de l'année 1913 que je me décidai à entreprendre le pas décisif - le 12 décembre. J'étais assis à mon bureau, pesai encore une fois les craintes que j'éprouvais, puis me laissais tomber.

   Ce fut alors comme si, au sens propre, le sol cédait sous moi et comme si j'étais précipité dans une profondeur obscure. Je ne pus me défendre d'un sentiment de panique. Mais soudain, et sans que j'eusse atteint une trop grande profondeur, je me retrouvai - à mon grand soulagement - sur mes pieds, dans une masse molle, visqueuse. J'étais dans une obscurité presque totale. après quelque temps mes yeux s'habituèrent à l'obscurité, celle d'un sombre crépuscule. Devant moi était l'entrée d'une caverne obscure ; un nain s'y tenait debout. il me semblait être de cuir, comme s'il avait été momifié. Je dus me glisser tout contre lui pour passer par l'entrée étroite, et je pataugeai, une eau glacée jusqu'aux genoux, vers l'autre bout de la caverne. Là, sur une bande de rocher en saillie, un cristal rouge scintillait. Je me saisis de la pierre, la soulevai, et découvris que dessous, il y avait un espace vide. Je ne pus tout d'abord rien y discerner. Mais finalement, j'aperçus, dans les profondeurs, de l'eau qui coulait. Un cadavre passa, entraîné par le courant ; c'était un adolescent aux cheveux blonds, blessé à la tête. Il fut suivi d'un scarabée noir, et alors apparut, surgissant du fond des eaux, un soleil rouge naissant. Aveuglé par la lumière, je voulus replacer la pierre sur l'orifice. Mais à ce moment, un liquide fit pression pour passer à travers la brèche. C'était du sang ! Un jet épais jaillit sur moi et j'en ressentis une nausée. Le jet de sang dura, à ce qu'il me sembla, un temps d'une longueur intolérable. A la fin, il se tarit, ce qui mit un terme à cette vision."
   "Ces images me laissèrent consterné" écrit-il, il y avait de quoi...
                                  ( à suivre )
       Ariaga
 

 

 

13/09/2007

Du bon usage du blog d'Ariaga

   Les Korrigans ont fait un petit tour chez moi et se sont amusés à perturber ce pauvre Athanor-ordinateur. Mes textes dans l'"admin" se parsemaient de mots étrangers à ma volonté, mots qui leur donnaient une allure assez surréaliste et empêchaient la publication car ces coquins de mots refusaient de s'en aller. Ces "bugs" semblent maîtrisés depuis ce matin mais, avant d'en revenir à  C.G.Jung, j'ai envie de vous donner mon humeur du jour au sujet de ce blog.

   Certains, dans les commentaires ou par mail, me disent, et leur confiance est un moteur pour moi, qu'ils aimeraient avoir plus de connaissances sur Jung. Ils s'attendent donc par les textes que j'annonce à recevoir une espèce d'"initiation" à une oeuvre qu'is ne connaissent pas du tout ou mal. Alors je vous dis, chers amis, ce n'est pas du tout comme cela que mon blog fonctionne. 

     A la rubrique C.G.Jung et la psychologie des profondeurs j'ai écrit 43 notes sur les 231 notes écrites depuis pas tout à fait un an que j'ai commencé ce blog. Ce n'est pas toujours facile de consulter les archives et je vous mets un lien sur la liste de ces notes étant entendu qu'il faut les lire de préférence en partant des plus anciennes.  J'ai rédigé aussi pas mal de notes à la rubrique Alchimie au sujet de la relation entre Jung et la philosophie des anciens alchimistes et de l'importance de cette philosophie de la Nature dans son oeuvre.  

   Les concepts de Jung, son vocabulaire, sont parfois un peu difficiles. Comme pour tous les novateurs il a son monde à lui. Et puis comment comprendre Jung sans connaître Freud. C'est assez impressionnant. C'est pourquoi, pendant les premiers mois du blog, j'ai tenté de "vulgariser" (ce mot ne me fait pas peur), de simplifier, concentrer, sa pensée sur un certain nombre de thèmes essentiels à la compréhension de la " psychologie des profondeurs ". J'ai essayé d'utiliser plutôt mon coeur que mes connaissances, courant, sans peur, le risque de subir les foudres de jungiens purs et durs.  Je me suis arrêtée à la limite d'une étude sérieuse du processus d'individuation et du Soi car c'était spirituellement trop important pour y réfléchir dans l'ambiance des vacances. C'est pour prolonger un peu cette ambiance des "voyages dans la tête, que j'ai préparé cette petite suite, qui va bien finir par arriver, sur les plongées dans l'inconscient que Jung a effectuées, en une période très troublée de sa vie, grâce à l'"imagination active". Il ne s'agit d'ailleurs que d'une présentation de textes extraits de " Ma vie" que chacun d'entre vous peut lire sans difficulté en collection de poche. Certains l'ont déjà fait et je ne leur "apprendrai" rien.

  Ce blog n'est donc pas fait de notes isolées destinées à vous instruire sur un vaste sujet. Il s'agit, comme pour l'" opus " (travail) des alchimistes d'un patient travail de fourmi. Si certains se décident à reprendre les notes depuis le début, cela ne se fera pas en un jour. Mais dites vous que, moi aussi, ce n'est pas en un jour que j'ai étudié et réfléchi sur Jung ou l'alchimie spirituelle. Et j'ai tellement de plaisir à partager cela avec vous. Et aussi à prendre des photos, ou à écrire quelque chose qui ressemble plus moins à de la poésie. Grâce à vous je suis sortie de mon laboratoire-oratoire et je vous en remercie.

  Je vous embrasse tous amis connus et inconnus.

       Ariaga.     

 

06/09/2007

Le serpent qui se mord la queue

   L'ouroboros, un des plus fameux symboles hermétiques, prend l'apparence d'un serpent ou d'un dragon, parfois d'un poulpe. Il dévore sa queue et c'est probablement , selon C. G. JUNG, un des plus anciens symbole pictural de l'alchimie que l'on connaisse par des documents. Vous en trouverez des représentations sur les sites spécialisés d'alchimie et certainement chez Djaipi, une véritable mine iconographique. Le Codex Marcianus, qui date du X° ou XI° siècle, en comprend une illustration avec la légende " l'Un, le Tout ". Jung écrit à la page 377 de Psychologie et alchimie :
     "Les alchimistes répètent sans cesse que l'opus naît de l'Un et ramène à l'Un, que c'est en quelque sorte un cercle semblable à un dragon qui se mord la queue. C'est pourquoi l'opus était souvent appelé circulare (circulaire) ou rota ( roue)."
   Jung donne en note un texte extrait du Rosarium qui est très démonstratif de l'idée que se faisaient les alchimistes d'une totalité sous-jacente à la multiplicité du réel :
     " Concentre  donc ton attention dans l'oeuvre de la nature, sans prétendre t'occuper tantôt de ceci, tantôt de cela, car notre science n'est pas pour s'accomplir dans la multiplicité des choses. Quelle que soit en effet la diversité des vocables, il s'agit pourtant toujours d'une seule et unique réalité, et c'est de cette réalité toujours la même...
Il ajoute cette phrase de Morenius citant l'empereur Héraclès :
     "Notre art procède à l'origine d'une racine unique, qui dans la suite se développe en une pluralité de choses, et qui retourne de nouveau à l'unité ".
   L'ouroboros, en tant que forte allégorie de la double nature du Mercurius (mercure) alchimique unissant en lui tous les opposés, se rattache à cette totalité. La représentation alchimique du serpent-dragon-hermaphrodite qui se dévore se féconde et s'auto-ressuscite est à la fois une image des contraires et un symbole de leur union.
       Ariaga
 
 
  

07/07/2007

Et puis voici des fleurs...

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Et puis voici des fleurs pour tous les voyageurs

du vide lumineux, là au bout du chemin .

 

Il va falloir plonger.

 

Jung dont chacun sait qu'il avait des colères dignes de l'Odyssée et du bouillant Ulysse, m'a fait de grands reproches. Il se voyait déjà, contant aux belles dames réunies sur le banc, ses plongées abyssales aux pays intérieurs, ses rencontres étranges, ses dialogues avec l'Autre.
 

Je l'avais oublié.

 

Je lui ai répondu que j'aimais la nature l'herbe verte et les fleurs

et puis aussi la mer que je sentais monter pas très loin de mon banc.

Adouci il a dit : mais tout est la Nature...

 

       Ariaga
 

 

 

14/06/2007

Organisation et harmonie par le Soi

(suite et fin)
Aujourd'hui dernière note de cette petite "suite" pour terminer une première approche du Soi inspirée et "méditée" à partir de la pensée de C. G. Jung. Le Soi sera, bien sur, contemplé à la lumière d'autres éclairages, en particulier alchimiques et iconographiques mais un peu de repos et de réflexion seront nécessaires aux différentes étapes du voyage. 
 
   Le Soi junguien n'est pas seulement générateur de représentations de la totalité, comme on a pu le voir à la  lecture des deux citations de Jung, il est aussi, peut-être même surtout, une " forme surordonnée qui incarne la totalité humaine ", une unicité qui unit en elle tous les contraires. Cette totalité surordonnée est un ordre au dessus de l'ordre conscient. Un ordre naturel, différent de l'ordre du Moi, caractérisé par une unilatéralité qui est une tendance de l'individu à voir les choses sous un seul angle et à les ramener, chaque fois qu'il le peut, à un seul principe qu'il prend pour l'ordre universel. 
   La totalité surordonnée, comme l'appelle Jung, est nécessaire à l'intégration harmonieuse de ce qui apparait absurde au Moi.  Cette intégration harmonieuse s'effectue grâce au Soi organisateur  qui dirige un processus d'incessante transformation et adaptation.  Cette importante fonction du Soi comme lieu d'interaction et d'organisation, est clairement montrée par Jung qui parle de "l' énorme signification du Soi comme ordonnateur et organisateur de la personnalité " C'est aussi le Soi qui, en tant que principale dominante de l'inconscient collectif, oriente l'aspiration du conscient vers la totalité. Jung écrit (p. 53 du T.IV de la Correspondance) :
   " Je dirai ici que la résistance de l'âme cesse lorsque nous pouvons renoncer à être centrés sur le Moi, et que le Soi (conscience + inconscient) nous recueille dans sa plus vaste amplitude, où nous sommes alors " entiers " et du fait de notre relative totalité, proches de la Totalité véritable, c'est à dire de la divinité."
   La nature du Soi est d'être un lieu où l'opposition des contraires est suspendue et son but de proposer un programme permettant à chaque individu de s'adapter, dans la mesure du possible, aux circonstances. La visée du Soi est la Totalité et le processus qu'il va proposer, en particulier par l'intermédiaire des rêves sera l'individuation.
   Il est tout à fait essentiel que la relation entre le Soi et le moi reste harmonieuse. En effet, l'assimilation du Moi par le Soi, ou le fait que le Soi soit assimilé au Moi, conduisent tous deux à un état de déséquilibre et d'inflation. Quand le moi tend à se dissoudre dans l'océan de la totalité où réside le Soi, il perd tous ses repères dans l'espace et le temps, ce qui entraîne une " véritable catastrophe psychique ", aux dires de Jung. Le problème inverse survient quand l'importance accordée à la personnalité individuelle et au monde conscient prend de telles proportions que l'inflation du Moi ne peut être réduite que par une dose raisonnable d'ajouts de rêves, d'imaginations , bref, de contenus de l'inconscient. Dans tous le cas le remède que Jung préconise pour éviter les nombreux dangers d'assimilation (je dirais même de dévoration) est la modestie...
   L'expression symbolique du Soi est illimitée, mais on observe certaines fréquences. Il est souvent projeté sur des personnages qui ont de l'autorité et du prestige, ou sur des entités supra individuelles. Dans de nombreuses cultures et mythes, le représentant du Soi revêt l'aspect d'une divinité. Ce fait procure une explication plus valable que l'accusation faite à Jung de " mysticisme " (personnellement ce terme ne me dérange pas, mais cela déplaisait à Jung) au sujet de l'utilisation dans ses écrits de la même symbolique, qu'il fasse allusion au Soi ou à l'image de Dieu. Mais je pense que la relation entre le Soi, l'image de Dieu et la relation " personnelle " de Jung à la divinité restent à clarifier. 
       Ariaga
 

12/06/2007

C. G. Jung et l'activation de l'archétype

    Je commence aujourd'hui une sorte de "suites" sur le Soi. Comme je ne veux pas que des esprits malicieux (mais oui, il y en a) disent " cette pauvre Ariaga commence à radoter ", je ne vous raconterai pas à nouveau ce que j'ai dit antérieurement sur les complexes et la représentation archétypique. Je vous conseille donc de faire, par un simple clic,  un tour sur deux notes anciennes :
 
     Parler des archétypes est bien beau mais encore faut-il avoir une chance de les repérer, ou au moins d'avoir conscience de leur action sur notre vie. En effet, celui qui saura identifier les grands archétypes sera moins démuni et "agi" devant la puissance de ces archétypes, susceptibles d'intervenir jusqu'au niveau de l'inconscient personnel  et, comme je vous l'ai dit au sujet des complexes, capables de nous mettre dans un état de grande confusion quand il s'agit d'agir. CE n'est pas l'archétype, "pure nature" qui est responsable de cette confusion, l'archétype est une sorte de "cadre vide", c'est son activation. 
     L'activation de l'archétype survient lorsqu'un individu se rapproche d'une situation ou d'une personne qui est pour lui un RE, un rappel de cet archétype. Les complexes sont donc les plus visibles représentants des archétypes car ils interviennent dans la vie quotidienne. Et il ne faut jamais oublier que l'archétype "activé" ne fait pas partie d'un système mécanique. Il a une valeur affective, qui lui donne un sens par le truchement des émotions ressenties  par chacun.
Un archétype est considéré par Jung comme l'archétype des archétype, c'est le Soi, mais, si vous avez été voir les deux anciennes notes vous devez déja être saturés, alors à demain.
       Ariaga
 
  

 
 
 

25/05/2007

ARIANIL : Rêves et spiritualité

Pour la plupart des lecteurs qui fréquentent le Laboratoire du Rêve et de L'Alchimie Spirituelle il n'est pas nécessaire de présenter le blog " L'Atlantide " d'Arianil. C'est un blog d'une grande qualité intellectuelle et spirituelle. Je laisse aujourd'hui la place à Arianil pour vous proposer un texte sur un sujet qui m'est cher : les rêves et la spiritualité.

                                               Rêves et spiritualité

      Mes rêves ordinaires sont plus souvent gris que fortement colorés. Le manque de lumière exprime sans doute la faible conscience et la confusion d'esprit du rêveur. Ces rêves sont aussi plus mélangés d'inquiétude et de sentiments neutres que franchement positifs. Il me souvient pourtant qu'à l'époque où je notais mes rêves dès le réveil (un calepin et un crayon toujours à portée de main sur le chevet), la remémoration régulière suivie de l'interprétation "jungienne" après rédaction des aventures oniriques avait aiguisé cette conscience de rêve et favorisé des scènes plus claires et plus colorées.

      Je dois cependant avouer que cette "embellie" s'accompagnait de phénomènes non souhaités, à savoir des "sorties" du corps physique dans certaines phases de réveil, au petit matin. Cette "projection astrale/éthérique" (pour employer le langage théosophique) était incomplète et n'avait pas le charme des récits des voyageurs de l'astral, mais suscitait une peur profonde face aux vibrations qui ébranlaient dans ces instants le corps de la tête aux reins.

      Il m'est également arrivé de me réveiller après m'être battu contre une présence qui rôdait près du corps. La sensation d'une entité parasite n'avait rien à voir avec les monstres que l'on peut rencontrer dans un cauchemar classique, car la chose était perçue dans cet état de conscience intermédiaire, où l'on retrouve la lucidité de l'état de veille tout en étant encore "endormi". Un "Vade retro satanas" (qui me ferait rire hors contexte) fut mentalement prononcé pour accompagner la secousse d'énergie que je projetai afin de chasser l'entité. Autant dire qu'au réveil, je n'étais pas très rassuré.

     On comprendra donc que je sois réservé sur certaines méthodes "psy" qui peuvent ouvrir des portes que les thérapeutes occidentaux ne sont pas forcément à même de refermer, leur formation matérialiste agnostique les laissant démunis devant les dégâts de "l'au-delà". À ce sujet, la liste des suicidés parmi les patients et les disciples de Freud est assez conséquente pour justifier une certaine prudence à l'égard de pratiques dignes d'apprentis-sorciers. Freud écrivit à Jung : " Je suis frappé de ce qu'en fait nous consommons beaucoup de personnes. "

     L'interprétation des rêves est un art et non une science ; elle nécessite un état d'âme "purifié" pour distinguer les symboles spirituels venus du Surconscient des images protéiformes de l'inconscient classique que je nommerais volontiers le sous ou l'infra-conscient. Quoi qu'il en soit, les rêves nous fascinent par les énigmes qu'ils semblent nous poser, mais aussi par les plaisirs que certains peuvent nous procurer :
 
1) les rêves physiques : plaisir de voler, de courir, de sauter, de skier, de jouer au foot...
plaisir sexuel aussi. Une bonne manière pour un sportif de s'entraîner tout en dormant !
Ces rêves sont fragiles car ils peuvent virer de l'aisance à l'échec, comme ce rêve où la lévitation ne fonctionne plus quand justement un ennemi est en bas, juste au moment où l'on se dit "et si je ne pouvais plus léviter ?" Le rêveur prend plaisir à se faire peur, à tester l'hypothèse du pire, comme dans ces manèges forains ou l'on paye pour jouir de ses frayeurs, quand l'adrénaline devient une drogue.

2) rêves de gain : on trouve un trésor. Lié au plaisir des chercheurs d'or, des archéologues aventuriers (Indiana Jones !) qui tombent sur une relique, un tombeau. Tout ce qui touche à la découverte du trésor enfoui. Rêve aussi de trouver de l'argent et nécessité de le ramasser au plus vite avant de partir, en emporter le plus possible (imaginez les braqueurs vidant le coffre d'une banque). En rapport avec la nostalgie de l'énergie en abondance. Accéder à la richesse, c'est accéder à l'énergie de l'amour. Ésotériquement, c'est aussi la nostalgie de pouvoirs perdus.

3) rêves sentimentaux : le cœur vibre, amour platonique ou du moins tendre, pas sexuel mais sexué. La simple présence de l'autre est une réjouissance. Pour un homme, l'anima en filigrane.

4) rêves artistiques, grandes visions colorées, superbes paysages, mais aussi rêves musicaux : on entend clairement, comme éveillé, de la musique, un chant dans la tête ; quelque chose de beau, d'angélique, comme un chœur des Passions de J.S. Bach ou du Messie d'Haendel. Ne pas confondre pour autant ces rêves avec un songe spirituellement inspiré, il s'agit seulement d'une récréation dans l'astral supérieur.

5) rêves mystiques : évènements dont on perçoit pendant le rêve même la puissance symbolique : on sait que c'est extraordinaire. Sentiment bénéfique au réveil. Là encore, le rêve est plus ou moins pur, la conscience n'accède que pendant un court instant à une réalité radicalement autre, que la pensée habille de guenilles d'images plus conventionnelles. Ce sont ces images symboliques dont nous nous souvenons.

    Dans la vie "éveillée", nous connaissons des moments ordinaires, comme les rêves gris, puis des moments plus denses, dans la joie, l'extase ou la peur et la colère. Les rêves sont-ils une façon d'acquérir de manière virtuelle l'expérience émotionnelle que l'on n'a pas le temps ni l'occasion d'expérimenter en vrai ?

    Si le chercheur de vérité accroît la lucidité de la conscience sans la lumière de l'amour ou le bouclier de la foi, il risque la folie ou le désespoir suicidaire après de longues périodes d'angoisse. Il a perçu que le monde est dans l'illusion, il veut bien tenter de sortir de cette mascarade mais il se retrouve aux frontières du néant et de l'absurde. Sans la protection du Cœur céleste, le chevalier ne peut terrasser le dragon. Certaines peurs concrètes sont salutaires (instinct de survie) mais souvent, le plus souvent, c'est l'illusion qu'il faut traverser. Traverser sa peur comme un voile de brume que l'on déchire.
    En ce sens, le rêve est un terrain d'entraînement de la conscience livrée au seul corps émotionnel (le corps mental/rationnel est dissocié dans le rêve ordinaire).

    Ce que j'ai appris de mes cauchemars et de chaque épreuve vécue, c'est que face aux ténèbres, je dois me souvenir de ma lumière initiale. Intérêt de garder l'enfance en soi, comme un sanctuaire où brûle le foyer primordial, la Source. Sans oublier que la nuit est aussi une amie, que les ténèbres peuvent être fécondes et protectrices (archétype de la caverne, de la matrice). En conclusion, je citerais l'avertissement de René Guénon dans Le Règne de la Quatntité et les Signes des Temps :

« Nous avons eu ailleurs l'occasion de signaler le symbolisme initiatique d'une "navigation" s'accomplissant à travers l'Océan qui représente le domaine psychique, et qu'il s'agit de franchir, en évitant tous ses dangers, pour parvenir au but ; mais que dire de celui qui se jetterait en plein milieu de cet Océan et n'aurait d'autre aspiration que de s'y noyer ? C'est là très exactement, ce que signifie cette soi-disant "fusion" avec une "conscience cosmique" qui n'est en réalité rien d'autre que l'ensemble confus et indistinct de toutes les influences psychiques, lesquelles, quoi que certains puissent s'imaginer, n'ont certes absolument rien de commun avec les influences spirituelles [.../...]. Ceux qui commettent cette fatale méprise oublient ou ignorent tout simplement la distinction des "Eaux supérieures" et des "Eaux inférieures" ; au lieu de s'élever vers l'Océan d'en haut, ils s'enfoncent dans les abîmes de l'Océan d'en bas ; au lieu de concentrer toutes leurs puissances pour les diriger vers le monde informel, qui seul peut être dit "spirituel", ils les dispersent dans la diversité indéfiniment changeante et fuyante des formes de la manifestation subtile [.../...] sans se douter que ce qu'ils prennent pour une plénitude de "vie" n'est effectivement que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour."

  

                      Arianil

 

23/05/2007

Les blogs sont-ils des athanors ?

Sur mon précédent texte, ATHANOR, Jaipi à écrit dans son commentaire que nos blogs sont des "creusets troublants où se préparent les nourritures subtiles". Cela, je voulais l'écrire et puis j'ai retenu mes doigts sur le clavier. En effet, j'ai dit dans les débuts du laboratoire, pour répondre définitivement à des questions indiscrètes, "Ariaga est un mythe"et je trouve que, depuis quelques temps, je parle un peu trop de moi en tant que "personne". Le mythe est en train de se miter. Je vais m'acheter une muselière mais puisque djaipi a commencé...

Bien sur , en tous cas pour moi, nos blogs sont des athanors, surtout quand bouillonne la poésie et je crois que tout texte qui part du coeur est poésie. J'ai appelé, certains le savent déjà mon ordinateur Athanor. Il est bon de nommer les objets, Jung le faisait pour ceux qu'il fréquentait quotidiennement. La relation via athanor avec le blog est souvent brûlante et, dans mon cas, elle est devenue progressivement de plus en plus cuisante et exclusive. Tout devait être cuisiné maison. Textes, poésies, photos, quelques citations acceptées. C'est aussi pour cela que je n'utilisais pas d'iconographie, des illustrations alchimiques par exemple. Si je m'étais décidée, j'aurais du faire des "d'après", de ma main et je ne suis pas douée ; pas de musique, je ne compose pas. 

C'est pendant mon dernier "repos" méditatif que j'ai pris conscience (moments cruels) que moi, pourfendeuse des détestables jaloux, j'étais abominablement possessive avec ce malheureux blog auquel j'ai même envisagé de rendre sa liberté. Il souffre, son feu faiblit et va devenir cendres.  

En un sursaut de lucidité j'ai décidé de me soigner et de soigner avec moi ce pauvre Athanor qui va se transformer , si je ne fais pas attention, en un vulgaire fourneau de cuisine. Pour commencer, j'ai décidé, pendant quelque temps, de publier en fin de semaine, trois abominables jours ou IL n'est plus à MOI des notes (contributions) écrites par d'AUTRES. Si ce n'est pas de l'héroïsme ...

La prochaine médecine me sera administrée vendredi par Arianil qui a écrit un très beau texte sur le rêve et la spiritualité. Peut-être quand même demain une petite poésie-photo, je ne sais, l'envie est grande. 

       Je vous embrasse tous, amis connus et inconnus.

                 Ariaga.
 

 

18/05/2007

Pierre TRIGANO : Laisser advenir le Soi

Pierre TRIGANO et Agnès VINCENT auteurs de l'ouvrage Le Sel des Rêves, dont je vous ai déjà parlé sont les créateurs du concept de "psychologie symbolique". Ils ont fondé en 1999 à Montpellier l'Ecole du Rêve et des Profondeurs  (Dans mes liens à "Sites") et tentent une refondation spirituelle de la psychothérapie par une lecture nouvelle de C. G.JUNG. Pierre Trigano a bien voulu contribuer à ce blog par la note que j'ai le plaisir de vous communiquer.  

Laisser advenir le Soi
 Les problèmes vitaux les plus graves et les plus importants sont tous, au fond, insolubles. (…) Ils ne peuvent jamais être résolus, mais seulement dépassés. (…) En observant le processus d’évolution de ceux qui se dépassaient eux-mêmes en silence et comme inconsciemment, je vis que leur destin avait un trait commun : la nouveauté venait à eux de possibilités obscures, ils l’acceptaient et se dépassaient grâce à elle.
Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur ? Autant que j’aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou-wei) mais laissaient advenir : ainsi que le maître Lu Tsou l’indique dans notre texte, la lumière tourne suivant sa propre loi (…). Le « laisser advenir », l’action non agissante, l’abandon de Maïtre Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d’ouvrir les portes qui mènent à la voie : dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir
. »

      JUNG, « Commentaire sur le Mystère de la fleur d’or "Ed. Albin Michel.

Petite réflexion autour de ce texte, Jung comme souvent y paraît iconoclaste, puisqu’il semble affirmer qu’il n’y a pas de solution, pas de guérison possible des problèmes les plus vitaux, alors que beaucoup viennent précisément en thérapie pour trouver de telles solutions.
 Les crises psychologiques les plus graves naissent d'un surgissement antagonique de l'inconscient qui, sous la forme d'un symptôme douloureux, vient briser l'équilibre initial du moi conscient.
En osant affirmer qu’il n’y a pas de solution à ces crises, Jung veut en fait nous suggérer qu’il est vain de rechercher à maîtriser nos brisures, et de conquérir ou reconquérir un état de continuité de la puissance.
Certes, nombre de motivations d'entrer en thérapie, et, il faut bien le dire, nombre de propositions de techniques thérapeutiques, commencent pourtant par là et visent à rechercher une reconquête de la puissance du moi par l'atténuation ou le gommage du symptôme. Mais il arrive alors qu'on voit la brisure de la crise ressurgir dans la vie d'un individu sur un mode que le plus souvent on n’aura pas prévu consciemment, parfois sous une forme plus grave.
Pour Jung, la vraie délivrance psychique ne relève pas de la catégorie de la maîtrise, ni d’une technique dont le moi s’emparerait et qu’il appliquerait à partir de lui-même unilatéralement pour combattre et réduire sa brisure.
La délivrance n’est pas une conquête du moi mais un dépassement que celui-ci accepte de vivre sans pouvoir le contrôler. La nouveauté qui amène cette délivrance surgit de possibilités obscures, nous dit Jung, c’est à dire inconscientes que le moi ne connaît pas de lui-même.
Comme l’indique Lu Tsou, la lumière tourne suivant sa propre loi, qui n’est pas la loi du moi. Il s’agit pour le moi uniquement de la laisser advenir, c’est à dire de la laisser l’éclairer lui, de l’accueillir simplement dans son champ conscient, de laisser agir son influx sur lui : tout le contraire d’une attitude « Yang » du moi, mais plutôt une attitude féminine d’accueil, d’ouverture, à cette lumière inconnue de lui qui vient de l’intérieur même de la psyché.
C’est ce que veut nous suggérer Jung dans ce texte. Dans les profondeurs de l’inconscient, il n’y a pas que l’obscurité de l'adversité venant  mettre en crise le moi, il y a aussi au plus profond, au cœur de la psyché, une lumière libératrice, vivante, qui oriente d’elle-même le moi, tout à fait naturellement, s’il peut la laisser advenir, dans le sens du dépassement de la crise, c’est à dire du dépassement de la confrontation violente entre moi et inconscient. L'œuvre de ce dépassement consiste en ce que puisse surgir de la confrontation un moi renouvelé qui est sorti de son unilatéralité et a intégré dans son affirmation l'opposition de l'inconscient à un moment donné.
Cette lumière intérieure qui n’est pas le moi, et que le moi ne connaît pas au départ, Jung ne l’a pas postulée, mais on peut dire qu’il l’a rencontrée très expérimentalement dans la contemplation empirique systématique de l’activité symbolique de l’inconscient.  
Vous savez, peut-être, qu’il a forgé le concept de Soi pour cerner cette lumière.  Il est essentiel pour lui de faire comprendre que le Soi n’est pas le moi. Il n’est pas du même registre que lui : il n’est pas un "Yang "unilatéral, qui ne prétendrait qu’à la continuité. Du moi, réduit à lui-même, ainsi, aucun dépassement ne pourrait surgir, parce qu’il est plein de lui-même, comme nous l’avons vu, et en cela, il est, sur sa propre base condamné à la brisure, sanction du réel qui, lui, survient de l'inconscient.
Le Soi est pour Jung tout autre que le moi. C'est cette découverte scientifique du Soi qui est pour lui la découverte originale fondant sa psychologie, et non, comme on le croit, celle de l'inconscient collectif dont Freud avait déjà pressenti l'existence. Le Soi a sa propre loi (comme le dit Lu Tsou). Il est d’un tout autre registre : Jung l’a rencontré comme la lumière, la source de conscience qui, de l’intérieur même de l’inconscient, cherche un dépassement positif au conflit violent qui surgit dans la psyché entre le moi conscient et l'inconscient.  A l'instar du Tao des chinois qui est la réunion harmonieuse du Yang et du Yin, du masculin et du féminin, le Soi est approché par Jung comme le point de vue qui, de l'intérieur même de la psyché, cherche à fonder celle-ci en totalité réunissant de manière harmonieuse le conscient et l'inconscient, un peu comme au sein d'un processus de paix, deux belligérants sont amenés par une puissance qui les transcende, à se rencontrer sans cesse et à confronter leurs positions contraires pour mieux se connaître et finir ainsi par se tolérer et se transformer mutuellement.

 

20/04/2007

L'axe du monde dans le rêve d'enfant de C.G.JUNG

......Suite de la note précédente, elle même suite de la note précédente, c'est la fin !

   En dehors du thème de la  toute puissante Nature je vois dans ce rêve d'enfant la présence d'éléments structurels et symboliques qui accompagnèrent Jung tout au long de sa vie. Par exemple cette descente vers les profondeurs de la terre anticipant la future descente de Jung, ce moment où, dans un état que certains ont qualifié de névrotique, et après de longues hésitations, il se "laisse tomber"dans la profondeur obscure de l'inconscient. Je vous raconterai un jour ce qu'il y trouve et les rencontres qu'il y fait...On observe semblable hésitation chez l'enfant à entamer l'exploration, la même intense curiosité, et le même désir de savoir qui surmonte toutes les paniques. Le germe de la "psychologie des profondeurs" était enfoui dans le sol de ce rêve d'enfance. 

   Sur le plan de l'édification d'une structure, la quaternité terrestre, représentée par l'espace carré, "maçonné dans la terre", l'organisation autour d'un centre, où trône le royal phallus, sont une préfiguration des manifestations archétypiques que l'on rencontre dans les mandalas. Or, on sait que Jung à longtemps cherché "son" mandala à travers ses recherches sur le passage du ternaire au quaternaire et l'évolution du processus de centrage. Il en a dessiné pendant des années, dont certains fort beaux sur le plan artistique. Plus symboliquement, la forme carrée est aussi significative du fait que les préoccupations de Jung devaient se situer au niveau d'une totalité humaine vue comme une réalisation "ici et maintenant". Ceci se concrétisera après sa maladie de 1944, dont la conséquence sera "un oui inconditionnel à tout ce qui "est".

   Le trône royal en or de ce rêve initial est en relation directe avec celui sur lequel est assis Dieu pendant le second rêve d'enfance (rêve fort choquant pour les gens pieux que je vous raconterai bientôt), ce qui accrédite l'idée que c'est une divinité ichtyphallique qui réside sur ce trône. Il ne faut pas oublier que l'enfant, incapable de déterminer l'objet gigantesque qui atteignait presque le plafond, l'avait tout d'abord pris pour un grand tronc d'arbre. Or, l'arbre phallique est directement relié au symbole immémorial de l'"axis mundi" ou axe du monde. Dans l'antiquité, on trouve des représentations de l'axe de l'univers, comme arbre de vie phallique aux racines plongeant dans le monde souterrain et dont le feuillage montait jusqu'aux cieux. On trouve aussi ces représentations dans l'iconographie alchimique. Comme le montre Mircea Eliade dans son ouvrage, Le chamanisme, on observe, de même, cette notion d'axe du monde au centre de la vie du chamane. L'arbre est une communication entre le ciel et la terre, un lieu entre le monde d'en bas et le monde d'en haut. Le chamane escalade l'arbre en une ascension qui le mène, symboliquement, aussi haut dans les ciels successifs que le lui permet sa puissance. L'universalité avec laquelle on retrouve ce schéma à la fois archétypique et symbolique indique qu'il fait partie d'un patrimoine commun de l'humanité et le fait qu'il soit présent au coeur de ce rêve enfantin, montre bien le côté "fondateur" de ce songe. Jung, par ses écrits de la maturité, tentera, comme le chamane, de réunir le monde de la matière et de la psyché.

   Je pourrais encore relever, parmi les éléments de ce récit onirique, plusieurs symboles en relation avec le contexte des préoccupations futures de Jung. Des Junguiens fréquentent ce laboratoire et il faut bien que je les laisse travailler un peu. Et puis, je me suis surtout attachée à rechercher parmi les deux rêves d'enfance de Jung, les racines de sa pensée paradoxale vis-à-vis de la divinité. Vous verrez qu'elles se situent surtout au sein de la terrible vision de la cathédrale de Bâle telle qu'il la raconte dans Ma vie. Le feuilleton n'est pas terminé. A bientôt.

       Ariaga
 

18/04/2007

Rêve d'enfance de C. G. JUNG : la terreur devant l'énorme

.....suite de la note précédente.

Comme je l'ai dit, Jung lui même a interprété son rêve d'une manière détaillée dans Ma vie. Ce que j'ai envie de partager avec vous est l'observation de l'émergence, dès ce rêve, des symboles qui eurent une influence sur sa vie et sa pensée. Si, comme il l'écrivit, la vie est une "plante qui puise sa vitalité dans son rhizome", les racines sont profondes et les jeunes pousses vigoureuses. Les rêves précoces étant issus des "profondeurs de la personnalité", proposent, toujours selon Jung, une sorte de schéma du destin "psychique" de l'enfant.

    Les premières impressions que Jung a gardé de ce rêve ne sont pas restées au niveau des émotions enfantines. Ce niveau mériterait, d'ailleurs, une étude freudienne qui enrichirait certainement l'interprétation mais la réflexion de Jung se situe sur un autre plan et je laisse à des freudiens compétents la liberté de commentaires sur un rêve qui doit être pour eux un "rêve d'école". Les pensées sur ce rêve qui l'obsédait ont été, pense t-il , à l'origine d'une focalisation sur des thèmes essentiels à ses yeux. Les années suivantes, jusqu'à son entrée au collège, furent pour lui une sorte de "mise en terre" initiatique aux mystères de la terre. Dans cette obscurité, la lumière mit longtemps à percer mais des archétypes tels que l'étranger, le sexe, la mère terrible, furent activés.

Tout commence avec la rencontre de ce que Rudolf OTTO appelle le "le mystère qui fait frissonner la créature", le "numineux" ou encore l'"effroi mystique"ou enfin  l'"énorme ", ce dernier terme me semblant le mieux s'appliquer à ce que ressentit l'enfant Jung. Avec cette représentation phallique (dont il ignore consciemment qu'elle est phallique) l'enfant vient de rencontrer un dieu chtonien, souterrain, ancien, un dieu de la Nature, très éloigné des préoccupations métaphysiques affichées par son père et ses oncles pasteurs. Je crois que l'on peut trouver dans ce rêve une première explication, inconsciente, de l'ambigüité future de son attitude envers Dieu.

Dans le contexte culturel de l'enfant, sur le trône d'or du rêve, il y aurait du y avoir le "bon Dieu, ou le Seigneur Jésus Christ, sans cesse loué comme un Dieu d'amour et de bonté. A la suite de ce songe, chaque fois qu'il entendait ces laudatives paroles prononcées avec emphase il avait des doutes. D'abord, il avait déjà une tendance à associer le Seigneur Jésus à ceux que son père enterrait dans un trou noir et dont on disait que "le Seigneur les avait rappelé à eux". Et puis lui revenait à la mémoire l'Autre de son rêve, celui que sa mère avait appelé l'ogre, prêt à descendre  de son trône pour le dévorer. Ce dieu souterrain lui semblait être la contrepartie, l'opposé nécessaire, du Bon Seigneur Jésus. Le problème des multiples visages de Dieu, problème rattaché à la question de la totalité divine, ne sera abordée par Jung, après bien des réticences, que dans Réponse à Job, soixante dix ans plus tard. 

L'idée d'une présence étrangère au conscient, issue des mystérieuses profondeurs  de l'inconscient est, elle aussi, latente dans la question "Qui donc parlait en moi ? qui s'insinue très tôt dans les pensées de l'enfant. Qui pendant le rêve, empruntait la voix de sa mère absente ? D'où venait cette impression de dédoublement, de dialogue intérieur avec une autre personne ? 

Avec les éléments que donne Jung dans ses écrits sur sa relation privilégiée avec la Nature, je crois pouvoir dire sans hésitation qu'il avait, tout enfant, entendu la Grande voix de la Mère de la Nature, celle là même que suivaient et respectaient les alchimistes. La voix lui parle de la terrible lutte entre les pôles opposés masculin et féminin, lutte dont le formidable déploiement énergétique est à la racine de la vie au moment ou se produit la "coopération amoureuse". (à suivre).